A Turtle in a Kitchen

a déménagé

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Désolée pour le dérangement...

A Turtle in a Kitchen: février 2008

février 19, 2008

Quelques considérations sur l'art et la manière d'aimer, empanadas sucrés salés et autres Merveilles au curry

Pour me faire pardonner de ma longue absence, en cette période où il a beaucoup été question d’amour, je voudrais aborder une question somme toute primordiale. Qu’est ce qu’être amoureux ?

Amoureuse, je le suis, indéniablement. Une amoureuse indécrottable, pourrait-on dire.

Allez savoir pourquoi, depuis toute petite, j’approche la vie, un sourire aux lèvres, et je la dévore dès que cette dernière me surprend (ce qu’elle fait, je dois bien l’avouer, bien souvent) . C’est plus fort que moi. En conséquence, et de manière quasi-incontournable, je tombe amoureuse des gens qui la partagent avec moi, ceux qui, par un moyen quelconque, entrent dans mon univers.

Ce peut être de cette vieille dame, dans ma rue, promenant son cabot absolument monstrueux, mais rendu attachant par l'amour qu'elle lui porte, de mon vendeur de journaux, chez qui je passe toujours en coup de vent et au pas de course, mais avec lequel j’échange systématiquement trois blagues, ou de ce papa-costume-cravate qui me fait rire, quand je l’observe tenter désespérément de convaincre son p’tit dernier que marcher vite pour aller à l’école, le matin, c’est extrêmement important. Et de tant d’autres encore. Tous ces gens me font sourire, et dans le fond, je les aime. Vous me direz que c’est finalement très positif tout ça (ou parfaitement barré, comme raisonnement) et que ça ne mérite pas même une ligne, en fin de compte.

Oui et non, vous répondrais-je. Car, je ne vis pas non plus au pays des Ingalls, et je sais que dans ma prairie à moi, tout n’est pas irrésistiblement beau et souriant. Bien plus, j’ai eu l’occasion, en quelques années d’expérience, de tomber sur quelques murs, qui m’ont au passage laissé des bleus. Pourtant, même les bleus ne m’ont pas convaincue de cesser de fonctionner ainsi, et il a bien fallu apprendre à avancer avec ce handicap !

Car, bien sûr, lorsqu’on est une amoureuse, on prend quelques risques.
Aimer, que ce soit un homme avec lequel on espère pouvoir toute sa vie partager un steak bien saignant (ou convaincre, dans un moment de folie, de goûter quelques légumes), les gens qui font partie de ce cercle d’amis indispensable à l’équilibre, ou la vie en général, parce qu’au petit matin, en traversant le grand pont qui mène à l’Université, on aperçoit le soleil frisant à l’horizon, derrière quelques lambeaux de nuage s’étirant paresseusement dans un ciel bleu clair, oui, ça demande indéniablement du courage. Pas dans le sens où ce soit difficile, non, et il ne faut pas confondre les deux. Uniquement parce que cela demande d’y croire et de se mettre dans cette fichue position avant. Je crois que c’est bien là la seule et unique vraie difficulté.


Aimer, c’est un peu comme affronter une piste noire. Si vous optez pour la position de renfermement, i.e. vous poussez les fesses à l’arrière, jusqu’à être proche de vous asseoir sur la piste (dans l’espoir inconscient que la chute sera moins douloureuse, ainsi préparée par votre popotin), vous êtes sûr de tomber. Croyez moi, c’est quelque chose dont j’ai approximativement fait l’expérience sur toutes les pistes noires verglacées et forcément truffées de bosses que j’ai malencontreusement croisées entre 8 et 12 ans, âge auquel j’ai finalement compris que tout ça se passait dans la tête.

-« Mets-toi en équilibre avant, bon sang de bois ! », me hurlait Pôpa du bas de la piste, lorsqu’il me voyait dévaler cette dernière sur les fesses.
Mais durant ces 4 longues années, rien n’y faisait. Je n’avais pas confiance. Il pouvait s’escrimer, hurler tous les encouragements possibles et imaginables, me prendre en main sur le plat, me montrant comment sentir la chaussure avant sur les tibias, gage, selon lui, d’équilibre, j’avais peur. Et, malgré toute ma bonne volonté, la peur avait cet effet automatique : je sortais les fesses en parachute.

