A Turtle in a Kitchen

a déménagé

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Désolée pour le dérangement...

A Turtle in a Kitchen: juin 2007

juin 30, 2007

Fêter ses 28 ans, et se rappeler que bien manger, bien entouré, c'est le début du bonheur

Un immense rayon de soleil baigne mon appartement ce matin. Je ne suis toujours pas habillée alors qu'il est bientôt l'heure de déjeuner... Doux instants de répis après dix jours de tempête. Une tempête dans un verre d'eau, me direz-vous? Peut-être finalement.
Petits sablés au Morbier et au poivre séchuan
Pour commencer, j'aimerais préciser deux-trois choses à ma grande copine la vie qui n'a pas hésité à me rajouter deux trois blagounettes dont elle a le secret au cours de ces dix derniers jours. Passe encore :
  • que la pluie se soit arrangée pour tomber toute la semaine à l'instant précis où je décidai de mettre un pied dehors en t-shirt et sans parapluie (une tête de chien mouillé, la Turtle, toute la semaine dernière)
  • que le rétro de la Turtle's Car ait été brisé (le gauche, évidemment, c'est plus marrant pour conduire d'utiliser un miroir aux mille facettes de guingois), sans que le coquin responsable de ce forfait ne me laissa d'excuses et/ou son nom (et oui, Turtle's Mum, ça n'existe que dans les films ce genre de choses)
  • que ma balance-tout-à-fait-indispensable-pour-cuisiner m'ait échappé des mains pour s'étaler sur le sol et de vexation s'obstine depuis à ne marquer que des 88888,
  • que la pile de mon réveil s'arrête dans la nuit de jeudi à vendredi pour me permettre une grasse matinée à l'improviste et pas du tout appropriée (mais bien douce, je dois l'avouer)
  • que ce matin là, le paquet de café m'ait échappé des mains, dans la foulée, pour s'étaler lamentablement un mètre plus bas et me reconstituer une petite plage mazoutée tout autour de mes petits petons blancs, tout surpris (évidemment, le matin suivant le grand ménage hebdomadaire)
  • que la moitié de mes meilleur(e)s ami(e)s n'aient pu, finalement, participer à ma petite fête d'anniversaire (tous pour de bonnes raisons mais quand même!) ,
  • et même que mon risotto d'anniversaire n'ait pas été assez cuit (alors qu'il aurait dû l'être, bon sang de bois!)

Mais alors qu'en écrivant mon dernier billet, j'ai pu paraître triste et, pire, rendre soucieux ou mélancoliques les gens qui me lisent, que certains aient pensé que j'étais désespérée, alors là, ça suffit les blagues!

Non, sans rire, je vais vous confier un secret (il ne faut pas le dire trop fort, on ne sait jamais... parce que j'aime aussi beaucoup, beaucoup quand la vie est douce et agréable, hein!) Je suis une petite Turtle combative et je n'ai jamais plus d'énergie que lorsque les petites peccadilles se multiplient. Face à un obstacle, je prends deux secondes pour reprendre mon souffle et en avant, je pousse de toutes mes forces, comme lorsque petite j'appuyais contre la paroi de la piscine, dépliant mes jambes de grenouille le plus fort possible, de façon à nager une, puis deux longueurs sans respirer, sous l'oeil de Grand Yo et Ma P'tite Caille, mes compétiteurs. Quelle sensation quand je m'apercevais que j'avais presque fait deux longueurs et demi, à force d'acharnement et de ténacité, et que je les regardais, hilare, la tête tournant légèrement d'être tout à coup oxygénée et le regard ayant du mal à retrouver un point d'appui fixe : Fière, j'étais! Et fière je suis, aujourd'hui !

Après 10 jours de bataille menée pied à pied avec l'avenir, j'ai presque vaincu le Minotaure. Presque, oui. Je ne reviens pas sur ce que je disais la semaine dernière : l'année prochaine va être très dense, mais j'ai évité le pire. J'ai réussi à répartir l'essentiel de la surcharge de travail qui m'a été imposée à la rentrée et j'espère garder par la suite un rythme un peu supérieur à celui de cette année, mais a priori gérable et ce, d'autant plus que je me sens prête aujourd'hui à affronter des Everests.

Fruits secs au romarin
En outre, une fois de plus, je constate qu'à chaque évènement négatif, ses très bonnes surprises. Ce matin je me dis que peut-être même que sans cette mauvaise nouvelle d'il y a dix jours, je n'aurais pas réalisé à quel point je tenais à mon projet professionnel, à quel point il m'est essentiel de le mener à bien et combien je suis déterminée à me lancer dans cette dernière manche. Paralysée à l'idée de ne pas y arriver pendant 30 secondes, j'ai eu, dès la fin de la première minute, la certitude que j'allais terminer cette thèse, dans un an et demi au plus, et quel que soit le rythme de l'an prochain, parce que c'est essentiel pour moi. Et j'ai retrouvé en l'espace de quelques jours, un socle fort sur lequel prendre appui : l'intime conviction que rien n'est impossible pour qui sait véritablement ce qu'il souhaite au plus profond de lui.
J'entendais l'autre jour un philosophe, à l'Université (avouez que j'ai de chouettes fréquentations) dire que la peur ce n'est jamais que l'appréhension ressentie par celui qui n'est pas sûr d'avoir les capacités de faire face à un évènement. En somme, la peur n'est pas dans l'évènement, quel qu'il soit et si dangereuses que soient ses conséquences. La peur est intrinsèquement liée à l'individu qui la ressent, se nichant au coeur des doutes qu'il nourrit à l'égard de ses propres capacités.
Et bien, à l'heure qu'il est, je n'ai plus peur car j'ai décidé de me faire confiance.

