A Turtle in a Kitchen

a déménagé

http://www.aturtleinakitchen.fr

Désolée pour le dérangement...

A Turtle in a Kitchen: octobre 2007

octobre 30, 2007

Une tarte amandine double chocolat fabuleuse et un Award, pour célébrer la plus magistrale chute de la Turtle

Il y a des jours où l'on ne voit pas arriver la chute, mais alors vraiment pas.

Imaginez la Turtle qui vient de finir un mois d'enfer où elle a enchaîné les cours comme d'autres courent des marathons (voilà bien quelque chose qui me laisse pantoise d'admiration : comment font ces gens pour se motiver et prendre suffisamment de plaisir, sûrement, pour enfiler leurs baskets et se dirent qu'ils vont courir plusieurs heures d'affilée? Non, vraiment, voilà bien une pensée qui me semble très très saugrenue...). Elle s'engage, sur un appel de ma P'tite Caille reçu le vendredi , à préparer de quoi nourrir le lendemain soir entre une quinzaine et une vingtaine de personnes (parce que l'on ne saura guère qu'au moment venu s'ils sont 15 ou 20, et oui, c'est comme ça, quand on est jeune, l'emploi du temps est malléable) et promet de faire tout le nécessaire, don't worry...


Le samedi matin, elle ouvre un oeil, sonde son corps, lequel est passablement contre l'idée de se lever, mais, réveillée par l'envie de cuisiner et de faire la fête, se résoud à sortir de son lit tout chaud pour faire le point sur ce qu'elle va préparer, en 4 heures maximum, puisqu'il faudra que tout soit prêt à 20 h pétantes, courses comprises. Fidèle à ses habitudes, elle décide quand même de réaliser une bonne dizaine de recettes, parce que la diversité, c'est quand même ce qu'il y a de meilleur, lors d'un apéritif dînatoire.
Après avoir réussi à lister consciencieusement d'un côté les recettes et de l'autre, les ingrédients à acheter, elle part à toute allure au supermarché où, bien sûr, est réunie la moitié de la population lyonnaise, en quête aussi de quelques produits alimentaires. Bon an mal an, elle finit par remplir un caddie, partiellement pour elle, partiellement pour la soirée, tout en tenant les listes d'une main et le stylo d'une bouche, afin de rayer au fur et à mesure les éléments réunis. La voilà en train de remplir les sacs, en essayant de suivre le rythme effréné de la vendeuse, les charge dans la voiture (mon Dieu que c'est lourd), débarque chez ses parents où la cuisine est plus spacieuse, à déjà 14 heures et trouve alors la Turtle's Family prête à partager le déjeuner.... A 15 heures, voici enfin la cuisine prête à devenir son champ de bataille, plus que 4h30 avant de devoir retourner dare dare à Lyon. Impeccable.


Quelques heures après, la Turtle est en train de monter laborieusement ses propres courses chez elle, après avoir miraculeusement trouvé une place pour se garer à quelques mètres de l'appartement. Juste le temps de se repasser un coup de peigne et un coup de blush, indispensables, avant de retourner à la voiture où l'attendent les sacs de nourriture à livrer chez ma P'tite Caille, au 6ème sans ascenseur, c'est mieux. Après avoir un instant maudit la terre entière, forcément responsable d'avoir laissé des immeubles sans ascenseur, elle arrive, essouflée et jambes flageollantes, au 6ème, bras archi-chargés, pour mettre en place l'apéro dînatoire. Les amis débarquent, dans la foulée. Très vite, la soirée bat son plein : tout le monde discute, dévore, s'exclame sur la saveur des multiples petites choses préparées, jusqu'au moment où l'heure de la danse a sonné.
A ce stade, la Turtle n'a plus même conscience que ses jambes ne sont plus tellement en état de la porter, peu aidées, il faut le dire, par les quelques verres de vin joyeusement partagés. Elle est juste contente d'être sortie indemne de cette journée-marathon, soulagée et parfaitement disposée à continuer à en profiter. A peine arrivée dans la péniche, elle danse, se laisse gargariser par les rires, l'ambiance et la musique. Et là, tout à coup, alors que rien ne le laissait présager, voici notre Turtle qui glisse, les deux pieds en avant, et s'étale, magnifiquement, sur le dos, sans même avoir le temps d'amortir la chute. Ouch! Juste le temps de se relever, l'air de rien, de sourire (en bonne comédienne qui feint de ne pas avoir mal), devant les têtes mi-inquiètes, mi-hilares de ses amis et elle sent la violente douleur... mais que la fête continue!

En rentrant, au milieu de la nuit, elle réalise tout à coup que la douleur n'a pas faibli, tout l'inverse même. Et depuis? Et bien depuis, je sens à chacun de mes gestes que bon sang, le fessier est une partie du corps à ne pas blesser, jamais ! Note pour plus tard : éviter de s'affaler lamentablement sur le dos ou penser à mettre les mains pour amortir!