Bref, ce petit aparté « skiesquien » pour en arriver au fond de ma pensée.
Aimer ne signifie en aucun cas nier la peur. Elle peut y être, et j’ai même envie de dire que pour qu’il y ait de véritables sentiments, elle doit pointer sa pomme, sans quoi n’arrive pas l’émotion. Il s’agit donc d’admettre son existence, tout en maintenant la position avant.
Aimer suppose de s’empêcher de sortir les fesses (d’une parce que ce n’est pas terriblement sexy, comme position, de deux, parce qu’au passage, ça muscle joliment le fameux fessier, de les serrer dans le prolongement de la colonne vertébrale, au lieu de jouer les équerres humaines) et d'affronter les éléments.

Bien sûr, dans le parcours truffé de bosses et de verglas qu’est l’amour, il y a quand même des nuances. Avec les amis, on se balade sur une piste verte, ou une piste rouge, selon. Longtemps, j’ai eu du mal à trouver mon rythme de croisière, pensant qu’il me fallait nécessairement passer entre les portes colorées qu’imposent l’éducation, les bonnes manières ou la pression suscitée par certains de mes amis (« une bonne amie ferait ça pour moi ! »).
Aujourd’hui, j’assume pleinement d’emprunter parfois quelques sous-bois, sur le côté, histoire de croiser de près la poudreuse, persuadée que mes amis sauront que je compte bien revenir sur la piste, et enfin convaincue au fond de moi que j’ai le droit de ne pas suivre toujours les chemins convenus, car c’est ainsi que, fondamentalement, je suis. Ceux qui acceptent et comprennent cela deviennent irrémédiablement des MDMUA (Membres De Mon Univers Affectif), club très select où l’on se voit garantir une place indélogeable, un bail à vie.

Et, allez savoir pourquoi, depuis que je sens que mes tibias touchent l’avant de la chaussure, position devenue quasi naturelle aujourd’hui, (alors qu’elle m’a semblé longtemps totalement acrobatique !), mes pistes sont toutes baignées par le soleil, et, comble du bonheur, les MDMUA se multiplient.
Oui, allez savoir pourquoi…..

Bon, c'est pas tout, mais qu'est ce qu'on mange, pour affronter les pistes noires ?
Et bien ni vu, ni connu, je vous glisse enfin deux petites recettes préparées pour le Réveillon 2008 (oui, je sais, ça date pas d'hier, mais bon....). Deux petites choses servies pour l'apéro et qui ont beaucoup plus à nos 14 convives.
La première est née d'une envie subite de mêler un peu de Fourme d'Ambert à quelques poires caramélisées, mélange sublime, certies dans une pâte brisée délicieuse, aboutissant ainsi à la création de jolis empanadas. La seconde est tirée du livre de Véronique Chapacou, "Vous les connaissiez Sucrés? les voici en version salée", dont je vous ai déjà parlé ici, et c'est sur les merveilles au curry que Guillemette et moi avons craqué.
Allez, en voiture Marcel !

Empanadas à la fourme d'Ambert , poires caramélisées et noisettes :
Ingrédients:

  • 250 g de farine
  • 125 g de beurre demi sel
  • 1 peu d'eau
  • 3 poires
  • du poivre noir
  • une vingtaine de noisettes
  • 150 g de fourme d'Ambert
  • 1 jaune d'oeuf

Marche à suivre:

  • Préparer d'abord la pâte brisée: dans un saladier, mettre la farine tamisée, et le beurre demi sel à température ambiante, en petits morceaux, mêler les deux jusqu'à l'obtention d'un mélange sableux. Ajouter alors un peu d'eau, jusqu'à l'obtention d'une pâte homogène, ne pas trop travailler

  • Filmer la pâte et la mettre alors au frais, le temps de préparer le reste
  • Peler les poires et les couper en petits cubes
  • Faire chauffer une grande poêle et y jeter une belle noix de beurre, y faire revenir à feu moyen les cubes de poires, en remuant régulièrement, jusqu'à ce qu'ils soient légèrement caramélisés, réserver
  • Préchauffer alors le four th 7, soit 210 °C
  • Fariner un plan de travail, et y étaler la pâte brisée, finement
  • Découper des ronds à l'emporte pièce, d'environ 6 cm (on peut utiliser un verre, à défaut d'emporte pièce)
  • Dans un bol, rassembler le fromage, y ajouter les noisettes concassées et les cubes de poire, mélanger pour obtenir un ensemble relativement homogène, poivrer
  • Garnir chacun des ronds de pâte et refermer les chaussons, en appuyant bien avec les doigts
  • Fouetter un jaune avec un peu d'eau et badigeonner les chaussons à l'aide d'un pinceau
  • Déposer les chaussons sur une plaque du four recouverte de papier sulfurisé et glisser au four, cuire 15 minutes environ
  • Servir chaud