Salade de courgettes croquantes, Raisins et amandes

Bon, bien sûr, ça suppose une chose importante. Exit les moments Loose. Ces moments où je tergiverse (et je suis passée maître en la matière), où je me pose des questions existentielles du style :

  1. je travaille ou je vais me balader quelques heures au soleil?
  2. je travaille ou je regarde juste une ou deux (ou 3 ou 10) recettes sur mes blogs-fétiches ?
  3. je travaille ou je m'imagine en train d'arpenter les plages de ma Bretagne, à l'heure où ne restent plus que quelques chiens fous balayant la plage à toute allure de leur course , en quête d'une mouette ou d'un crabe, pendant que les heureux vacanciers sont partis sous la douche dessalante ou commencent à boire l'apéro sur leur terrasse ?
  4. Je travaille ou je ... Je travaille! ;-) C'est simple finalement!

Donc, plan A: que de l'efficacité (je me marre rien qu'en l'écrivant); de petits instants de détente totale et voilà, le tour sera joué! Pour le plan B, bon... ben j'en ai pas, on va dire que je l'envisagerai, si nécessaire ;-)


Petites terrines de carottes et Persil


Alors, le week end dernier, appliquant ces principes, après une semaine sur les chapeaux de roue, j'ai maintenu une petite fête prévue de longue date, pour fêter mon anniversaire avec quelques amis de qualité, évidemment.
Initialement, je devais être aidée pour cuisiner par plusieurs petites mains. Et puis dans la famille "Rien ne se passe tout à fait comme il le faut, je demande l'anniversaire de la Turtle", j'ai passé mon temps à courir après les gens... passant des coups de fil désespérés "mais t'es où? tu fais quoi? mais pourquoi t'es pas encore là?" pour finalement abandonner le téléphone et ses répondeurs et gérer les choses moi-même, parce qu'au moins, je savais où j'étais!
C'est ainsi que de fil en aiguille, entre le vendredi soir 21h et le samedi 20h, j'ai passé une bonne dizaine d'heures à cuisiner pour accueillir une vingtaine de personnes autour du fameux BBQ d'anniversaire annuel, casé quand même 2 heures chez le coiffeur (parce que cuisinière, mais coquette, ça va de soi, on ne perd jamais de vue l'essentiel) et même trente bonnes minutes, posée dans un grand bain mousseux, juste avant que les amis ne débarquent, pour me redonner un peu la frite pour la soirée.
Comme d'habitude, j'avais prévu des tas de choses à picorer car c'est définitivement ce dont je raffole le plus. Voici la liste des choses préparées (même si dans la précipitation, je n'ai pas pu tout photographier):
  • Fruits secs au romarin, piqués chez Vanessa Cuisine
  • Sablés au Morbier et au poivre Séchuan, inspirés d'une recette de Scally
  • Légumes crus et leur sauce au yaourt et aneth et muscade
  • Raïta de concombre, inspirés d'une recette faite avec Marion en Bretagne
  • Salade de courgettes croquante et épicée, recette de B comme Bon
  • Terrine de Carottes et persil, piquée chez Miamourdises, servie avec une sauce aux agrumes de mon invention
  • Risotto de tomates séchées et Mozzarelle
  • Melons au cantal de B Comme Bon
  • Poulet qui tue, toujours de Véro parce que non, vraiment, il tue trop
  • Travers de porc caramélisés, inspirés d'une recette de Pause Cuisine
  • Gâteau Fabuleux à la mousse au chocolat, piqué chez Clem
  • Tarte Chiboust au citron meringuée, piquée chez Kashyle
  • Crème Anglaise à mourir, toujours sur les conseils éclairés de Kashyle
  • Le clafoutis tiède de P. Hermé, très étonnant, déjà fait par Guillemette
  • Un punch dont j'ai le secret et que je ressors systématiquement

Raïta de concombres


J'espère bien vous décrire chacune de ces recettes, tellement elles étaient parfaitement adaptées à ce moment bien agréable, faisant oublier à elles seules (si, si, je vous assure et rien à voir avec le vin et le punch servis... ) les à peine 10 degrés régnant le 23 juin 2007 dans la région lyonnaise qui donnait à cette soirée les faux-airs d'un prélude à l'automne, avec un tas de jeunes filles -mi frigorifiées-mi pompettes collées au BBQ (à moins que ce ne soit le charme de Grand Yo qui ait opéré) transformé, après les grillades, en feu géant improvisé !

Clafoutis de P. Hermé

Gâteau au chocolat Royal de ClemTarte Chiboust au citron

Crème anglaise à tomber

Pour aujourd'hui, je vous renvoie avec toujours autant d'enthousiasme au Poulet qui tue de Véro (Vous retrouverez la recette ici), que je n'ai toujours pas pu photographier, pour cause de cuisson-en-plein-milieu-de-la-soirée-qui-fait-que-j'oublie-systématiquement-de-l'immortaliser

Et j'ajoute la recette des Travers de porc caramélisés qui ont aussi beaucoup plu. J'avais trouvé de l'échine et j'ai laissé la viande mariner 24 heures dans une marinade faite de sauce soja, de miel, et romarin et d'huile, dans des proportions qui sont à adapter en fonction de la quantité de viande. Le tout étant que la marinade recouvre complètement la viande.

Ingrédients:

  • 2 kg d'échine de porc
  • 6 à 8 CàS de sauce soja
  • 3 CS de miel
  • 2 à 3 CS d'huile d'olive
  • Gingembre (selon les goûts, j'en ai mis pas mal)
  • ail (pas mis, car je ne le supporte pas)
  • Graines de sesame (pas mis, car un allergique dans les convives)
  • Romarin (facultatif, mais j'adore l'association avec le miel...)

