A Turtle in a Kitchen

a déménagé

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Désolée pour le dérangement...

A Turtle in a Kitchen: septembre 2006

septembre 29, 2006

Rouleaux de Printemps végétariens aux deux sauces parce que... j'ai décidé que c'était de saison!!



Aujourd hui, j'ai vu un rayon de soleil... il est arrivé doucement, comme par mégarde, à tâton... a peine dessiné sur le coin de ma page dactylographiée, déjà reparti... j'ai alors levé le nez et observé le ciel, entre les deux immeubles qui laissent apparaître un petit bout de nature dans mon environnement urbain, l'interrogeant du coin de la pupille : que fais tu p'tit Père? Te décides-tu à me redonner un rien de baume au coeur, ou est-ce que tu me nargues, juste pour le plaisir ? Pendant que je replongeais le nez dans mon bouquin, un autre est arrivé. je n'ai pas osé lever la tête, de peur de l'effrayer cette fois encore... puis un autre... alors je me suis mise à rêver que c'était l'été qui revenait... Du coup, j'ai fermé les yeux très fort et j'ai espéré... Juste à ce moment là, un gros nuage a obscurci à nouveau le ciel et a inondé mon salon d'une lumière palotte et sombre de celle que l'hiver nous octroie généreusement dans son immense mansuétude... J'ai alors pensé, "Fichu soleil, si je ne peux plus fermer les yeux deux secondes sans que tu fasses des tiennes et en profite pour me faire faux bond, où va t'on? ", à cet instant précis le soleil est réapparu ;-) "Et bien voilà, me suis je dit, le ciel m'entend, et m'obéit!! "... j'ai écris le reste de la matinée, les mains ponctuellement illuminées par des rayons joueurs, formant de jolies ombres chinoises sur mon écran d'ordinateur, un sourire en coin d'avoir ainsi apprivoisé le temps.
Avec un recul nécessaire de quelques heures sur cet évènement que j'analysais, sur le moment, comme tout simplement extraordinaire ;-p , j'ai réalisé que peut être que le ciel ne m'obéissait pas, ou pire, que si pour l'instant il m'obéissait, rien ne laissait présager qu'il allait répondre à mes prières vouées à faire revenir le soleil tout l'hiver et là, je me suis dit "qu'à cela ne tienne!! Tant que ce sera l'été sur mon blog, l'hiver n'aura pas gagné!!"... et puis, j'ai feuilleté les photos des recettes faites cet été et j'ai retrouvé ces petits rouleaux de printemps, fait un jour de catastrophes en chaînes...
Un matin, nous nous sommes réveillés avec une bien mauvaise surprise : notre système d'évacuation des eaux usées avait décidé de s'écouler dans le sous sol plutôt que de poursuivre sa route tranquillement à l'extérieur, pour rejoindre ses copines toutes aussi usées provenant des maisons alentour. Le genre de nouvelles dont mon père raffole, surtout quand ce fameux jour tombe un dimanche et, pour ne rien gâcher, un dimanche d'août... où les gens sont tous en vacances, surtout les plombiers, semble-t-il ;-). En un clin d'oeil, un parfum de catastrophe s'est brutalement répandu dans l'air, nous étions face à une situation de crise...
Pendant que tout le monde s'affolait, je tentais tranquillement de réaliser, dans mon coin, mon objectif de la journée : assouvir la furieuse envie de manger des rouleaux de printemps qui m'avait assaillie au réveil (j'ai envie de dire, chacun ses priorités, dans la vie ;-). Ces derniers, je les ai découverts il y a quelques mois, chez un petit Thaï, niché juste en bas de chez moi, où ils en servent une généreuse assiette, pour quelques euros à peine, en terrasse, un vrai bonheur. Bon, le seul problème c'est que je n'avais pas noté de recettes sur mon livre de recettes magiques, ou en tout cas, j'étais tout bonnement incapable de retrouver où elle était notée parmi les centaines de recettes à présent notées (un de mes biens les plus précieux, ce carnet, si je le perds, si un incendie me l'enlève, je crois que je serais prête à tuer père et mère ;-)! je ne suis pas matérialiste, mais celui là, j'y tiens trop). Du coup, seule en tête à tête avec la turtle pour décider ce que je devais mettre dedans, j'observais le contenu des placards (parce qu'avec la fuite dans le sous-sol, hors de question de demander à quiconque d'aller m'acheter quoi que ce soit au supermarché, même pas la peine d'y penser...) . Ces derniers, bien qu'accompagnés par un frigo censé être plein, en ce dimanche matin, m'ont poussé à faire des rouleaux de printemps parfaitement végétariens. Je me souvenais assez bien de la méthode pour faire les rouleaux, ce qui me manquait, en revanche, c'était une recette de sauce au soja. Finalement, j'ai totalement innové, en tentant le tout pour le tout. Comme j'avais très peur que le soja ne plaise pas à mes chers frères, guère habitués aux saveurs asiatiques, j'ai voulu faire aussi une sauce plus classique, sans pour autant qu'elle ressemble à une banale sauce vinaigrette ... Et c'est ainsi que, tombée nez à nez avec un reste de pistou, réalisé quelques jours avant, j'ai concocté des sauces mi-sud/mi-thaï.. , tout droit sorties de mon esprit farfelu...
Et cela a donné des Rouleaux de printemps tout végétarien aux deux sauces mi-sud/mi-thaï

Ingrédients: pour 10 personnes (2 rouleaux par personne)
  • 20 feuilles de riz
  • 1 boîte de maïs moyenne
  • 1 boîte de pousses de soja (je vous l'ai dit, je n'avais pas de produits frais...)
  • 8 carottes de bonne taille râpées
  • Une belle salade verte
  • 1/2 concombre
  • 150 g de vermicelles de riz

Sauce soja

  • Jus d'un citron
  • huile d'olive
  • sauce soja
  • menthe fraîche
  • sel et poivre noir (ou de séchuan)
  • 1 cc sucre en poudre (facultatif)