Heureusement, pour me consoler de cet épisode un rien honteux et surtout très douleureux, j'ai reçu une distinction, qui me pousse ce soir à passer outre la douleur diffuse que je ressens, assise sur ce fameux postérieur (et malgré le coussin, censé m'aider: tu parles!). Non, ne vous moquez pas, ce n'est pas pour le plus spectaculaire vol plané dans la catégorie Turtle (quoique, je pense que j'aurais largement mérité un Award), mais un Award pour mon blog!
Bien que je me sente toujours un rien gênée face à ce genre d'adorables manifestations d'affection, tant j'ai l'impression qu'ici, je me fais d'abord infiniment plaisir et suis en conséquence toujours aussi surprise que d'autres puissent aimer lire mes élucubrations ou découvrir mes modestes recettes, j'accepte avec un vrai plaisir cette jolie récompense remise par les adorables La Cath, Inoule et Fabienne .

Je dois donc faire un lien vers ILKER (voilà qui est fait) et choisir à mon tour les 5 personnes auxquelles je souhaite remettre le même prix. Je sais que beaucoup en ont déjà reçu, et le choix est bien sur très délicat, tant il y a de blogs que je visite et apprécie...
En repensant à mes débuts, j'ai une pensée émue pour tous ceux qui m'ont encouragée, voire aidée, je ne peux tous les citer, mais je ne peux m'empêcher de vous parler d'Eric, et son fabuleux blog Boire et Manger, sur lequel je passe très régulièrement, et ne cesse depuis l'origine de me dire qu'un jour peut être, j'aurais son génie de l'association...
Même si les hommes sont rares sur la blogosphère, le second Award va à un autre d'entre eux. Celui-ci compte aussi parmi les merveilleuses rencontres virtuelles, son jardin est un enchantement, et si un jour la vie me le permet, j'espère avoir la chance de le fouler du pied en la compagnie de cet homme qui sait cueillir le quotidien, Olhar Feliz...
Ensuite viennent les femmes, et quelles femmes! Il y a tout d'abord Hélène, que j'ai eu le grand plaisir de rencontrer et qu'on ne présente plus, tant les balades fabuleuses qu'elle nous offre au détour de ses billets sublimes sont incontournables dans la blogosphère... Ellie, ensuite, qui m'enchante par son humour décalé et ses recettes toujours irrésistibles et contées sans complexe! Et enfin, une autre Hélène, pour son blog Chez Becky et Liz, parce que ses recettes sont toujours originales et parfaitement réalisables, toujours à la hauteur, en un mot, fabuleuses.
A présent, à nous les choses sérieuses, j'ai nommé la fabuleuse Tarte Amandine double chocolat (chocolat noir épicé et lait au caramel)







Cette recette fabuleuse, je l'ai piquée chez Guillemette, ma grande copine Praline chocolatée. Vous pouvez voir sa version bien plus belle ici. Pour ma part, même si le résultat n'était pas aussi esthétique pour cause de "j'ai décidé de faire à dîner pour 20 personnes et j'ai 4 heures devant moi pour tout faire", et de "je veux photographier avant qu'il fasse nuit, vite, vite il est déjà 18h et le soleil se couche", elle m'a comblée et je ne peux que vivement vous la recommander. De quoi épater vos convives et satisfaire les amoureux du chocolat et gourmands patentés.

Pâte sucrée noisette : (ou amande)
Ingrédients:
  • 150g de farine
  • 30g d'oeuf entier (ou 2 jaunes)
  • 30g de poudre de noisette (ou poudre d'amande)
  • 90g de beurre
  • 25g de sucre glace
  • 1 pincée de sel
  • 1 sachet de sucre vanille

Marche à suivre:

  • Mettre dans un saladier sucre, beurre ramolli, sel, et vanille.
  • Fouetter jusqu'à obtention d'une mousse onctueuse.
  • Ajouter la poudre d'amande (ou noisette) et fouetter à nouveau pour mélanger.
  • Incorporer l'oeuf, fouetter à nouveau.
  • Ajouter la farine et mélanger rapidement.
  • Former une boule (la pâte et molle mais maleable).
  • Recouvrir de film alimentaire et laisser reposer au frais 2 à 3h.
  • Après la pose au frigo, étaler sur du papier sulfurisé en applicant un film alimentaire entre la pâte et le rouleau. Faire un disque d'environ 28/30cm
  • Placer la pâte dans un cercle à patisserie réglé au diamètre 26 ou dans un moule à tarte(bord de pâte hauteur 1.5 à 2cm). Piquer à la fourchette la pâte, la recouvrir de papier sulfurisé et d'haricot sec et enfourner à 160° pour 15 à 20 min (pâte blonde).

Fondant amande :

Ingrédients:

  • 85g de beurre
  • 85g de poudre d'amande
  • 40g de sucre
  • 43 g de crème liquide 35%
  • 50g de jaunes d'oeufs (3 moyens)


Marche à suivre:

  • Fouetter le beurre ramolli en crème avec le sucre.
  • Ajouter la poudre d'amande et les jaunes en 2 fois.
  • Terminer par la crème. Bien mélanger pour avoir une crème homogène.
  • Garnir 1/3 du fond de tarte précuite et cuire pendant 1/4 d'heure environ à 160°.