Marche à suivre:

  • Mettre à mariner la veille la viande avec tous les ingrédients 6 heures au moins à l'avance et penser à régulièrement arroser la viande de façon à ce qu'elle s'imprègne de la marinade
  • Faire un beau BBQ, rempli de braises charnues (ça c'est le moment de Grand Yo, passé maître en la matière), et faire cuire la viande une vingtaine de minutes en arrosant régulièrement de sauce
  • Dévorer tout de suite

Bilan des courses:

Cette manière de faire mariner le poulet et (maintenant) le porc a révolutionné la tournure de mes BBQ. Chaque fois, la révélation est la même : c'est tout simplement exquis.

La viande se pare d'une légère croûte caramélisée, un soupçon croustillante, à peine sucrée salée, mais adoptée même par les farouches opposants de ce type de mélanges...

La seule difficulté tient au fait de penser à préparer la marinade suffisamment en amont et d'avoir des braises qui ne flambent plus, sans quoi c'est la viande qui prend feu, à cause de l'huile présente dans la marinade.

A tester pour tous ceux qui n'ont pas la chance de connaître et à refaire pour les autres, impérativement!

Je termine en vous remerciant pour vos mails, vos commentaires et votre immense gentillesse. ça m'a fait un bien fou de me sentir autant entourée et surtout de savoir que, même si je me fais plus rare, vous restez là, pas loin...

Conté par Alhya at 6/30/2007 03:15:00 PM | 74 comments

juin 19, 2007

La tuerie de Mamina parce que la Turtle a un grand, grand besoin de douceur

Hier, j'ai dû faire face à une l'annonce d'une nouvelle relative à mes conditions de travail que j'avais redouté de longs mois l'an dernier. A l'époque, j'avais passé des semaines à me tordre le ventre, envisageant le pire, pour finalement apprendre que j'y échappais. Toute soulagée, je m'étais promis alors de ne plus jamais me remettre dans un tel état, de ne plus jamais anticiper une mauvaise nouvelle, de ne plus jamais revivre de telles semaines de stress.

Cette année, l'ombre planait à nouveau, mais fidèle à ma petite philosophie à deux francs six sous que j'aime tant,

"le pire n'est jamais sûr",

j'ai refusé d'y penser, furieusement décidée à profiter de quantité de moments heureux, sans les gâcher. J'ai donc avancé, comme si de rien n'était.

La vie est toujours pleine de surprises et j'ai pu le constater encore hier, car cette fois, ça y est. Il n'y a pas eu d'alternative et ce que j'espérais ne pas avoir à affronter est arrivé. Je ne vois pas l'intérêt de développer davantage ce soir les détails de ce qui m'attend, et n'ai surtout absolument aucune envie de m'apitoyer sur mon sort. C'est même tout le contraire!

Si j'ai décidé de vous en parler ce soir, c'est que je souhaite vous dire à tous qui me lisaient, qui laissaient parfois ou toujours des commentaires, que sans tout ça, je n'aurais probablement pas le courage aujourd'hui de me lancer dans la bataille qui m'attend. Je vous suis infiniment reconnaissante pour tout ça et finalement, la seule chose qui se soir me rend un peu triste, c'est de savoir que je vais devoir encore réduire ma présence sur ce blog. Pour tout vous dire, j'ai hésité à vous annoncer que je le fermais, mais cela aurait été encore une fois prévoir le pire qui, rappelons-le une fois encore, n'est jamais sûr! Alors, dans l'espoir de pouvoir une fois de temps en temps y écrire un billet, je le laisse ouvert, le temps au moins de m'organiser et de voir si véritablement, je ne peux plus du tout m'y consacrer.

Pour célébrer avec vous toutes les choses positives, l'immense quantité d'affection reçue et les magnifiques et généreuses relations d'amitié que j'ai pu tisser grâce à ce blog, et surtout faire le voeu que tout ceci puisse se poursuivre, malgré ce grain de sable de la vie, je vous propose une recette absolument délicieuse, que ma fidèle amie Mamina avait présenté il y a quelques semaines, et que j'ai eu le grand plaisir de réaliser à mon tour ce week end.

Cuisiné pour ma famille et de valeureux et jeunes hommes, ayant passé la journée à se dépenser sur un terrain de foot, lors d'un tournoi au sommet, ce gâteau fabuleux a fait l'unanimité.

Je n'ai pas le temps ce soir de vous décrire dans le détail le bonheur intense ressenti en goûtant ce merveilleux gâteau, à la texture proche d'un brownie, suintant de beurre, alliant le goût savoureux des abricots secs moelleux, de la fève tonka, mais tout a déjà été dit par ma très chère Mamina qui l'a décrit comme une Tuerie, nom que je valide sans une once de réserve.

Enfin... pour ne pas manquer d'objectivité et faire, comme à mon habitude, l'exacte description de ce que je vous présente, avec cette parfaite honnêteté qui me caractérise, je dois avouer que si vous êtes de celles qui espèrent miraculeusement rentrer dans un maillot taille 36 d'ici cet été, alors qu'il vous faudrait pour cela perdre la moitié de votre silhouette, je vous le dis tout net : FUYEZ ! Cette recette est définitivement proscrite! Stricteuuuuuuly forbiden, circulez, y'a rien à voir!

En revanche, si comme moi, vous devez affronter un moment délicat, que vous vous situez à un de ces croisements de vie qui font furieusement douter et qui, dans le même moment, vous fouettent les sangs et vous font dire que bon sang, on va y arriver, que l'on s'est déjà trop battu pour abandonner et que définitivement le jeu en vaut la chandelle, que vous êtes à cet instant précis où vous savez que vous allez tout devoir donner, et peut-être plus encore, alors, sans plus hésiter, FONCEZ!

Une fois que vous aurez dévoré à vous en lécher les doigts, en regrettant déjà que ce moment n'ait pas duré beaucoup, beaucoup plus longtemps, et en lorgnant d'un oeil gourmand le dernier morceau trônant encore dans l'assiette, ce gourmandissime gâteau, vous verrez, la vie vous semblera définitivement douce, belle et bourrée d'espoir !