Sauce au pistou

  • 2 cuillères à soupe bien bombées de sauce au pistou (on peut l'acheter ou la faire soi-même, comme ici)
  • huile d'olive
  • une lichette de vinaigre balsamique
  • eau
  • sel et poivre noir
Marche à suivre:
  • Préparer dans des petits bols chacun des ingrédients: les carottes râpées, les pousses de soja, la salade lavée et essorée, le maïs rincé et égoutté, le concombre coupé en bâtonnets de 7 à 8 cm de long, et enfin les vermicelles de riz, cuits selon la méthode (en général, on les plonge dans l'eau bouillante 3 à 4 minutes et on les refroidit sous l'eau froide immédiatement après)
  • Séparer les feuilles de riz les unes des autres
  • Humidifier un linge propre (de préférence ;-)) et l'étaler à plat sur le plan de travail
  • Mouiller la première feuille de riz (là, je conseille vivement de mouiller les feuilles les unes après les autres, sans tout mouiller en bloc, ce qui était ma première intuition de flemmarde et qui s'avère être une fort mauvaise idée), de façon à ce qu'elle ramollisse bien
  • Déposer la feuille de riz sur le linge humide, face à soit
  • Disposer au centre de la feuille une belle feuille de salade verte, une petite poignée de carottes râpées, quelques grains de maïs, un bâtonnet de concombre, quelques pousses de soja, et une petite poignée de vermicelles de riz, le tout en faisant une sorte de cylindre au centre de la feuille de riz
  • Replier les côtés droit et gauche de la feuille vers le centre, sur le cylindre, et rouler le tout en partant du haut et en revenant vers soit (c'est hyper dur à expliquer comme ça!! ;-)pour une technique de roulage voir ici, sur le blog de Dara)
Pour les sauces, je suis confuse, je n'ai pas pris les mesures. Il faut donc faire au pif, mais je vous fais confiance, le tout est d'obtenir une consistance agréable au goût.

Bilan des courses :

J'ai confectionné avec amour chacun des vingt rouleaux de printemps (oui, oui, un jour, ils se souviendront, émus, de ma patience de Turtle.. ou... peut être pas!)... Je peux vous dire que je l'ai fait cette fois-là, très motivée, mais je ne le ferais pas tous les jours pour autant de personnes! Pour me rendre plus zen encore, toutes les cinq minutes on me hurlait du sous sol de ne surtout rien vider dans l'évier (bon cette information, je l'avoue, je l'ai légèrement oubliée quand j'ai déversé dans le siphon, en vrac, l'eau de conservation du maïs, des pousses de soja, et que j'ai nettoyé à grandes eaux la salade... et bien oui! dans le feu de l'action, j'ai omis qu'il ne fallait pas ... !)

J'ai laissé les rouleaux une petite demi heure au frigo, le temps que tout le monde soit enfin réuni autour de la table. J'avais servi deux rouleaux par assiette, et mes frères en s'asseyant les uns après les autres ont tous dit "c'est quoi, ça? " d'un air un peu dégoutté, franchement sceptiques... j'ai répondu "des rouleaux de printemps" , information auquel ils ont rétorqué "mais ça se cuit pas NORMALEMENT?" l'air de dire que je cherchais juste à les assassiner en les faisant manger du papier carton...

A ce stade là, je m'inquiétais fort, me disant que ce n'était peut être pas le jour pour innover... que l'état d'esprit n'était pas franchement à la découverte et à la bonhomie... qu'un bon plat de coquillettes au fromage aurait sans doute était bien plus approprié... bref, je regrettais déjà les 2 heures passées debout, la tête courbée au dessus de chacun de ces satanés rouleaux.... l'ambiance morose de la matinée était en train de m'envahir et j'étais à deux doigts de tourner le dos à mon enthousiasme du matin que rien n'avait encore entamé. J'ai baissé le nez dans mon assiette, après leur avoir expliqué qu'il y avait deux sauces et qu'il fallait qu'ils testent chacune, sans dire ce qu'il y avait dedans... N'entendant au départ pas un son, j'ai finalement osé relevé le nez de mon assiette quand j'ai tout à coup entendu des "hummm c'est bon!!! Tiens, repasse moi un peu de la sauce maronnasse là" (toujours sympa, hein, mes frérots.. ;-)) ... Tout le monde s'est mis à se détendre, puis à rigoler, décrivant la tête de papa face à la catastrophe du matin.

C'était gagné !! j'avoue que j'ai enfin, à ce moment précis, pu apprécier moi-même mes rouleaux et mes petites sauces bien surprenantes, mais franchement sympathiques! Mes frères ont préféré la sauce au pistou, qui est celle qui est partie le plus vite. Papa a adoré la sauce au soja... En fin de compte, les rouleaux restent parmi les plats que mes frères ont préféré cet été et pourtant, il n'y avait que des légumes dedans!! Une vraie victoire !

Je vous recommande vivement cette petite recette toute simple, qui à mon sens peut se déguster tout au long de l'année. Après tout, qui a dit que les rouleaux de printemps c'était que pour le printemps ? Ce petit plat peut très bien figurer au menu, quelle que soit la saison. L'été ce sera le plat principal, mais l'hiver, ce sera une petite entrée légère et colorée, qui fera rayonner un peu une journée un rien morose!Il est tout à fait possible d'ajouter quelques morceaux de poulet ou de viande, préalablement poêlés quelques instants dans un soupçon d'huile d'olive ou, mieux encore, après les avoir laissé macérer dans un mélange d'huile et de sauce soja. Pour ma part, je suis très fan de cette version qui s'avère très légère, tout en saveurs et fraîcheur!

Conté par Alhya at 9/29/2006 10:58:00 AM | 55 comments

septembre 25, 2006

Le radeau sablé de Fraises de plougastel sur crème patissière pour jeune trentenaire

Aujourd'hui est un grand jour! Jugez plutôt : j'ai accueilli ma première cuisinière électrique!! Oui oui, n'en déplaise aux gens que ce type d'information laisse indifférent ou perplexe, c'est pour moi un évènement de taille. Depuis six ans maintenant que j'ai mon petit chez moi, je n'avais jamais investi. J'avais donc une plaque électrique portable et un four dans lequel je n'ai jamais réussi à faire lever le moindre gâteau. Il me servait uniquement à réchauffer les plats vite fait, ou à gratiner... Mais ça y est, j'ai un vrai four à chaleur tournante et quatre plaques en vitrocéramique! Je suis trop excitée à l'idée de pouvoir enfin les étrenner avec toutes les recettes que je découvre sur les blogs et que je ne pouvais réaliser en semaine, jusque là !! Avant de pouvoir vous montrer mes réalisations en image, je vous livre aujourd'hui une des recettes réalisées cet été, avant de ne plus pouvoir...