Crémeux chocolat :

Ingrédients:

  • 110g de chocolat noir épicé (vous pouvez ajouter un peu de mélange 4 épices si vous avez un chocolat normal)
  • 18 g de sucre
  • 200g de crème 35%
  • 18g de beurre
  • 75g d'oeuf entier (1.5 moyens)
  • 33g de jaunes d'oeufs (2 moyens)
  • 22 g de sirop de glucose (remplacé sur les conseils de Guillemette par du miel doux, le plus neutre possible)

Marche à suivre:

  • Blanchir les oeufs, les jaunes avec le sucre.
  • Chauffer la crème et le glucose et verser sur la préparation oeuf/sucre mousseuse.
  • Cuire env 1min comme une crème anglaise (température env à 70°).
  • Hacher le chocolat et verser dessus la crème chaude, attendre quelques secondes et mélanger.
  • Lisser et incorporer le beurre.
  • Garnir la tarte et cuire à 100° environ 45 mm (le crémeux doit etre assez ferme sous le doigt).
Glaçage chocolat :

Ingrédients:

  • 90g de chocolat noir (pour ma part, au lait et au caramel, une merveille...)
  • 15g de sirop à 30°
  • 15g sirop de glucose (toujours remplacé par le miel doux)
  • 75g de crème liquide 35%
  • 15g de beurre

Marche à suivre:

  • Sirop à 30° : Verser 30g de sucre et 20g d'eau dans une casserole. Mettre sur feu vif en remuer avec une cuillère pour mélanger le tout. Une fois que c'est bien mélangé, faire venir à ébullition et laisser bouillir environ 30 secondes (température à 102°). Retirer du feu, c'est prêt.
  • Hacher le chocolat.
  • Chauffer la crème avec le glucose et verser sur le chocolat. Attendre quelques secondes et mélanger. Ajouter le beurre ramolli et le sirop à 30°, bien mélanger.
  • Lisser ce glaçage sur la tarte tiède.
  • Laisser refroidir la tarte à température ambiante puis conserver au frais afin de bien raffermir le chocolat et le cremeux. Sortir au moins 1/2 heures avant de déguster. Se découpe facilement, excellent en part comme en bouchée. Pour plus de saveur la faire à l'avance voir la veille.

Bilan des courses:
J'ai réalisé cette recette pour l'apéritif dînatoire de samedi, accompagnée d'un crumble aux pommes et à la crème de marron, dont je vous reparlerai, à l'occasion. Malgré le caractère très sucré de ces deux desserts, les deux ont été dévorés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Dans l'après midi, j'ai commencé par cette tarte, afin qu'elle ait le temps de bien prendre avant le dîner (ce qui n'apparaît pas sur les photos, puisque je les ai faites en milieu d'après midi, avant que le glaçage ait eu le temps de se figer).
Même si la recette comporte plusieurs étapes, ne vous y fiez pas, elle n'est pas du tout compliquée à faire et ne prend pas beaucoup de temps, finalement, si vous avez des choses à réaliser entre les temps de pause (ce qui était mon cas, évidemment :-)). N'ayant pas de glucose, je l'ai remplacé par le miel le plus doux, de façon à ne pas contrarier les saveurs déjà présentes dans la tarte, ce qui a parfaitement fonctionné.
Guillemette m'avait conseillé de prendre un chocolat de très bonne qualité et j'avais opté pour un chocolat aux épices, de très bonne facture, très fort en goût. De peur que le mélange soit trop noir, j'ai opté pour un chocolat au lait et au caramel pour le glaçage au chocolat.

La pâte noisettée s'est révélée d'une grande finesse, discrète et croustillante. L'association du fondant à l'amande et des deux chocolats aux saveurs s'équilibrant à merveille était merveilleuse et totalement irrésistible. J'avais craint que le tout ne soit écoeurant, et croyez moi si vous le voulez, absolument pas!
Honnêtement, voici une des meilleures tartes au chocolat jamais réalisée de mes petites mains, un grand merci à toi, Guillemette, pour cette recette et tes conseils éclairés!

Conté par Alhya at 10/30/2007 10:35:00 PM | 70 comments

octobre 21, 2007

Quelques cannelés pour célébrer la vraie rentrée!


L'autre! Elle fait sa rentrée un 21 octobre... "tranquilleuhhh", dirait ma Ratatouille ! Oui, je sais j'exagère!