Allez, sans plus vous faire attendre, je vous livre à mon tour la recette ultra simple de cette petite merveille, le Fabuleux Gâteau Moelleux au Chocolat blanc, fève tonka et abricots.

J'ai suivi à la lettre la recette de Mamina, que vous pouvez retrouver ici, si ce n'est que j'ai d'entrée de jeu doublé les doses que je vous livre ici et les 14 goûteurs n'en ont pas laissé la moindre miette. Et oui, petite joueuse, j'aurais sûrement dû tripler... ;-)

Ingrédients (pour 6 petits gourmands)

  • 150 g de beurre fondu refroidi (demi sel pour moi)
  • 60 g de sucre en poudre
  • 200 g de chocolat blanc râpé ou en pistoles
  • 3 œufs moyens
  • 50 g de farine
  • 1 fève tonka
  • Une quinzaine d'abricots secs moelleux coupés en morceaux de la taille d'une noisette (Mamina instistait sur le choix des abricots secs ET moelleux: il y en a deux sortes, prenaient bien les moelleux!!)

Marche à suivre:

  • Préchauffer le four à 170°.
  • Mélanger le sucre et les œufs pendant 2 ou 3 minutes.
  • Ajouter le beurre et le chocolat blanc fondu au bain- marie (ou au micro-ondes, en donnant de petites impulsions successives pour qu'il fonde de façon homogène).
  • Mélanger et incorporer la farine en remuant jusqu'à ce que le mélange soit bien lisse.
  • Râper finement une fève tonka au dessus de l'appareil et incorporer les morceaux d'abricots, bien mélanger, mettre dans les moules (moules individuels et un moule à manquer en ce qui me concerne)
  • Cuire environ 25 à 30 mn pour le gros gâteau et 10 à 12 minutes pour les petits (pour ma part, j'ai dû le cuire plus longtemps, dans le nouveau four de mes parents, au bout de ce laps de temps, les gâteaux n'étaient pas encore cuits. J'ai dû cuire une vingtaine de minutes les versions individuelles et une quarantaine de minutes celui du moule à manquer).

Bilan des courses:

Imaginez la scène. Au beau milieu de l'après midi, la Turtle débarque, armée de ses gâteaux, sur le lieu de la rencontre, dans un cadre magnifique, paumé dans la verdure, alors que les courageux membres de l'équipe de ma P'tite Caille enchaînent depuis le milieu de la matinée, sous un franc soleil, les matchs de 15 minutes . Entre deux rounds, les 9 membres de l'équipe dévorent les versions individuelles, sous l'oeil envieux des autres équipes, et repartent affronter l'adversaire, regonflés d'énergie. Pôpa et moi sommes installés pour les observer, tout en bronzant sous de doux rayons de soleil. A un instant, je m'éloigne pour photographier les exploits des valeureux joueurs, laissant Pôpa avec la version du gâteau faite dans le moule à manquer, en lui proposant de le tester à son tour. A mon retour, il m'annonce qu'il en a pris "une lichette". Moi "ah chouette, tu l'as aimé?" Lui, modestement, "oh oui, je l'ai goûté"(il ne répond pas à ma question.. je n'insiste pas). Quelques longs instants plus tard, il précise "Oui. Il ne faut pas commencer, avec celui là, c'est un coup à ne plus s'arrêter". Moi, observant toujours le match, sans me retourner "ah ben je suis contente".

Au moment de partir, zieutant le gâteau, avant de l'emporter, j'ai constaté que la lichette de Pôpa avait manifestement été appréciée..... il manquait un quart du gâteau ...

Trouvant que cette journée placée sous le signe du sport (pour les hommes) du soleil (pour moi) et du plaisir (pour tous), ne pouvait se terminer ainsi, j'ai proposé à toute l'équipe un BBQ improvisé chez mes parents à la fin duquel j'ai servi ce qui avait échappé aux assauts gourmands de mon père, avec un carpaccio de melon.

Pôpa a alors lancé à Turtle's mum : goûte moi cette merveille. Après quelques instants : ça a le goût du kouign amann, tu ne trouves pas?

Turtle's Mum : ah non, rien à voir, c'est bien meilleur

Pôpa : Mais si, tu es de mauvaise foi, là, goûte moi ce bon goût de beurre...

Turtle's Mum : c'est délicieux, mais ça n'a RIEN à voir avec un kouign amann

Laissons à leur passionnant débat mes parents et éloignons-nous un peu pour que je vous précise que j'essaierai quand même avec un peu moins de beurre à l'avenir, j'ai trouvé (mais je suis la seule sur 14!) qu'il y en avait quand même un peu trop. " T'es bien une fillasse" m'ont assené mes frères quand j'ai osé prononcer cette très légère critique.

Ce qu'il y a de sûr, c'est que tel quel, ça fond dans la bouche, ça a le goût si subtile et particulier de la fève tonka (proche de l'amande pour ceux qui ne connaissent pas) , l'association de cette dernière avec les abricots séchés moelleux à la saveur légèrement vanillée tombe sous le sens...

Je dois aussi préciser que personne n'avait identifié qu'il y avait du chocolat blanc, après l'avoir goûté, ce qui fait que même ceux qui n'appréciaient pas la saveur de ce chocolat l'ont adoré. Le chocolat joue ici pour l'essentiel dans la texture, laquelle est absolument irrésistible, tout l'inverse d'un gâteau aérien, sans être du tout étouffe chrétien, puisqu'il n'y a presque pas de farine. J'ai beau me creuser la cervelle, je ne trouve aucun qualificatif pour vous le décrire.

Une seule solution s'offre donc à vous, tester de toute urgence, pour découvrir à votre tour !

Je dédicace ce billet à un petit Poulet, avec lequel la Turtle se serre les coudes depuis quatre longues années : et comme on a dit, hein, on va y arriver!