Il s'agit d'un grand classique, mais réalisé pour un grand évènement : les 30 ans de mon Grand Yo

Quand on a la chance d'être né au milieu d'une grande famille, c'est un évènement, l'anniversaire, somme toute assez courant, mais qui reste un rituel fort important . Petite, je me souviens que nous nous chamaillons avec mon frère aîné au sujet, primordial s'il en est, de savoir quelle était la meilleure période pour fêter son anniversaire. Etait-ce le mois de mars, le mois de juin, août ou encore décembre qui remportait la palme? De mon point de vue, le mois de juin (mois de ma naissance) était tout bonnement le meilleur mois pour fêter son anniversaire. Six mois après Noël, les envies de jouet foisonnaient à nouveau dans ma tête rêveuse... Et maman savait à merveille lire dans mes remarques évasives quel serait le cadeau idéal. En outre, comme il faisait en général beau et chaud, j'avais tout loisir pour inviter foule d'enfants à célébrer avec moi cet évènement. Maman accueillait sans peur une bonne trentaine de marmots, guère effrayée à cette perspective, sachant pertinemment que nous nous ébattrions toute la journée entre le jardin et la place du marché sur laquelle débouchait notre jardin (un jour, je vous parlerai de cette place sur laquelle j'ai vécu une foule de fabuleuses aventures, petite, prolongement goudronné de notre maison, fort propice aux émotions fortes vécues, alors que j'étais lancée à toute allure sur mon vélo...). Ainsi, chaque année, je distribuais les invitations dans la perspective de cet évènement et nous passions six à sept heures à jouer à toutes sortes de jeux, à nous gaver de bonbons et à tourner autour du système d'arrosage de l'herbe automatique, en maillots de bain, bien plus amusant qu'une simple piscine... Pour sa part, mon grand frère, même s'il ne l'admettait jamais, avait nettement moins de chance. Né au tout début du mois d'août, il ne pouvait réunir autour de lui ses camarades de classe et s'il le fêtait avec ses cousins ou quelques copains que maman glissait souvent dans sa voiture à nos côtés pour passer les vacances, il ne pouvait profiter des moments de joie consistant à distribuer pendant la récré les petites enveloppes d'invitation à l'attention des mamans, préparées pendant des heures à la maison, à savourer le plaisir de partager dans le courant de l'après midi le gâteau d'anniversaire, en classe, et l'immense honneur d'être ce jour-là l'objet de toutes les attentions et gentillesses. Bref, petite, je n'aurais certes pas échangé ma date d'anniversaire avec celle de Grand Yo... Mais avec les années, j'ai comme un doute. En effet, et même si je continue régulièrement à célébrer mon anniversaire en bonne compagnie (souvenez vous...), je dois dire que les anniversaires de Grand Yo ont, au fil des années, gagné leurs lettres de noblesse.
C'est maintenant devenu un évènement au cours de notre été. Le moment où, tous, où que nous soyons en vacances, faisons en sorte d'être ensemble (quitte à décaler d'ailleurs de quelques jours la célébration de l'évènement) . Avec le temps ce type de moments où l'on est les uns avec les autres, réunis autour d'une grande table à déguster toute sorte de bonnes choses, est un fait très précieux... Souvent, comme cette année encore, nous sommes en Bretagne. Alors le rituel veut que nous dégustions un homard, dont je vous ai déjà narré l'histoire....
Cette année, pourtant, et bien que les Homards à la Dom allaient nécessairement et naturellement siéger en haut de l'affiche, j'avais bien envie d'apporter ma pierre à l'édifice et concocter un petit quelque chose pour mon grand frère, jeune trentenaire, à qui il fallait de toute urgence faire oublier ce cap difficile...
L'entrée, c'était tout bonnement hors de question.. Je vous ai déjà dit que chez nous, le concept d'entrée avait été totalement enterré avec l'argenterie et les napperons en dentelle, telle une chose inutile, poussiéreuse et vieillotte, figurant au sein des traditions que mon père avait totalement rejetées, avant que je réhabilite un peu la chose en passant derrière les fourneaux. Néanmoins, si Pôpa concède à présent qu'une entrée puisse éventuellement trouver sa place dans un repas équilibré, il perpétue ses traditions en considérant que lorsque lui passe derrière les fourneaux, pour concocter un de ses plats, HORS de question de se casser l'appetit avant le plein principal avec quoi que ce soit... ne serait-ce qu'une simple salade verte... Il est des combats dans la vie qu'il ne vaut mieux pas mener, et dans ma sagesse de Turtle, j'ai fait figurer celui-ci dans cette catégorie là. Soit, donc pas d'entrée... me restait, en toute logique, le dessert... J'aurais pu, comme d'habitude, innover, et concocter de mon côté et dans le plus grand secret une surprise. Mais j'avais surtout envie de faire plaisir. J'ai donc confié, quelques jours avant l'évènement, le livre Plaisirs sucrés de Pierre Hermé à mon Grand Yo pour qu'il se laisse tenter par l'une de ses alléchantes photos et m'oriente dans le choix du dessert. Je dis bien m'oriente, car je savais que je ne ferai probablement pas la recette telle qu'elle.
Fidèle à ses habitudes d'aventurier gastronomique, il décida que le gâteau le plus alléchant était... la tarte sablée aux fraises des bois...!
Et oui, et c'est dans ces moments-là, qu'on se dit, un rien dépitée qu'on avait qu'a pas demander si on ne voulait pas la réponse ;-)!! J'avoue que la turtle au fond de moi était un rien déçue... elle aurait volontiers, pour l'occasion, tenté l'aventure d'un gateau à étages ou d'un bavarois au fruits en mille-feuilles ou que sais-je encore, tout, mais pas une banale tarte aux fraises... Je dis banale parce qu'en plus d'être un dessert très classique, les originalités que présentaient la tarte telle que présentée par Pierre, the King of the pâtisserie, ne pouvaient pas être réalisées : il y avait une crème à base partielle de chantilly et ma soeur et son mari sont quasiment allergiques à la chantilly et Pierre préconisait de réaliser un sorbet et je n'avais pas de sorbetière... mais les désirs de Grand Yo étant des ordres, me voilà faisant contre fortune bon coeur... Il voulait une tarte aux fraises, j'allais lui faire THE tarte aux fraises! Bon, à ce stade là, plus facile à dire qu'à faire. Puisque je ne pouvais pas innover, il s'agissait au moins de choisir les ingrédients et la technique qui feraient de cette tarte bien plus qu'une simple tarte aux fraises...
Enfin, histoire de me simplifier la donne, nous étions 12 à table, et je n'avais aucune envie de faire deux tartes. J'ai donc décidé qu'il me fallait faire une tarte pour 12 en une fois!
Alors, puisque je n'avais pas de plat à tarte suffisamment grand pour réussir cela, j'ai opté pour une "reconstitution de tarte" ou plutôt ce qui c'est transformé en une version très épurée de la tarte aux fraises. Pour la réaliser, je suis partie de la crème pâtissière de Pierre, ainsi que de la pâte sablée utilisée pour sa tarte (finalement le seul élément que j'ai gardé de la fameuse recette choisie par Grand Yo ;-)), pour les fruits, j'ai choisi des petites fraises goûtues de Plougastel et quelques framboises, pour le décor.