En plus, je force un peu le trait, pour enfoncer le clou : je suis rentrée en cours il y a bien 3 semaines maintenant. Et oui, mais je comptais vous écrire un petit billet sur ma rentrée il y a dix jours et puis, allez savoir comment, je suis tombée dans un trou spatio-temporel. Le pire, c'est qu'il s'est passé des tas de petits instants de vie, en trois semaines, des plus anodins au plus étonants, qui m'ont fait sourire, rire, ou râler, au travers desquels je me suis chaque fois dit que ma Grande Copine la Vie savait pimenter le quotidien, bref, des petits non évènements dont je me suis dit qu'il faudrait que je vous cause. Et puis voilà, le temps qui file, une Turtle qui court et qui, finalement, sait dorénavant aussi se dire "ah non, ce soir, pas même un billet : du repos!"
Bref, aujourd'hui où je bulle allègrement depuis ce matin à toutes ces petites activités que je repousse tout le temps dans la semaine, je suis face à un dilemme : que raconter pour introduire cette petite recette ? Et bien comme je n'aime pas choisir, je vais faire un melting-pot/flash back, un truc à la sauce Turtleienne, tel que seule moi j'ose l'écrire et, mi-hilare, mi-gênée, me dire qu'après tout, là où il y a du plaisir...! Allez, installez vous confortablement (ou passez directement à la recette qui est en bas, si vous n'êtes que des ventres ;-)).

Cette fois, donc, -et depuis quelques semaines-, je peux le dire, c'est la rentrée. Elle est là, pour de bon. Avec un emploi du temps bien différent des autres années, et des cours dispensés pour la première fois au petit matin. Le pire, c'est que dès la première semaine, j'ai aimé ce nouveau rythme, me rappelant les années passées. J'ai retrouvé les départs mâtinés de sommeil de mon adolescence, le cliquetis de la clé qu'on glisse dans la serrure, une fois la porte claquée, dans une volute de parfum dont on vient de s'arroser, la piqûre de l'air frais qui irrite les yeux et réveille les narines, le plaisir de marcher d'un pas dynamique, dans la rue presque déserte, enjambant le jet d'eau que dirige l'homme que j'observais jusque là de la fenêtre, en buvant mon café. Ainsi, à l'heure où habituellement, j'étais sereinement installée dans mon confortable pull, pelotonnée pour travailler, ou à siroter une tasse de thé bien chaude en me brûlant le bout des lèvres, je m'efforce d'avoir l'air parfaitement réveillée, face à 35 paires d'yeux qui se demandent qui est cette petite chose blonde qui saute dans tous les sens pour leur transmettre ce qu'est le droit, et, enchaînant les cours, jusqu'au début de l'après midi, de leur donner l'impression que je leur dis pour la première fois ce cours que je répète 12 fois en une semaine.... Une fois le devoir accompli, je rentre, à l'heure où d'autres regagnent leur travail, et je me surprends à sentir mon estomac, que j'oublierai presque, tant je suis encore imprégnée par l'euphorie et la concentration mêlées.

Et puis il y a ces quelques moments épiques, comme ce matin où j'ai ouvert un oeil à 7h37.

-7h37?, m'a dit mon cerveau

-"Non..., pas possible"... lui ai-je répondu mentalement, en refermant les yeux, avec le calme de celle qui se dit que ce ne peut être qu'un cauchemar
Puis, les rouvrant quand même, juste pour vérifier, "NOOOOONNN!! Ce n'est PAS possible!!!! Bon sang!!! (je suis super polie, même au réveil).

Et, d'une course sous la douche à une autre dans mon escalier, un imper dans une main, une pomme sous le bras, les cours de l'autre côté, tout en cherchant du bout des doigts dans mon sac archi trop plein où pouvaient s'être cachées les maudites clés de la Turtle's car, arriver devant la voiture, essoufflée, marque de drap encore sur la joue, et constater dans un cri de désespoir -momentané -que les clés de la voiture sont restées dans l'appartement, en haut des escaliers, au bout de la rue!... Courir, en se disant que cette fois, c'est vraiment mort : en retard la prof, en retard la Turtle! Repartir dans l'autre sens, finir par arriver à la fac, après avoir conduit d'un oeil, s'être maquillée l'autre d'une main, en mangeant la pomme, dirigeant la voiture à l'aide du coude... Se laver les dents dans les toilettes en priant pour que les étudiants qu'on croise, intrigués, ne soient pas les notres, et arriver, fin prête à 8h01 en cours : même pas mal!


Quelles que soient les péripéties, retrouver l'excitation des premières heures de cours, la satisfaction immense de lire dans le regard des étudiants qu'on allume une étincelle d'intérêt ou de compréhension, qu'en leur parlant d'avenir et de réussite, ils s'imaginent, l'ombre d'un instant, dans cette robe noire et blanche dont ils rêvent. Etre l'interlocuteur privilégié de ces dizaines de paire d'yeux, rivés sur vous, attendant de comprendre ce qu'ils soupçonnent de cette matière juridique et moins impressionnés par votre plus jeune âge, proches et confiants. Et moi, pleine d'énergie, je profite de cette dernière année, savourant ces instants qu'ensuite je ne vivrai plus de la même manière.

L'autre temps fort de ces dernières semaines a eu lieu à l'occasion de l'anniversaire de ma P'tite Caille. Le jour J, l'évènement m'était sorti de la tête, effacé, au milieu de cette course permanente. Pour rattraper ce loupé magistral en créant un vrai moment de partage autour de cet évènement, célébré quelques jours après, est née une brillante idée farfelue dans mon esprit de Turtle. Comme j'avais retrouvé avec un plaisir immense la beauté de l' Ardèche durant le mois de juillet , c'est par ma faute que toute la Turtle's family s'est retrouvée en route pour les Gorges de l'Ardèche, dimanche dernier, au petit matin, avec au programme une Via Ferrata surprise...