Conté par Alhya at 6/19/2007 11:34:00 PM | 100 comments

juin 13, 2007

Un peu de tout, de rien, et quelques petites choses en plus

Là, vous ne me voyez pas, mais vous loupez quelque chose.
Il est 9 heures et je n'ai pas entendu mon réveil tapageur.
Il est 9 heures et j'ai encore la marque du drap sur la joue, malgré la douche glacée (oui, oui, Tiger, sans une once d'eau chaude, je n'ai même pas touché le bouton rouge), le grand café bien noir et un bon bol de muesli. Il est 9 heures et je n'ai qu'une envie : vous parler quelques instants de ces paysages que j'ai à nouveau parcouru en rêves, au cours de cette première nuit, depuis des semaines, où j'ai vraiment bien dormi ... ceux d'une certaine colline... perdue dans le Lubéron...


Pour comprendre combien cette grasse matinée impromptue était courue d'avance, il faut revenir quelques instants sur le rythme fou de ces dernières semaines (si encore quelqu'un dit ne pas avoir compris que cette fin d'année, c'est plus une Turtle qui court mais une Turtle qui sprint en permanence, je le renvoie aux dix derniers messages où je fais part de mon désarroi certain à ne plus avoir même le temps de blogger et je le dis tout net: c'est pas une vie, ah non, c'est vraiment pas une vie!) et imaginer qu'au plein milieu de cette période de tension, est apparue une proposition tout à fait malhonnête pour une Turtle de labeur, et, de ce fait, particulièrement attrayante, lancée par une Dame Ovni sur la blogosphère, via un commentaire. La douce et piquante Garance avait laissé en ce haut lieu de la Culinosphère bloggienne qu'est mon blog, une invitation à participer à une rencontre entre fous du net et de la cuisine, les 9 et 10 juin. Bon alors, évidemment, moi, je me suis d'abord interdit de rêver à cette possibilité dans un mois de juin où j'avais volontairement renoncé à tout un tas d'évènements auxquels j'avais pourtant rêvé de participer(dont l'anniversaire de mariage de Valérie et Raymond...), et ce, d'autant plus que ce week end tombait juste après mon anniversaire et celui de Pôpa et qu'il est de tradition familiale de fêter comme il se doit ces deux grands anniversaires gémellaires en famille.

Mais voilà, quand Kaa, le serpent du Livre de la Jungle, vient vous susurrer tous les soirs au creu de l'oreille, juste avant de dormir, des mots doux tels que "Lubéron, Garance, Lilo, Hélène de Cannes, Marielle, Tiuscha, Patrick cdm, deux jours, gîtes, pralines et gratons" ... ça finit par faire son chemin, même dans le cerveau d'une Turtle qui tente l'option oeillères-qui-ne-visent-que-le-travail.

Pour me motiver, je m'étais dit que si je réussissais mon intervention au colloque qui se profilait début juin (c'est celui-ci qui m'a tant éloignée de vous et fait si peu dormir ces dernières semaines) je m'octroierai ce petit plaisir... Et le colloque fût une réussite (et un gros gros soulagement), et il ne me restait plus qu'à corriger quelques 120 copies (à vingt minutes de correction la copie...) avant de m'envoler enfin chez Garance. Et je me suis envolée...




Alors évidemment, vous avez déjà vu les divers reportages des bloggeuses conviées à participer à ces deux jours magiques chez la douce Garance. Moi, en Turtle tête en l'air et totalement absorbée dans l'instant, je n'ai pas pensé à photographier le contexte de cette fabuleuse rencontre et j'ai seulement pris quelques éclats de rire et autres tatouages que je ne peux vous montrer ici. Heureusement Kashyle m'a gentiment proposé d'utiliser ses photos, je ne résiste pas à ce plaisir...

Cette histoire commence pour moi le samedi matin.

Turtle malade, évidemment, après ces semaines sans sommeil et une vague de froid soudaine à Lyon (va m'entendre ma Grande copine la Vie de jouer des coups comme ça, le jour de mon anniv'), en voiture pour le Lubéron...


Là, j'ai commencé par enclencher le mode week end. M'installer confortablement dans la voiture tout confort prêtée par Pôpa pour l'occasion, me laisser conduire, tête posée contre la vitre, l'oeil dans les paysages qui défilent, sourire. Après quelques heures de route et quelques détours astucieux générés par Tom-Tom (vous savez le fameux GPS que rien que pour le régler tu dois avoir bac + 12 et qu'évidemment, tu as réglé malgré toi sur la version sans péage. Je recommande. ça vous concocte quelques rallongis dans les p'tits villages fort agréables), arriver enfin en haut de la Colline...

Là, des pins, du soleil, des gens colorés, tous hilares à moins que ce ne soit moi qui le soit déjà.

En ouvrant la portière, une vague d'odeurs. A n'en pas douter, ça sent le sud.. (le temps dure longtemps... et la vie... bon, allez, j'arrête, n'empêche qu'il n'a rien inventé hein, il est seulement passé chez Garance... j'en suis sûre. Oui, il y avait même le linge qui séchait, je vous le dis, Garance, c'est la reine du détail...)




Alors, après, difficile de vous expliquer ce qu'on ressent quand on est accueilli dans un tel cadre, pour juste faire deux des choses que l'on aime le plus au monde : bien manger (et alors là, une rencontre entre bloggeuses, c'est l'assurance de se régaler le palais, les yeux et de friser la crise de foie du bonheur gastronomique) , et retrouver des amis. Oui, retrouver des amis car lorsqu'on s'est rencontré de la pointe de la souris et que, finalement, on voit la personne qui était derrière l'écran, c'est un peu comme recroiser un ami d'enfance pas vu depuis longtemps, dont on découvre le nouveau visage, quelques années après, mais que l'on connaît, au fond.

Réunis, donc, pour ces deux activités absolument attractives, dans un lieu au charme totalement irrésistible, c'était déjà bien parti... et pourtant...