C'est ainsi qu'est né le Radeau sablé de fraises de Plougastel sur crème pâtissière

Pourquoi un radeau? et bien, regardez, on ne dirait pas un radeau sur lequel on aurait mis des tas de petits mats?


Ingrédients : pour douze personnes
Pour le radeau sablé:

  • 250 g de de beurre demi sel
  • 250 g de sucre
  • 250 g de farine
  • 2 blancs d'oeuf
  • 2 g de levure chimique
Pour la crème pâtissière: (j'ai repris celle que j'avais fait et qui avait été une réussite absolue)
  • 50 cl Lait entier
  • 6 jaunes d'oeufs
  • 135 g de sucre semoule
  • 50 g de maïzena (j'en ai mis 65 g)
  • 50 g de beurre
Pour la garniture:
  • 750 g de fraises
  • 150 g de framboises
Marche à suivre:
pour le radeau: à faire quelques heures avant le montage
  • Pierre dit : Dans un saladier mélanger grossièrement le sucre, le beurre, les blancs d'oeuf, la farine et la levure. mettre une heure la pâte au réfrigérateur
  • Préchauffer four th 6
  • Etaler sur du papier sulfurisé la pâte sur une épaisseur de 4 mm environ, dit toujours Pierre (fine, quoi, pas la peine de sortir la règle, hein!). Là, normalement, on place un cercle à tarte dessus et on ôte la partie autour. Moi, je me suis lancée dans le façonnage d'un rectangle, en étalant directement sur le papier sulfurisé et en essayant de respecter la taille de ma grille de four.
  • Enfourner pour 25 minutes, sur la grille du four (dans mon souvenir, ça a duré 20 minutes pour moi, mais j'avais un four super performant et puissant, alors disons qu'il faut surveiller afin d'obtenir un radeau croustillant mais pas trop cuit. Je pense que Pierre aurait dit que ma pâte n'était pas assez cuite, mais je vous assure qu'ainsi cuite, elle était tout bonnement délicieuse!)
  • Sortir la grille et laisser refroidir une bonne heure le radeau

Pour la crème pâtissière: à faire aussi quelques heures avant et à laisser au frigo
J'ai la flemme de tout renoter, alors je vous renvoie pour la méthode détaillée et commentée de la crème façon Pierre ici .
Je précise cependant que j'ai rajouté 15 grammes de Maïzena pour avoir une consistance bien dense: je voulais qu'elle soit bien prise, pour l'empêcher de se faire la malle, à peine étalée sur le radeau. Pour plus de sécurité, j'ai laissé cuire un peu plus longtemps que le "premier bouillon" préconisé par Pierre.

Montage: quelques minutes avant le repas, ou mieux encore, juste avant le dessert
Recouvrir le radeau de l'onctueuse crème pâtissière, et répartir le plus esthétiquement possible (je n'ai toujours pas de talents en matière de décoration de gâteau... c'est définitif!), les fraises préalablement lavées, juste coupées en deux. Répartir, enfin, les framboises.

Bilan des courses:
Finalement ce radeau est proche, dans l'esprit, de la Dacquoise noisettée aux fraises que j'avais réalisée pour l'anniversaire de ma soeur en mai.
Cependant, elle est très différente en goût et si la présentation est assez similaire, le radeau sablé fait ici la différence. La pâte est réellement très croustillante, "crissante, granuleuse" selon les termes mêmes de Pierre... et j'avoue que le contraste avec l'onctuosité de la crème pâtissière vanillée et la légère saveur acidulée des fraises de Plougastel était idéale!
C'est simple, tout le monde a repris du Radeau sablé, après en avoir déjà dégusté un gros morceau et malgré le fait que nous nous soyons déjà largement régalés des Homards à la Dom. Nul besoin de vous dire que tout dépend encore de la saveur des fraises dont on parsème généreusement le radeau... Pôpa a dit, un rien dépité "avec tes talents de cuisinière, même mes Homards semblent quelconques". Bien sûr, c'était faux pour les homards, qui étaient parfaits, mais je crois que ça signifie qu'il a vraiment apprécié ce petit dessert sans prétention!

En somme, cette recette convient parfaitement, même si elle est très classique, pour terminer un repas de fête. Elle est d'une simplicité enfantine et peut être réinterprétée en version individuelle pour les jours où vous êtes moins nombreux et où vous disposez de petits cercles à entremets pour former les radeaux.. A la question "est-ce que la forme change le goût d'un plat?", je serais tentée de répondre oui. Cette version n'avais pas le goût habituel des tartes aux fraises... probablement l'effet radeau, à moins que les quelques verres de champagne bus pour l'occasion ait changé ma perception des choses... ce qui n'est pas totalement improbable , -)

J'ai hésité à vous mettre cette recette, mais hier, j'ai croisé sur le Marché St Antoine à Lyon quelques étals comportant encore de bien belles fraises, alors si vous en voyez aussi, n'hésitez pas, avant qu'elles ne disparaissent jusqu'à l'été prochain!
Allez, pour finir, et même si ça date un peu maintenant, je te souhaite à nouveau une très très belle entrée dans la trentaine, celle de la maturité, de tous les challenges, mon Grand Yo, et qu'elle soit surtout pour toi celle de la rencontre de celle qui, comme ces petites bougies sur ce radeau, éclairera les années à venir,-), bon vent mon Yo!