Merveilles au curry et graines diverses et variées:
Ingrédients:
  • 130 g de farine
  • 1 c à c bombée de levure
  • 30 g de beurre
  • 1 oeuf
  • 1 C à S de lait
  • 1 c à c bombée de curry
  • 1/2 c à c de curcuma en poudre
  • huile pour friture
  • 1 C à S de mélange de graines (pour ma part, un mélange à base de graines de soja, graines de courge, et graines de tournesol)

Marche à suivre:

  • Verser la farine dans un saladier. Ajouter la levure, un peu de sel, le curry et le curcuma.
  • Mélanger et ajouter l'oeuf, le lait et le beurre fondu, ajouter enfin les graines
  • Pétrir rapidement pour obtenir une pâte souple. Filmer et réserver au réfrigérateur pendant 30 minutes
  • Faire chauffer l'huile dans une friteuse
  • Sortir la pâte du réfrigérateur, l'étaler sur une épaisseur de 3 mm environ, et la détailler en losanges
  • Lorsque l'huile est à 180 °C, y plonger les morceaux de pâte, laisser cuire quelques minutes jusqu'à ce que les merveilles soient légèrement gonflées et dorées
  • Egoutter sur du papier absorbat et servir chaud

Bilan des courses:

Des deux recettes, sans l'ombre d'un doute, ce sont les empanadas qui ont le plus emporté l'adhésion des testeurs. Il faut dire que l'association sucrée salée avec le fromage est un grand classique qui gagne toujours ou presque.

Ici, la fourme d'Ambert, avec sa saveur de terroir, toute en force, s'allie à merveille avec les parfums sucrés de la poire, qui lui apporte sa douceur et souligne son tempérament. Et la noisette joue de croquant pour sublimer le tout.

Ces petits chaussons tout en onctuosité sont tout bonnement parfaits pour aiguiser l'appétit et mettre en bouche, au cour de l'apéritif, moment magique et important s'il en est.

Les merveilles au curry nous ont créé davantage d'inquiétude. Non que nous doutions d'eux, dans le fond, juste une question de contexte. Nous avions opté pour une préparation 24 heures avant le moment de leur dégustation, et les avions fait frire, avant de les congeler et de les réchauffer au four. Ils avaient l'air donc un peu sec, après tous ces mauvais traitements, ce qu'ils étaient un peu, pour être tout à fait honnête.

Sans savoir précisément si ce léger inconvénient est lié à ce mode de préparation en deux temps, je vous les présente néanmoins, car il n'empêche qu'ils étaient malgré cela fort bons. Cela dit, en les testant, j'ai pensé "il manque quand même une petite note d'onctuosité". J'ai donc regretté de ne pas avoir ajouté un peu de mozzarelle à l'intérieur, histoire de parfaire le tout. A réessayer, donc, avec cette fois une cuisson de dernière minute et quelques copeaux de fromage!

Bien que je sois assez absente ces derniers temps, pour des raisons très professionnelles, je dois vous annoncer que je serai encore loin de mon blog la semaine prochaine, mais ne m'en voulez pas, c'est pour la bonne cause. Etant relativement fatiguée après un mois et demi sur les chapeaux de roue, et devant néanmoins travailler encore et encore, j'ai choisi de m'exiler une semaine en Bretagne... Mais c'est promis, quand je sentirai les embruns sur ma carapace, j'aurai une énorme pensée pour vous, et, en attendant, je vous dis à très vite, car j'ai quantité de rencontres à vous raconter, faites au cours de 48 heures absolument magiques passées à Paris... Mais ceci est une autre histoire... !

Conté par Alhya at 2/19/2008 08:20:00 PM | 52 comments

février 03, 2008

Où il est question d'une grande nouvelle, et comment on peut (parfois) surmonter sa trouille légendaire

Oyez, Oyez, fidèle ami lecteur de ce blog,


Une grande nouvelle je viens t'annoncer ! Bon, j'admets qu'elle n'est plus de la toute première fraîcheur, et je suis sûre qu'à moins d'être tombé dans un trou spatiotemporel, tu es déjà au courant (il faut dire qu'on t'en a parlé notamment , , et...)