Ce fût bien au-delà de ce que m'avait susurré ce maudit Kaa, pendant toutes ces semaines, même lui, il n'avait pas imaginé tout ça.


En réalité, j'ai reçu, au cours de ce week end, des rafales de sensations, tous les sens en éveil, particulièrement sensibles, même, dans cet espèce d'état ouaté que crée la fatigue accumulée et la crève me permettant de jouer " Rambo, le retour"...en Provence (oui, oui, la voix). Une impression de ne pas toucher terre, de suivre les rythmes de la nature, ses propres rythmes, en fait, ne penser à rien, se laisser guider...
Si je ferme les yeux ce matin (toujours avec ma marque de drap sur la joue), je revois des adolescents romantiques, des petits garçons terrorisés par un chien joueur qui s'amuse à leur taquiner le mollet de la canine, une tablée dans la nuit où les rires fusent et les conversations vont bon train, des mains bien occupées à ponctuer les phrases ou les bouchées, des dents concentrées à dévorer jusqu'à l'os ces côtelettes d'agneau Sisteron gourmandes d'herbes provençales, moelleuses à souhait, un tour d'auto-tamponneuses, à retrouver ses émotions de gosse et des fous-rires à se cramper le ventre, une balade à effleurer du bout du doigt la lavande, le romarin, les pins, un marché au réveil, cacophonie de couleurs, d'odeurs et de bruits, créant une irrésistible envie de remplir le coffre de melons gouleyants, fleurs de courgette majestueuses et éphémères, et autres cerises rebondies...

Mais encore une hôtesse, passionnée, passionnante, inquiète de faillir alors que ses invités s'inquiètent de recevoir tant d'amour, sans savoir comment lui en donner autant en retour, le regard couvrant et attentif de Laurent, toujours à l'affût du moindre besoin de ses convives, les heures à table à discuter de tout et de rien, et surtout de tout, en dévorant accras de morue à se damner, melons pollénisés ( pour jouer Maya l'abeille), et autres Carrot Cake époustouflants....

Il n'y a pas à dire, ça ressemble un peu à Walnut Grove cette histoire.... et j'ai même failli me mettre à courir dans les champs, pour y plonger, telle Carrie, dans le générique de la Petite Maison dans la Prairie...

N'en déplaise aux cyniques ou à ceux qui n'ont pas compris que le bonheur se dissimule parfois au creux d'une branche que l'on plie sur elle-même pour faire de sa fleur un projectile dont on canarde les bloggeurs qui passent, d'un vin dont on déguste la robe du regard, dans le rayon oblique du soleil avant d'y plonger les lèvres, d'une odeur de sarments grillés qu'attisent les valeureux hommes préparant le barbecue, de l'immense plaisir de passionnés de cuisine pouvant lire dans le regard de leurs comparses l'enthousiasme lorsqu'ils évoquent la saveur du poivre cubèbe, l'utilité d'une silpat ou le dernier macaron qu'ils ont réussi à faire...




Pour tout cela et surtout le reste, Garance et Laurent, un immense merci... et j'espère juste que cette nouvelle année sera riche de ce que j'ai ressenti tout au long de ce week end qui m'a permis de fêter on ne peut mieux mes 28 ans. Il n'y a pas à dire, vous m'avez offert un très, très bel anniversaire!


Bon, et voilà, il est à présent plus de 11 heures et je n'ai plus le temps de vous présenter une petite recette... mais je reviendrai, dès que possible, sûrement pour vous parler de ces petites mousses de fraises et framboises avec leur boudoir maison, ce gâteau tout en douceur qui aide à faire sortit les premières quenottes... et je vais de ce pas voir si cette fichue marque du drap est toujours là...

Conté par Alhya at 6/13/2007 11:08:00 AM | 60 comments

juin 06, 2007

La Grande évasion, ou comment faire entrer la sardine dans ta maison - Part II

Sautant un à un (pour l'instant et malgré le léger loupé de la semaine dernière) les obstacles, tel un canasson de labeur que je suis en ce moment, je fais une petite excursion sur mon blog pendant que, sagement, les dizaines de copies qu'il va falloir corriger avant ce week end m'attendent... (Juste histoire de faire taire un instant la petite voix qui me glisse régulièrement à l'oreille que je n'ai plus une minute pour cuisiner, à peine quelques unes pour dormir et presque aucune pour me détendre... )
Depuis ce matin, une seule pensée en tête.

Plonger la main dans le sable...
Lorsqu'à peine âgée de quinze ans, j'ai réalisé que la Bretagne et moi c'était une juste une histoire d'amour profonde, riche de ses racines, dense, toute en émotion et en presque violence, tant je sentais qu'elle était prête à m'envahir telle une vague, j'ai su que c'était aussi en elle que je puiserai ma force. Je passais déjà de longs instants, seule, perdue sur mon rocher, retrouvant le sens de l'orientation, face à cette gigantesque étendue d'eau rocailleuse.
Pour me permettre d'affronter le reste du monde, je décidai, au cours d'un de mes trop courts séjours hivernaux, de récolter un talisman, à emporter dans ma vie quotidienne.
Un sac entier de sable, volé sur la plage de Tresmeur, comme l'on vole la plume d'un ange le matin, avant d'ouvrir un oeil, au sortir de la nuit (j'ai souvent rêvé, petite, que je naviguais dans des pays à la Hansel et Gretel où tout était bonbons fabuleux et jouets épatants, me concentrant en vain de toutes mes maigrelettes forces pour ramener un peu de ce monde parallèle qu'est celui des rêves, vers le monde réel). Je l'avais soigneusement calé cet âne mort, ce sable lourd de l'humidité iodée qui nappe les côtes bretonnes en novembre, au fond de ma valise...