Conté par Alhya at 9/25/2006 10:36:00 PM | 52 comments

septembre 21, 2006

Tarte aux Brugnons ensoleillés sur lit de crème d'amande


Même si je parle souvent de la Bretagne, ma cuisine est indéniablement marquée par les saveurs des produits de ma Drôme natale et encore plus par mes origines maternelles catalanes. J'en ai notamment hérité un furieux penchant pour les fruits et les légumes. Pas les pauvres choses que l'on croise sur un étal de supermarché urbain, non, ceux que l'on découvre au détour d'un marché coloré en Drôme provençale, gorgés de soleil, ou, ceux dont on se gave littéralement l'été quand on a la chance, comme moi petite, de vivre un mois au bord de la méditerranée. De ces longues semaines passées là-bas, il me reste principalement le souvenir d'une chaleur intense, assommante au départ... que l'on apprend petit à petit à surmonter, en apprenant ses rythmes. La vie y est différente, on y profite du soleil tôt le matin, puis en fin de journée. Entre les deux, l'on se terre dans des maisons aux volets fermés pour empêcher la chaleur d'y entrer et on joue, au calme, ou l'on dort, afin de se donner un peu d'énergie pour affronter les furieuses aventures que l'on s'apprête à vivre en tant que capitaine d'un navire jaune et bleu dont on ne voit, à sept ou huit ans, ni l'air qui le gonfle ni la structure en plastique, mais les perspectives d'évasion qu'il offre!

Je me souviens que l'un des évènements importants de la journée était constitué par notre départ pour la plage quotidien : il fallait consciencieusement remplir les grands sacs des seaux, pelles, serviettes, maillots de bains, nageottes, jouets divers et crèmes solaires (élément indispensable pour ma pauvre peau claire qui ne passait jamais le cap des premiers jours au soleil, sans devenir tout à coup écarlate.... Quelle sensation désagréable que cette impression de pouvoir littéralement cuire un oeuf sur le plat de mes cuisses ou de mon ventre trop longtemps exposés!! Heureusement, dans ces moments difficiles je pouvais compter sur le soutien de ma grande soeur, laquelle, munie de la même peau, nous approvisionnait en glaçons, que nous faisions lentement fondre sur nos cuisses rougies, tout en regardant la télé, le soir tombé).
Après un court trajet en voiture qui sentait le cuir chauffé et nous envoyait littéralement une claque de chaleur au moment d'y pénétrer, nous débarquions tous, nous récoltions chacun un sac, et il fallait alors, en file indienne, de la voiture rejoindre les quelques petits mètres carré de plage qui nous attendaient. Je me souviens du sable qui entrait progressivement dans mes chaussures, me contraignant finalement à les ôter, choix cornélien tant son contact brûlait déjà la peau de mes petits pieds! Enfin arrivés (mais pourquoi on va si loin, maman, dis?), nous étalions soigneusement chacun notre serviette, en prenant soin d'y déposer des objets lourds aux quatre coins et nous filions directement dans l'eau, profiter de cette mer bien plus accueillante que sa cousine, la très fraîche Manche. Là, nous barbotions, passions des heures à construire des navires et châteaux éphémères, ou encore à rechercher les coquillages dentelés dans le sable fin. De temps en temps, maman nous distribuait quelques chouchous (ces petites noisettes caramélisées, vendues sur les plages), qu'elle déposait la plupart du temps, directement au creux de la bouche, pour nous éviter d'ajouter quelques grains de sable, de nos mains qui en étaient toutes recouvertes, à la fabuleuse sucrerie. Puis, tout à coup, c'était le branle bas de combat, l'heure du départ avait sonné: il fallait alors récupérer tout notre fatras en un temps record et refaire le chemin en sens inverse, sous une chaleur devenue écrasante, pour rejoindre le mas de ma grand mère pour le déjeuner. Lors du retour, nous nous arrêtions souvent dans l'une de ces maisonnettes de bois et de paille, construite, le temps d'un été, sur les bords des routes et annoncées par un véritable jeu de piste de pancartes, sur lesquelles on pouvait décrypter le prix de cagettes entières de nectarines, pêches, celui des melons, du raisin, ou encore des aubergines et tomates, nous permettant ainsi de constater les progrès de lecture réalisés d'une année sur l'autre. Maman nous traînait derrière elle, encore tous salés et "pégueux", pendant qu'elle faisait le plein de fruits gorgés de sucre et de saveurs, de légumes, à mes yeux gigantesques et aux couleurs surprenantes, avant de rentrer, afin de préparer une grande salade que nous dévorions, précédée d'un bon morceau de melon. Ces déjeuners dégustés un peu groguis par la mer, le soleil et la chaleur ambiante, avaient le goût de la simplicité et nous permettaient de faire le plein de vitamines tout en redécouvrant le plaisir de croquer à pleine dents dans des fruits frais, chose que nous faisions peu, le reste de l'année.
Une année, ma grand mère, une grande dame que rien n'effraie et qui n'est jamais à court d'idées lorsqu'il s'agit d'aider quelqu'un dans la panade ;-), n'était pas seule à nous attendre de pied ferme au début du mois : trônait à l'entrée de son Mas un de ces baraquements provisoires et c'est ainsi, qu'hilare de plaisir devant nos têtes surprises, elle nous expliquait qu'elle avait tout simplement fait la rencontre d'un de ces marchands, totalement pris au dépourvu, qui recherchait désespérément un emplacement. Ni une ni deux, elle l'avait accueilli et, en échange de cette hospitalité, nous avions libre accès aux étals de sa cabane de bois, nous lançait-elle alors dans un éclat de rire !! Autant dire que cette remarque n'était pas tombée dans l'oreille de sourds. Jamais nous ne nous sommes autant régalés de toutes sortes de fruits et légumes. Ce même été, ma grand mère m'avait confié la très haute mission de vendre des pin's au profit d'une association pour laquelle elle invente toujours d'ingénieux moyens lui permettant de récolter quelques fonds. Cela me donnait une bonne excuse pour passer des heures entières dans cette cabane qui me plaisait trop avec ses airs de maison de poupée. Collée, du haut de mes 7 ou 8 ans, aux baskets des jeunes vendeuses, qui me fascinaient avec leur l'accent du sud et leur spontanéité déconcertante, je découvrais l'art de la vente. Elles m'apprenaient aussi comment peser les légumes et je me nourrissais de prunes, de raisin, mais surtout de brugnons, à longueur de journée.
Cet été, à défaut de sentir l'odeur de la résine de mes pains catalans et de déguster sur la plage de délicieux chouchous, j'ai eu envie de cuisiner une petite Tarte aux Brugnons ensoleillés sur un lit de crème d'amandes... et c'est toutes les saveurs du sud qui ont débarqué dans ma cuisine bretonne!
Evidemment, je n'ai pas noté la recette telle que je l'aie exactement réalisée (ce n'est pas de ma faute, j'ai beau essayer, je n'arrive que très rarement à suivre à la lettre une recette), je n'ai sous les yeux que la version dont je me suis très largement inspirée et que j'avais relevé il y a plusieurs années, sur un magasine de cuisine, mais je vais essayer de retrouver les modifications réalisées ;-). Il s'agissait normalement d'une tarte aux abricots mais ce jour là, j'avais craqué sur de beaux brugnons achetés sur le marché le matin même, me rappelant furieusement ceux que je dégustais petite
Ingrédients:

Pour la pâte sablée :

  • 200 g de farine
  • 120 g de beurre mou (demi-sel de préférence)
  • 100 g de sucre
  • 2 jaunes d'oeuf
  • 1 CS d'amandes en poudre

Pour la garniture :

  • 4 ou 5 brugnons (compter environ 600 g)
  • 50 g de beurre
  • 50 g de sucre
  • 50 g d'amandes en poudre
  • 1 oeuf
  • 1 jus de citron (facultatif)
  • un peu de cassonade (facultatif)


Marche à suivre:

  • Faire chauffer le four th 6
  • Mettre dans un saladier la farine, le sucre, la cuillère à soupe (bombée ;-) de poudre d'amande, et le beurre en cubes, mêler avec les doigts jusqu'à l'obtention d'une consistance sableuse
  • Ajouter les deux jaunes d'oeufs et mêler rapidement du bout des doigts pour répartir bien le jaune et obtenir une pâte bien uniforme, si nécessaire ajouter un filet d'eau pour obtenir une pâte facile à travailler
  • Etaler la pâte sur un plan de travail fariné, puis la foncer dans le moule à tarte (si le moule n'est pas en silicone, ne pas oublier de bien le beurrer)
  • Placer le plat à tarte au congélateur une vingtaine de minutes
  • Pendant ce temps, laver les brugnons (avec beaucoup de soin, si comme moi, vous optez pour des brugnons non épluchés... je vous avoue que je préfère cette version que je trouve plus savoureuse, mais aussi parce que c'est plus rapide, je l'admets ;-)
  • Découper des lamelles de brugnons en tournant autour du noyau, en essayant d'avoir une découpe régulière (comme ça, tous les morceaux cuiront à la même vitesse)
  • Préparer la crème d'amande : battre le beurre pommade, y ajouter progressivement en fouettant (il est possible d'utiliser un batteur électrique, bien sûr!) le sucre et la poudre d'amandes, enfin, incorporer l'oeuf et battre quelques secondes, afin d'obtenir un mélange très onctueux
  • Faire cuire le fond de tarte dix minutes dans le four préchauffé
  • Répartir à l'aide d'une spatule la crème sur le fond de pâte précuit (il y en a juste assez pour couvrir d'une fine pellicule le fond, ce qui est normal)
  • Répartir dessus les morceaux de brugnon en corolle, y verser un petit filet de citron si l'on souhaite ajouter un soupçon d'acidité qui "puntchise" les saveurs
  • Glisser au four, entre 20 et 30 minutes, jusqu'à l'obtention d'une légère coloration de la pâte et des brugnons (laquelle peut se transformer en réelle caramélisation, si l'on ajoute un rien de cassonade sur le dessus au cours de la cuisson : chose que je m'étais promise de faire et que j'ai lamentablement oublié... je l'avoue!)
  • Sortir du four et laisser refroidir un peu

Bilan des courses:

Cette tarte peut être dégustée tiède, quelques minutes après être sortie du four, accompagnée d'une boule de glace ou encore totalement fraîche après quelques heures passées au réfrigérateur. Pour ma part, j'aime la version dégustée tiède... mais chacun ses affinités et le passage au frais laisse le temps aux saveurs de s'épanouir... ce qui est encore un autre voyage!

Elle est savoureuse tout en étant légère... les brugnons, légèrement arrosés de citron et de cassonade, gardent leur douceur typée et se marient à merveille avec la crème d'amande qui semble border les fruits sur une pâte savoureuse et généreuse... En fait, en cuisant, les fruits rendent un peu de leur sirop, lequel se mêle alors fort gentiment à la crème pour constituer un petit matelas d'onctuosité fort agréable ;-)... Le tout n'est pas écoeurant car la faible quantité de crème permet de n'écraser ni les saveurs, ni l'estomac!

Bien sûr, ce qui fait la différence, c'est le goût des brugnons: s'ils sont fades, votre tarte sera juste bonne, mais si, comme moi, vous avez la chance de croiser de temps en temps la route d'un petit marchand de fruits ambulant qui vous confie le sort de brugnons bourrés de saveurs, alors vous obtiendrez une tarte qui renversera vos papilles...

Et si vous obtenez une tarte de ce type, ayez une petite pensée pour cette petite fille, assise derrière une caissette remplie de petite monnaie et une valise de pin's, perdue au milieu des fruits et légumes... ;-) !

Conté par Alhya at 9/21/2006 09:09:00 PM | 60 comments

septembre 18, 2006

le questionnaire sur le blog même, pour la vraie rentrée d'une Turtle à bloc!