La bonne blague. Ma P'tite caille avait fait la fête jusqu'au milieu de la nuit, la veille, et semblait aussi frais et dispo à se suspendre à 90 mètres de hauteur qu'un homard est prêt à se faire ébouillanter... Pôpa, conducteur émérite fidèle à son instinct légendaire, passant par quelques rallongis de son cru (i.e., dans mon vocabulaire personnel, un raccourci qui tourne mal) nous a fait visiter toutes les impasses de l'Ardèche, nous faisant arriver avec une bonne heure de retard au Pont du Diable, où nous attendait notre patient guide... et pourtant. Dès l'instant où j'ai attaché les harnais, baudrier et autres mousquetons, -sans oublier non plus le casque, extrêmement seyant- je me suis sentie immédiatement dans mon élément. Il faisait un temps splendide, le froid n'était pas encore là, et le soleil faisait jouer à la forêt ardéchoise les prolongations d'un été indien....




Dès la première seconde, arpenter les chemins de pierre, sous les châtaigniers, passer devant les tombées de roche, et enfin, rentrer dans la danse.

S'attacher et trouver peu à peu ses appuis, retrouver le sens de l'équilibre, chercher la prise, se faire confiance, avancer, une main après l'autre, un pied, puis l'autre, concentrée. Regarder les autres, mitrailler dans tous les sens, hilare. Serrer les dents en voyant Pôpa se lancer sur la tyrolienne, se dire qu'on espère que son coeur tiendra, quand même! Passer ainsi 2 heures et demi de pur bonheur, de sensations, d'efforts...

Finir par une grande balade dans les bois, en quête de kilos de châtaignes à faire griller dans la flambée, le soir même...






Nous sommes rentrés, fourbus, heureux, et les muscles déjà un peu endoloris de cette belle journée d'automne... Et de fil en aiguille, l'oeil collé à la fenêtre, observant les kilomètres se dérouler sur le bitume, la nuit tombant, j'ai repensé à une fête de la Châtaigne, célébrée près de Cannes, il y a deux ans, où, hasard d'un étal, j'avais découvert pour la première fois la saveur unique d'une spécialité n'ayant rien à voir avec la Châtaigne, ni même avec Cannes, puisqu'il s'agit d'une spécialité bordelaise : j'ai nommé le Cannelé!

Et bien oui... et pour cette raison, dimanche dernier, en pensant que j'allais déguster le soir même des marrons grillés recouverts d'une noisette de beurre salé, j'ai eu une furieuse envie de refaire ces petites mignardises absolument irrésistibles! Et c'est ainsi que j'ai refait ma recette ultra classique, testée la première fois il y a deux ans et plus changée depuis!





Voici donc la recette des Cannelés bordelais découverts lors d'une fête de la Châtaigne

ceux-ci ont été réalisés dans les moules à muffins, car je n'avais pas assez de moules à cannelés, ça les rend un peu moins jolis, mais tout aussi bons



Ingrédients : Pour une quinzaine de cannelés


  • 1/2 L de lait entier ou demi écrémé
  • 1 gousse de vanille
  • 2 oeufs entiers et 2 jaunes
  • 1 bonne CS de rhum
  • 100 g de farine
  • 250 g de sucre
  • 50 g de beurre demi-sel


Marche à suivre:


  • Faire bouillir le lait avec la gousse vanille fendue en 2 dans le sens de la longueur, et les morceaux de beurre
  • Mélanger le sucre, la farine
  • Incorporer les oeufs et les jaunes d'un seul coup et battre vigoureusement, jusqu'à obtenir une pâte bien lisse
  • Verser le lait bouillant progressivement, bien mélanger
  • Ajouter le rhum, quand le mélange a refroidi
  • Mettre au frigo au moins 1 heure, le mieux étant de laisser la pâte reposer toute une nuit
  • Faire préchauffer le four, th 10 (soit 240 ou 250 °C)
  • Verser la pâte dans les moules à cannelés (pour ma part, moitié dans les moules à cannelés, moitié dans des petits moules à muffin, ça marche quand même)
  • Les mettre dans le four 5 minutes, puis baisser le four th 6 (180 °C) et continuer la cuisson 55 minutes (en surveillant, de façon à ce qu'ils ne brûlent pas, si nécessaire, recouvrir d'une feuille de papier aluminium)
  • Démouler chaud, et manger tiède ou froid

Bilan des courses:


Alors, la vraie difficulté consiste à ce stade à expliquer à quelqu'un qui n'a jamais goûté les cannelés la merveille que peut être ce gâteau. Oui, parce que pour ceux qui connaissent, ils ne peuvent qu'adorer, forcément.