Rentrée, comme à l'accoutumée, le coeur lourd et l'oeil encore brouillé d'avoir observé, vide, les paysages défiler pendant de longues heures, front collé à la vitre froide du wagon, musique plein les oreilles pour encourager la douce mélancolie, je fis soigneusement sécher le sable, sous le radiateur, avant d'en remplir un coffre... précieux trésor.
Bien au chaud sous mon lit, je le sortais de temps à autre de sa cachette, à la nuit tombée, pour renouer avec mon eldorado.... J'y plongeais alors, doucement, la main jusqu'à la recouvrir.... sensation si apaisante, faisant, comme par magie, sortir les larmes de crocodile, soulageant progressivement le poids d'ogre oppressant l'estomac de la jeune fille, angoissée d'éclore, regrettant l'enfance insouciante.

En repensant à tout ceci, aujourd'hui, je souris. Si lointaine cette jeune fille vibrant de ce mal être adolescent, chemin caillouteux qui doit être franchi pour autoriser la femme ou l'homme à apparaître et dont aucun n'est épargné. Si proche, cette jeune fille de sensibilité et de doutes. La semaine dernière, avant d'affronter un moment très important ... j'ai eu une soudaine envie de plonger à nouveau la main dans le coffre...

"Tu dois être moins sensible", répétait Turtle's Mum à la petite Turtle arrivant auprès d'elle, coeur gros et larmes prêtes à déferler en vagues dans la voix, pour lui expliquer que Grand Yo lui avait encore dit que sa poupée était "trop moche" ou qu'elle était fille de concierge et non de sa mère. "Oui, tu dois être moins sensible", tout en lui essuyant tendrement le visage et l'obligeant à moucher son nez, avant de la laisser repartir , regonflée, d'une tape sur les fesses.

Voilà bien une chose que je n'ai jamais réussie, quel que soit l'âge, et malgré la bonne volonté...
Plonger une main dans le sable...
Griller une sardine sur la plage...

A 15 ans, j'ai découvert, outre mon amour pour la Bretagne, le culte que je vouais à tout ce qui avait un lien avec la mer.
Et oui, l'adolescente est ainsi, elle idolâtre. J'ai donc tout pris. Un engouement soudain autant qu'inédit pour tout ce que l'on pouvait ramener de pêche, pour les filets, les canots (à prononcer "canote"), les marées, les mains calleuses des pêcheurs, l'histoire de ces courageux affrontant l'horizon, même par gros temps, sans oublier leurs fils, vous dirait Pôpa... (mais il a toujours été mauvaise langue et a bien longtemps refusé d'admettre que sa chair avait reçu la Bretagne en partage, de peur, sans doute, d'être déçu, si jamais ça n'était que passade...)


Un soir, j'ai ainsi, totalement émerveillée, savouré mes premières sardines fraîches, grillées sur un barbecue de fortune... Rien à voir avec le bellâtre qui jouait les robinsons avec ses trois galets et sa grille dégotée on ne sait dans quel garage alentour, bien sûr...
Il n'empêche, le bellâtre, je l'ai oublié, ou presque, tandis que la saveur magique de ces sardines grillées, au goût incomparable de feu de bois... elle est gravée là, au coeur de mon lobe temporal droit (là, je fais ma pro, mais pour de vrai, je ne sais pas du tout où se cachent les souvenirs). C'est ce souvenir qui est venu me titiller la mémoire gustative quand j'ai pensé au repas d'anniversaire de ma Soeur.
Alors que Grand Yo se voit régulièrement honoré de quelques homards pour fêter ce type d'évènement annuel, ma douce soeur a, de manière traditionnelle, de belles grillades s'étant fait griller la couenne jouflue sur les braises, parfaitement barbecutées, comme compagnes festives. Injustice, penserons certains. De saison, répondrons-nous car, à cette époque où le soleil refait d'agréables incursions permettant les premiers dîners tardifs sur la table en teck de la terrasse familiale, le barbecue permet de célébrer comme il se doit cet évènement de taille.
Pourtant, cette année, j'avais en tête une idée fixe : griller la sardine à la place de l'agneau, ayant retrouvé, le temps de quelques croquettes, la saveur de cette petite coquine, je ressentais un besoin violent de retrouver le vrai goût de la sardine fraîche. Pour l'accompagner, une envie de tomates séchées, dont je comptais faire une sorte de pesto, servie aux côtés de la sardine, sans trop savoir quels ingrédients j'y ajouterai.
En furetant le jour même sur internet, je tombai alors sur la recette de Mitsu ,qui avait réalisé des sardines farcies au pesto de tomates séchées. Voilà qui m'avait l'air si parfait que j'étais un rien frustrée tout à coup : comment placer sur le grill les dames sardines au ventre rebondi de farce sans que cela tourne au sacrifice sardinesque?
A l'évidence, cette façon de préparer la sardine devait apporter du fondant, du moelleux, en somme de la générosité, mais, tenant à mon barbecue, je restais sur mon idée première et envisageais donc la version sardines/pesto reconstituée post-cuisson.
Les premières asperges vertes couvrant alors les marchés de leur verdure pétulante, je les choisis pour accompagner ces sardines. Les asperges, comme la plupart des légumes, j'aime les cuire lentement dans une poêle, dans un soupçon de beurre salé et d'huile de noisettes, pour leur faire rendre lentement leur eau en même temps que le goût, (lequel est souvent noyé dans une cuisson à l'eau ou à la vapeur), et leur permettre de caraméliser légèrement. Et, juste au moment de servir, ajouter quelques copeaux de parmesan, pour parfaire le tout. Connaissant les mâles de la famille, j'envisageais d'accompagner le tout d'un riz, nappé d'une crème parmesane citronnée. Le puzzle du repas était prêt, ne restait plus qu'à réaliser un à un les actes de cette pièce-là.