Me voici de retour… J’émerge lentement de ces deux semaines en immersion totale dans la Bretagne que j’aime, comme l'on se réveille un matin, calme et serein, goûtant quelques instants encore l’impression laissée par un agréable rêve qui nous a conduit doucement au réveil…
J’ai retrouvé la Bretagne telle qu’elle est la plus belle à me yeux : celle que je peux m’imaginer mienne, se parant d’un voile de nostalgie, avec ses plages désertées, la nature semblant reprendre ses droits, elle se refait sauvage et naturelle, sans avoir encore la dureté, le côté un rien dangereux et mystérieux, voire austère, qu’elle peut revêtir parfois en plein hiver. En septembre, la Bretagne est encore riche de journées aux allures estivales. Tout à l’ouest, les rayons du soleil s’y prolongent encore jusqu’à tard le soir, donnant cette impression si agréable de voler un peu de soleil et de lumière à l’hiver. Elle est tout à vous donnée, délaissée qu’elle est par tous les touristes qui ont déjà retrouvé le chemin du travail. C’est ainsi que je la savoure le plus, dans toute sa simplicité, vraie et proche.
A peine arrivée, j'ai retrouvé avec grand plaisir la mer... il ne nous a fallu pas plus de deux minutes pour que l’on se ré-apprivoise, elle et moi, comme une évidence. Nous avons repris notre dialogue muet de compréhension mutuelle. Je comptais sur elle, lorsqu’à Lyon je luttais à retrouver mon rythme et mon envie de travailler. Et, comme je l’espérais, elle était là, imperturbable, faisant sans cesse évoluer le paysage sous mes yeux, m’encourageant à sauter de mon lit pour aller préparer un grand café bien noir, accompagné de bonnes tartines de pain de campagne, recouvertes d’une riche cuillérée de confiture et d’une fine couche de beurre salé. Puis, je m’installais, face à elle et là, elle me soutenait encore, tout au long des heures laborieuses passées à essayer de sortir de la période de blocage que je traversais. C’est ainsi que j’affrontais ma thèse, avec la Mer pour soutien, et dès que tout à coup j’étais prise d’un furieux désespoir et d’une non moins grande envie de tout lâcher…je levais la tête et retrouvais le roulis réconfortant de ses vagues…
Il y avait même le soleil, en bonus, réconfortant, re-dessinant sur mon visage une constellation de petites tâches de rousseur… et puis un ou deux bains, entre dix neuf et vingt heures, la conscience tranquille d’avoir bûché 8 heures d’affilée sur mon ordinateur. La mer se faisait totalement pleine et je marchais longuement, l’eau vivifiante à mi hauteur, le long de la baie en me nourrissant des rayons déclinants du soleil et d’un paysage indécent d’être si beau… enfin, les apéros avec mon breton de père, tous les deux confortablement installés dans des fauteuils en rotin, sur la terrasse, face à la mer, en train de deviser, un verre de blanc frappé à la main, et dévorant tout un tas de cochonneries salées ;-)... et puis il y avait les crevettes, les moules marinières, les galettes et les fars…Et parfois, quand au milieu de la nuit, je m’éveillais je croisais encore sur la terrasse la silhouette paternelle, fumant une dernière cigarette dans la pénombre de la lune pleine, et là, il ébauchait un sourire complice, et nous restions là, silencieux, tels deux enfants pris en flagrant délit…
Bref, une bonne dose de bonheur et de réconfort dont j’ai goûté chaque instant, mesurant à mesure que les jours passaient ma chance bienheureuse de pouvoir ainsi me ressourcer dans une Bretagne dans laquelle je peux puiser tant d’énergie. Hier, en rentrant dans mon quotidien lyonnais, j’ai eu un brin de nostalgie, bien sûr, mais contrairement à mon précédent retour, une sensation de plénitude, d’avoir enfin rechargé mes batteries, prête à affronter l’hiver et le quotidien que je refusais d’accepter, fin août.
Alors pour un retour en douceur, je pioche dans les nombreux questionnaires que l’on a gentiment décidé de me transmettre et je réponds à celui auquel m’ont invité, juste avant mon départ, deux personnes dont j’apprécie tout particulièrement les visites fréquentes et plus encore les blogs respectifs. Il y a le très bluffant, subtile, original et fin cuisinier Eric de Boire et manger ; et la non moins pétillante, spontanée, surprenante et généreuse Bénédicte, qui pour moi est à jamais la figure de la bretonneuse bretonnante, ma Be good, celle de la chaleureuse Bihan bicoque !

ça, c'est juste pour dire, j'ai vraiment travaillé!! ;-)

Comment avez-vous découvert les blogs culinaires ?

Le fruit du hasard, comme la Be Good… je connaissais depuis quelques temps marmiton, sur lequel je passais régulièrement, mais en spectateur, je n’avais jamais participé à un tchat de cuisine. Et puis j’ai dû tomber par hasard sur un lien, je n’arrive plus à me souvenir. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’après, je suis passée de lien en lien, sur de multiples blogs, les rentrant au fur et à mesure dans mes favoris. J'y ai passé plusieurs jours, j'y retournais plusieurs fois par jour, comme une enfant découvrant une caverne d'ali baba, c'était trop magique ;-)!
Quel blog vous a le plus inspirée au début de votre aventure ? Celui qu vous a permis de dire "Moi aussi, j'ai envie !" ?
quand je repense aux tous premiers blogs qui m'ont marquée, c'est celui de Clipoye ainsi que celui d'Anne, Papilles et Pupilles, qui me viennent à l'esprit. Ils étaient bourrés de bonnes idées, de recettes idéales à tester dans des familles nombreuses... j’ai été tout de suite impressionnée par leur côté pratique : ils étaient extrêmement clairs, très variés et riches, bien organisés, tout donnait envie!
Puis, j’ai découvert l’extrême diversité des blogs, certains pleins d'une grande spontanéité et de fraîcheur, comme celui d'Omelette, d'autres plus raffinés, alliant l’originalité à la délicatesse d'une sublime présentation, comme celui de Mercotte, d’autres sur lesquels j’esquissais un sourire, à chaque passage comme celui de Marion . J'ai ensuite croisé la route de ceux qui narraient des histoires autour de la cuisine, comme le faisait si bien Liza. Je crois que c'est ce dernier élément qui m'a fait tilt'. Enfin, ça été le choc de l’imagination et de la subtilité dont faisaient preuve certains, dans l'élaboration de recettes qui étaient servies par une présentation avec des photos sublimes, comme celui de Claire Emma. Bien que ce soit dur de me souvenir précisément, je crois que c'est à peu près dans cet ordre que je les ai découvert, et ce n'était qu'un début: bien vite, ma liste s'est allongée, et allongée encore! Mais je crois que ces tous premiers là m'ont davantage marquée, même inconsciemment, et ont influencé ma manière de concevoir le mien. En fait, je crois que mon blog idéal allierait un zeste de chacun de ceux là!
Enfin, je dois dire que certaines bloggeuses m'ont été d'une grande aide, dès le départ, me guidant dans mes débuts parfois difficiles, et me laissant les tous premiers commentaires, autant de mots qui m'ont grandement encouragé, elles se reconnaîtront je pense, et je les en remercie de tout coeur