Bon, c'est d'autant plus difficile que le cannelé ne ressemble véritablement à aucun autre gâteau, et c'est ce qui fait sa richesse et son authenticité, du reste. Alors disons que s'il fallait le mettre dans une famille de desserts, il figurerait plutôt dans celle des flans ou des fars, en termes de texture. Le coeur est en effet assez dense, moelleux, au bon goût de vanille et de rhum, et l'on jurerait qu'il n'y a que quasiment pas de farine. Au delà de cette texture, ce qui fait l'extrême originalité de ce gâteau, c'est bien sûr son contour. Ce dernier est caramélisé. C'est tout bonnement magique. Quand on croque dans l'un d'eux, c'est sur ce caramel que l'on tombe, faisant du contour un tantinet élastique, un élément croustillant à la fois, du pur bonheur.

Ce qui me plaît davantage encore, et qui a dans l'instant fait que Pôpa et Turtle's Mum ont adopté ce gâteau dans leur top ten des gâteaux préférés, c'est qu'avec 50 grammes à peine de beurre, on le dirait tout plein de bonnes matières grasses (oui, je sais c'est totalement politiquement incorrect de parler ainsi, mais franchement, sans même parler du bonheur de mordre à pleine dents dans un kouign amann aux 500 grammes de beurre, pensez seulement au bon goût du beurre fondu sur une tartine de pain chaud, recouverte de gros morceaux de chocolat aux noisettes... vous l'imaginez là, le goût du beurre fondu? ).

Et puis... ce bon goût de rhum... et de vanille.... Allez, il est temps à présent de vous laisser, non sans vous remercier de passer toujours à l'occasion par ici, malgré mon manque d'assiduité... je ne suis pas loin, sachez le!

Conté par Alhya at 10/21/2007 08:09:00 PM | 56 comments

octobre 08, 2007

Navarin d'agneau, légumes anciens dorés au thym et au laurier, pour un souvenir de vacances

Aujourd'hui, pour remettre un pied énergique dans la blogosphère culinaire, j'ai choisi de participer à un jeu lancé il y a peu de temps.


Ce dernier est organisé par 750 g, site de cuisine qui m'avait fait le plaisir de me contacter l'année dernière pour réaliser une petite interview (ça, avouez que c'est la classe!! A rajouter éventuellement dans le cv, ou à préciser dans le cadre d'une entreprise-séduction, on a jamais trop d'argument vendeur) et organise depuis quelques mois des concours. J'avais loupé les précédentes éditions, par manque de temps, mais comme celle-ci a pour objet les souvenirs de vacances et qu'il se trouve que je rentre précisément de mes vacances, allons-y gaiement! Bon, étant donné que mon blog est en vacances permanente depuis fin juillet, je ne vais pas vous refaire le coup de vous parler de la Bretagne. Non, en revanche, bien envie de vous causer un peu d'un petit plat réalisé là bas et qui me rappelle une fabuleuse soirée de la mi-septembre, au cours de mes vraies vacances volées à l'heure où tous avaient repris le chemin de l'école...

-J'ai bien failli faire d'une pierre deux coups et tenter de participer au jeu lancé par Murielle et Stanislas, Mille et une escales en Bretagne, puisque je l'ai réalisé là bas, mais j'ai eu beau me creuser la cervelle, impossible de faire passer un navarin d'agneau aux légumes anciens pour un plat breton, même si, en l'occurrence, deux bretons forts respectables ne se sont pas remis de sa découverte, ça me semblait quand même un peu léger, comme argument!-.


Ce souvenir là commence par le prêt d'un plat en terre magnifique.
Ah non, pour être tout à fait exacte, il y avait eu ce dîner, quelques semaines auparavant, partagé dans une maison du bonheur, où la cuisinière, entre les emplois du temps saturés de ses enfants et malgré les heures passées à la plage, avait réussi à concocter un de ces repas traditionnels, aux saveurs inégalables, à l'authenticité aussi développée que la générosité chaleureuse qu'il procure quand on s'en délecte. Cette amie nous avait réuni, à l'heure où le soleil se couche juste derrière l'immense rocher du Castel, toujours rougeoyant dans son dernier effort contre l'obscurité, autour de sa grande table en teck, sous l'auvent de la petite cabane en bois, au fond du jardin, pour que l'on savoure quelques verres bienvenus (je ne veux rien entendre sur la prétendue tendance alcoolique d'une certaine Turtle rentrée de Bretagne : le vin, c'est couleur locale, là bas, je m'adapte c'est tout) , avant de dévorer dans la fraîcheur humide de la nuit, un sublime navarin d'agneau.

Il faut que je précise que si, longtemps, la cuisine traditionnelle m'a intimidée, c'est que je n'ai pas appris dans la chaleur d'une cuisine hivernale comment préparer les ragoûts et autres pot-au-feu dont le secret se cache dans les vieilles marmites, dont les ingrédients et le secret sont chuchotés à l'oreille ou transmis, recette griffonée sur un papier centenaire. Je n'en connais ni la langue, ni la danse des ingrédients, et c'est toujours avec respect et émotion que je déguste ce genre de plat.