As-tu noté que même Carla et Nicolas ont fait tout leur possible pour tenter vainement d'éclipser l'évènement ? (Que veux tu, il ne faut pas leur en vouloir, on les comprend... et puis tant d'efforts pour être ainsi au coeur de l'actualité en permanence, ça force l'admiration, non?)
Quoi qu'il en soit, ils n'avaient aucune chance. Comment auraient-ils pu, à eux seuls, voler la vedette à L'évènement ayant secoué la blogosphère culinaire ce samedi ?
Carla et Nico contre 29 blogs... tu parles!
Et oui, car il y avait bien 29 blogs sur la selette, 29 blogs dont les tenanciers ont bûché, dans le secret et l'émotion, pour qu'enfin, Samedi, sorte le tout nouveau......

Blague à part, j'avoue que la seule vraie question que je me pose, depuis que, vendredi matin, je feuillette inlassablement le Cuisine Passion que j'ai vu naître, jour après jour (bon, je sais j'en rajoute un peu, seule Catherine et son équipe ont eu ce plaisir, mais il n'empêche, j'ai un peu l'impression d'être, si ce n'est sa mère, au moins sa marraine), c'est : Qu'est ce que la Turtle fiche dans ce journal tout en papier glacé et sublimissime ? Comment est-ce possible?
Sans entrer dans les détails du pourquoi du comment, je veux remercier, outre Catherine, qui a eu l'extrême gentillesse de penser à moi et à ma Kitchen au moment où elle a recherché des participants pour réaliser son projet, Claude Olivier, sans lequel je ne serais sûrement pas revenue sur mon refus initial de participer...
Car oui, je dois bien l'avouer, mon premier mouvement, face à la proposition a été "Non, non, non!". J'y avais associé toutes sortes de bonnes raisons pratiques, tentant de dissimuler la seule vraie et unique qui m'avait fait immédiatement reculer : j'avais la pétoche de me lancer dans cette aventure!
Il faut dire que, contrairement aux autres journaux culinaires, la ligne éditoriale de Cuisine Passion repose uniquement sur des recettes de bloggers. Il ne s'agissait donc pas, comme parfois, de publier une à deux recettes par ci par là... Non, non, ici, tout reposait sur nous et il s'agissait de ne pas s'engager à la légère!
Et puis voilà, Claude Olivier a su trouver les mots pour me faire ressortir la tête de ma carapace, où je l'avais bien vite enfouie, totalement effrayée à l'idée de signer pour 6 numéros...
Il m'a parlé du challenge et surtout de l'immense plaisir que pouvait générer le fait de devoir ainsi, régulièrement, imaginer des recettes originales. Il m'a dit qu'une fois tous les deux mois, ça n'était pas si lourd. Il m'a dit que les recettes de la Turtle devaient y figurer. Il m'a dit que si, j'y arriverai.
Il m'a dit "allez"... J'ai répondu "mais..." Il a dit "si, si, je t'assure"... j'ai ajouté, un "t'es sûr?", un peu penaud... Il m'a souri, de ses yeux réconfortants, et m'a dit "mais oui!"... et voilà, à ce moment précis ... j'ai craqué!
Et si tu savais, Ami, combien aujourd'hui je suis heureuse et fière d'avoir osé!
Allez, juste histoire de t'allécher un peu et de te donner une irrésistible envie d'aller bien vite te procurer ce tout nouveau journal culinaire, je te glisse (avec l'aimable autorisation de Catherine) les deux photos des recettes réalisées just for you par la Turtle, et figurant parmi les 57 recettes originales préparées par la fine fleur des bloggeurs
J'ai nommé.... (roulement de tambours....) :
Le quasi de veau en croûte de fruits secs, jambon serrano et coriandre fraîche,
sous voile de pâte brisée et ses frites de légumes oubliés au sel vanillé
(comme l'a bien souligné ma P'tite caille, goguenard, "t'es sûre que tu pouvais pas faire plus long, comme titre?")
Et Le duo de crêpes aux agrumes, quenelle de chocolat épicé et nuage de coriandre fraîche


Allez, les amis, Tous à vos kiosques!

Conté par Alhya at 2/03/2008 02:36:00 PM | 63 comments