C'était, bien sûr, avant que les orages ne s'abattent sur Lyon, avant que pôpa, constatant que l'éclaircie présentie par lui ne faisait pas mine de pointer le bout de son nez, finisse par admettre que le barbecue n'était pas praticable, sauf à faire jouer aux sardines un remake de la petite sirène . A nous, donc, les sardines farcies à la tapenade de tomates séchées, cuites au four!

A ce moment là, j'ai évidemment réalisé que je n'avais pas noté la recette de Mitsu. Juste après, j'ai évidemment constaté que mon appareil photo était en grève de la St glinglin juste pour me faire bisquer (ce qui explique les photos pas très jolies qui ne rendent pas hommage à cette assiette savoureuse). Aujourd'hui, évidemment, je réalise que je n'ai pas non plus noté les proportions précises finalement utilisées, comptant sur ma fidèle mémoire pour les retrouver... N'attendez donc pas des choses trop précises et faites confiance à vos papilles, si l'envie vous prenait de tester cette recette, ce qui serait une rudement bonne idée, cela dit, vu le bonheur qu'elle procure, et sans vouloir vous influencer...

Tous ces éléments préalables étant posés, à nous, donc l'histoire des

Sardines qui se farcissaient au pesto rose, pendant que les asperges se fondaient à la poêle et le riz se parait de crème parmesane-citronnée
Ingrédients pour 8 bretons-catalans
  • 2 bottes d'asperges vertes
  • 1,5 kg de sardines fraîches
  • 1,5 pot de tomates séchées
  • 100 g de parmesan râpé pour le pesto + 80 g en larges copeaux pour les asperges + 40 g pour la crème parmesane
  • 100 g de pignons
  • Huile de noisettes
  • Beurre demi sel
  • 250 ml de crème fraîche
  • 1 citron
  • herbes : basilic, origan, ou autre
  • poivre





voici les malheureuses baignant dans leur jus
Marche à suivre:

  • Trouver un Pôpa patient prêt à enlever l'arrête centrale de chacune des sardines fraîches, pendant une bonne quarantaine de minutes
  • Pendant ce temps, préparer les asperges: à l'aide d'un rasoir à légumes ou d'un économe, ôter les parties dures de l'asperge, jusqu'à la moitié environ de l'asperge, nettoyer soigneusement et réserver
  • Préparer le pesto : mixer les pignons en poudre et les tomates séchées, ajouter au fur et à mesure un peu de l'huile des tomates séchées, de façon à obtenir une pâte plus souple, ajouter alors le parmesan, mixer à nouveau. A ce stade, ajouter encore de l'huile d'olive jusqu'à l'obtention d'une pâte qui ne soit pas trop dense
  • Dans un plat allant au four, placer les sardines, après les avoir fourrées d'une bonne cuillère à soupe de pesto, côte à côte, répartir des herbes généreusement, sur le dessus
  • Commencer alors à cuire les asperges: dans une grande poêle antiadhésive, faire fondre une belle noix de beurre, ajouter un filet d'huile de noisette, y faire dorer à feu moyen à vif les asperges, pour qu'elles dorent légèrement, saler, et couvrir la poêle aux 3/4 avec un couvercle, en baissant le feu. Laisser cuire ainsi, en remuant régulièrement, jusqu'à ce que la pointe du couteau pénètre aisément dans les asperges
  • Préchauffer le four, en mettant sur grill
  • Faire cuire le riz
  • Faire chauffer parallèlement la crème fraîche, mélée au jus de citron , ajouter les zestes , finement coupés et porter la crème à ébullition
  • Baisser alors le feu et ajouter les 40 g de parmesan, bien mélanger et rectifier l'assaisonnement (voir notamment si c'est assez salé), laisser à feu très doux pendant que les sardines cuisent, en remuant de temps à autres, pour éviter que la crème attache
  • Placer le plat avec les sardines sous le grill, une dizaine de minutes, en surveillant, sortir dès que les sardines sont cuites
  • Dresser les assiettes: 2 à 3 sardines, selon leur taille, par personne, 4 ou 5 asperges, à côté, le riz, napper ce dernier d'une à deux cuillères à soupe de crème parmesane et finir en déposant des copeaux de parmesan coupés à l'économe sur les asperges, et d'un tour de moulin à poivre.

Bilan de courses:


Evidemment, les choses n'étant plus ce qu'elles étaient... plus personne n'est fondamentalement inquiet quand je prends à présent les commandes en cuisine. Ils attendaient donc, ce jour-là, assez impatients, de voir quelles saveurs j'avais convié à notre table cette fois-ci. Et, vu leurs réactions, je crois qu'une fois de plus, ce mariage-là les a conquis.

Comme je l'avais espéré en lisant la recette de Mitsu, la farce de pesto rose apporte beaucoup de moelleux à la force de la sardine, lui permettant de cuire à coeur sans sécher. L'association de la tomate, du parmesan et des pignons rebondit à merveille en bouche, dynamisant, tout en l'adoucissant de façon assez paradoxale, la saveur très iodée de ce poisson. Ce dernier, sans cuisson au feu de bois, s'est ainsi révélé sous un nouveau jour, flattant les saveurs du sud du coin de l'arrête dorsale (absente, je le rappelle), sans perdre le fond de sa bretonne attitude, de quoi réconcilier en une bouchée mes origines bretonnes et catalanes.

Je n'ai pas regretté non plus d'avoir opté pour des notes vertes et classiques pour accompagner ces sardines très fortes en goût. L'asperge, cuite à point, jouait de douceur, juste servie dans son écrin grillé au beurre et parée de quelques copeaux de parmesan. Enfin, le riz, juste croquant, sous sa crème parmesane citronnée, finissait de donner à l'assiette un soupçon de générosité gourmande.

En somme, une assiette à vous donner très souvent envie de faire entrer plus souvent la sardine dans votre maison !

Plonger la main dans le sable.

Griller une sardine sur la plage.

et garder sa sensibilité, finalement.

Conté par Alhya at 6/06/2007 04:45:00 PM | 60 comments