Au mois de septembre, en sillonnant les routes du nord de la Bretagne, nous avons croisé sur notre chemin quelques unes de ces personnes rares, celles dont la générosité transparaît dans la cuisine, qui vous convient de manière impromptue à partager la soupe maison qui mijote, sans hésitation, et partagent naturellement la chaleur de leur foyer rayonnant de joie de vivre, simple et définitivement accueillant. C'est alors que la magie qu'opère cette cuisine là m'est brusquement apparue -si vous ne voyez pas le lien entre l'accueil impromptu et ces plats mijotés qui séjournent dans des grands plats en terre ou des marmites en étain, c'est que vous avez rarement franchi le pas de ces vieilles maisons bretonnes là-. J'ai donc ressenti, un beau matin, une brusque et furieuse envie de passer à l'acte, enfin. A moi, le navarin d'agneau.

Pour la petite histoire, j'avais choisi de faire ce dernier alors que deux convives étaient de la fête, ce soir là. Lorsque, la veille, j'avais émis l'idée de réaliser un navarin, tranquillement installée devant le feu, Pôpa s'était contenté d'un :
- "Navaquoi?"
Ok, l'homme n'avait pas dû sortir de ses cavernes depuis 45 ans....
- tu veux pas faire des galettes? c'est bien, des galettes (de blé noir -ndlr)
- non, c'est bien l'agneau, ça change
- ben, si tu veux...., avait-il concédé, avec ce ton si engageant qu'il prend quand il sait qu'il va falloir céder, mais que ça lui dit rien qui vaille, pour ajouter après un silence, "ou on fait des galettes..."

Cette entrée en matière n'avait pas précisément pour effet de me rassurer. Vous comprenez, quand vous feigniez courageusement, pour les besoins de la science, ou de votre palmarès culinaire personnel, de vous lancer et que vous vous retrouvez alors en position de convaincre un peu téméraire que vous avez raison d'oser... une fois l'argumentaire fini, vous vous sentez un peu p'tiote dans votre grande cuisine avec vue sur la mer... Vous vous imaginez déjà en train de sacrifier un agneau qui, comme dans la fable de Jean de la Fontaine, tète encore sa mère, sur l'autel de cette nouvelle expérience.

Ce soir là, tournant une bonne demi-heure l'idée dans ma tête, j'avais fini par conclure avec moi-même, pour avoir une chance de m'endormir, "nous verrons demain, selon l'envie..."

Le jour J, après avoir passé une petite heure à barboter dans l'eau d'une piscine d'eau de mer, avec vue sur la Manche et les Pink stones, à découvrir aux côtés d'une nuée de femmes ayant deux fois au moins mon âge, l'aquagym (oui, la turtle a eu quelques vélléités sportives pendant ses vacances), je suis rentrée chez moi, en faisant un petit détour par le petit marché de mon paradis breton. Là, sous un agréable rayon de soleil, contrariant la légère fraîcheur du mois de septembre, marchant tranquillement au coeur de ce marché restreint dans sa version automnale, mes yeux ont croisé l'étal coloré d'un producteur présentant ses légumes anciens, tous sublimes. Cédant à mon envie irrésistible, j'ai acheté, un à un, les légumes voués à se marier à ce navarin d'agneau, né dans mon esprit et définitivement adopté dans l'instant.
Et tant pis si mes convives étaient pour l'occasion deux bretons peu férus de légumes, peu aventuriers, à la dent solide autant que dure! Tant pis si mon comparse de vacances, était plus emballé à l'idée d'une bonne galette de sarrasin oeuf-fromage qu'à celle du navarin. Je me sentais tous les courages. Mon plat serait bon, je le sentais... et l'on se trompe rarement dans ces cas là, n'est ce pas?


Et c'est ainsi qu'est arrivé mon premier Navarin d'agneau aux légumes anciens dorés au laurier et au thym. -Si je dis "mon", c'est que, sans recette en Bretagne, je n'ai suivi que les conseils donnés par la propriétaire de ce sublime plat en terre et mon instinct du moment. Je ne peux certifier que ce dernier respecte les règles de l'art en la matière....-


Ingrédients: pour trois bretons découvrant les légumes anciens et le navarin et une Turtle, trop fière
  • 1 kg d'agneau (si vous êtes comme moi -i.e. que vous ne savez pas ce qu'il faut comme morceau de l'agneau ndlr-, vous précisez bien au boucher que c'est pour un navarin, comme ça, pas de risques !)
  • 4 petits navets tout jeunots et à la belle allure rosée
  • 2 patates douces bien charnues et rebondies
  • 2 grosses carottes sablées (parce qu'un peu de sable, en Bretagne, ça n'effraie pas la Turtle)
  • 1 panais
  • 1 gros rutabaga
  • 3 belles échalotes (les moches sont proscrites)
  • 2 cubes de bouquet garni -laurier et thym- ou 1cube de bouillon de volaille (ou du vrai bouillon fait maison, mais pour moi, cette option sera celle d'une autre vie)
  • un peu de farine
  • du beurre demi sel de belle qualité (acheté sur le marché, une merveille...)
  • thym séché, feuilles de laurier


Marche à suivre:

  • Commencer par rouler rapidement les morceaux d'agneau dans la farine (ils ne vous en tiendront pas rigueur, et ça détend)
  • Faire chauffer une grande sauteuse anti-adhésive, à feu vif, y jeter une belle noix de beurre pour qu'elle chante
  • Lorsque le beurre commence à fondre, placer côte à côte les morceaux de viande dans la sauteuse, et les faire dorer, toujours à feu vif, sur toutes les faces
  • Placer les morceaux ainsi dorés les uns à côté des autres dans le plat en terre, avec grande application
  • Peler, laver et couper les légumes anciens en gros carrés, à peu près de taille égale. Emincer les échalotes selon votre goût (j'avais laissé les morceaux assez gros, pour que l'on retrouve ces derniers une fois le plat mijoté).
  • Refaire fondre une belle noix de beurre dans la sauteuse, après l'avoir essuyée à l'aide d'un sopalin si nécessaire, y ajouter le thym et les feuilles de laurier et faire revenir d'abord les échalotes, toujours à feu vif, et une à deux minutes après, les légumes anciens. Le but n'est pas de les cuire, seulement de les faire dorer.
  • Une fois fait, placer les légumes au dessus de la viande, dans le plat en terre et mouiller un peu le tout à l'aide soit d'un peu de bouillon de volaille, soit d'un peu d'eau dans lequel on a fait fondre les cubes de bouquet garni, si vous optez comme moi pour cette solution
  • Couvrir le plat en terre de son couvercle et placer dans le four, th 4 ou 5, autour de 140 °C, durant au moins deux heures. Pour ma part, j'ai dû laisser cuire le tout 3h à 3h30, et je recommande donc d'en faire autant (pendant ce temps, yeuter la mer, mi-endormie sur un transat, en imaginant les autres au boulot).
  • Servir dès que les invités ont fini l'apéro et ne résistent plus à la sublime odeur émanant du four, dans des assiettes creuses, pour les remplir généreusement, comme il se doit.

Bilan des courses:

Je vous le dis tout net, sur ce coup là, je me suis tout simplement épatée! Après avoir commencé par se lancer modestement, le coeur vaillant mais le regard disant "quand faut y aller, ...", les deux bretons, soit disant peu adeptes de l'originalité et des légumes, y sont revenus pas moins de trois fois, faisant un sort à ce plat, jusqu'à racler le fond du plat en terre, parce que "ce serait dommage, vraiment, d'en laisser". Lorsque la femme du breton a osé dire "et bien tu vois, tu avais faim, finalement", le breton lui a alors répondu "ah mais moi, j'ai toujours faim, quand c'est bon". La conversation a alors tourné quelques minutes autour d'une question fondamentale : était-ce les vertus d'une bonne cuisinière ou celle d'une cuisson dans un plat en terre?, tranchant sur un cinquante/cinquante. Puis, mon breton de père, repus, m'a lancé un discret "tu m'apprendras, dis, ton navachose, pour cet hiver?", et j'ai souri.

Il y avait de quoi être fiérote et pour tout dire, ma jubilation était à la hauteur de mon appréhension de petite fille ressentie face à ce grand plat en terre, encore vide, quelques heures auparavant.
J'étais fière et moi même emballée, tout comme la quatrième convive, soit dit en passant. Le plat était exactement tel que je me l'étais imaginé, me baladant sur ce marché, mes légumes anciens à la main.

Ces derniers, comme confits par la lente cuisson et gorgés de la seule matière grasse de la viande, avaient l'air presque caramélisés, avec leur petite note sucrée pour certains, leur goût de noisette ou d'artichaut, pour les autres, ou encore leur saveur surprenante, un brin piquante, celle des panais. Ce mélange mi-sucré, mi-salé, mi-doux, mi-typé, s'alliait à merveille à la force de l'agneau, fondant à souhait, se détachant allègrement, dès l'approche de la fourchette, en fins morceaux irrésistibles. J'avais choisi de ne pas utiliser le bouillon de volaille mais des cubes de bouquet garni, pour ne pas nuire aux saveurs de la viande et je n'ai pas regretté, le thym et le laurier soulignaient parfaitement, dans leur simplicité, tant l'agneau que les légumes. Au fond du plat, le jus qui en résultait et que j'avais pris soin de verser sur les assiettes, n'en était que plus délicieux...

Avez vous remarqué combien, lorsqu'on partage un de ces bons plats, généreux, savoureux, réconfortants, la conversation se déchaîne, s'envole au rythme d'un rire bonhomme, du tintement des verres qui se remplissent de vin et des fourchettes qui rencontrent l'assiette? Une image d'Epinal, ce repas volé dans mon paradis breton, au crépitement d'un bon feu de cheminée, nappé des anecdotes de ces quatre brisquards, justes heureux de se retrouver une dernière fois, à la fin de l'été...

Je précise que si vous voulez voter pour cette recette (ou d'autres d'ailleurs :)), c'est par ici.

Conté par Alhya at 10/08/2007 11:53:00 PM | 55 comments