Pourquoi vous êtes vous lancée dans l’aventure ?

J’ai, au départ, laissé des messages sur les blogs quand réellement, la recette me tapait trop dans l'oeil. Mais c’était un peu intimidant d’entrer ainsi dans un univers que je ne connaissais pas, je n’osais souvent pas laisser de compliments ou rebondir sur ce qui me faisait réagir. Et puis j'ai reçu des réponses, je me souviens notamment de celles de Clipoye, d'Omelette et de Liza. J'ai été toute surprise, et drôlement contente: je découvrais qu'à travers les blogs se créaient des contacts, qu'il y avait une réelle discussion qui pouvait se nouer.
Une partie du déclic, je crois que je l’ai eue quand j’ai compris qu'au travers des commentaires, les gens se connaissaient : je me souviens au début de m'être dit, "tiens, ils doivent se connaître dans la vie" et puis, au fur et à mesure, j'ai compris que tous les bloggeurs communiquaient, rigolaient, apprenaient à se connaître au travers de leurs blogs et ça, ça m’a donné envie de, moi aussi, pouvoir participer.
Je crois que c’est en partie pour intégrer cette famille que j’ai eu envie d’ouvrir ce blog, mais aussi, de façon plus consciente, parce que j’ai senti que j’aimerai faire partager ce que je vivais et découvrais de façon tellement forte avec la cuisine, quelque chose qui allait au-delà du simple fait de se nourrir agréablement. Une découverte de la vie, par une entrée détournée, l'art et l'envie de développer une curiosité des petites choses simples, qui pourtant font souvent toute la différence. Je ressentais finalement tellement de choses surprenantes en cuisinant, que je ne savais pas tellement partager avec les gens qui m’entouraient, soit parce qu’ils ne comprenaient pas, soit par timidité de ma part, de peur de paraître un peu ridicule. Finalement, j’étais parfois frustrée de ne pouvoir communiquer avec des gens vivant la même aventure. Ouvrir ce blog, c’était pour moi l’occasion de parler de ça, l'exprimer, comme une bouteille qu'on lance dans un océan: je ne pensais pas du tout que j'aurais un tel partage avec autant de personnes, si riches et diverses. tout ceci, je le dis maintenant, après 5 mois. Sur le moment, je l’ai ouvert sans réfléchir, un peu comme on fait une bêtise… ! Je me souviens de mon état d’esprit ce jour-là : l'humeur était au "pourquoi pas ? ". C’était un dimanche pluvieux, et je n’avais qu’une envie ce jour là, m’évader et surtout ne pas céder à la tentation de devenir aussi morose que le temps ;-)...


Comment et pourquoi avez-vous choisi ce nom pour votre blog ?

La belle question ! ;-)
D’abord, je dois dire que je voulais l’anonymat, pour être libre, sans contrainte, sans peur du jugement des gens que je connaissais…
Ensuite, la Turtle, la tortue, donc, c’est un personnage que j'empruntais parfois, adolescente. Je mimais une tortue avec mes copains, dans les moments où je faisais l’andouille, ou quand je me sentais totalement décalée, sur un terrain où, en quelque sorte, je n’avais aucune légitimité, où je n'étais pas du tout attendue. Alors quand j'ai imaginé ouvrir un blog de cuisine, c'est la première image qui m'est venue à l'esprit.
Je m'explique: il y a quelques années à peine, je me bornais à me nourrir, je ne cuisinais pas et, plus important, ça ne m'intéressait pas. Et puis, j'ai commencé à m'y plonger, mais pour moi, la cuisine était toujours un endroit où je ne me sentais presque pas à ma place, je m'y intéressais, petit à petit mais, toujours en dilettante, l'air de pas y toucher. En somme, c'était forcément pas sérieux, pour moi, de cuisiner. J'avais un peu l'impression de jouer à "je suis une grande cuisinière", riant sous cape de ce rôle que je savais pour partie usurpé ;-) : en bref, je n'y croyais pas moi-même et je ne me prenais vraiment, mais alors vraiment pas au sérieux et me sentais encore moins légitime ! Alors prétendre expliquer par le biais de ce blog comment cuisiner était vraiment très loin de mes prétentions! Ce blog ce ne pouvait être qu'une façon de dire à tous ceux qui, justement, n'y connaissaient rien et qui étaient pourtant curieux de découvrir, d'oser! D'où son nom, a turtle in a kitchen , car je vous le demande : que peut bien faire une tortue dans une cuisine, franchement? ;-) (l'anglais, c'est parce que je suis totalement belingue, comme vous vous en doutez ! )
Et puis, avec le temps, je me suis dit que l’image de lenteur associée à la tortue correspondait bien à ce qui doit être, selon moi, une des qualités pour bien cuisiner: savoir prendre le temps. Car la cuisine demande du temps, un temps nécessaire, plein, lent et qu'il faut apprendre à respecter… on découvre qu'on ne doit pas brûler les étapes. Il faut le temps de penser une recette, de choisir les produits, d'éplucher les légumes et de préparer les autres ingrédients, de faire ces dizaines de petits gestes qui feront la différence et enfin, si on a de la chance, on découvre le plaisir d' observer un plat mijoter …
Dans un monde où je suis toujours à 100 à l’heure, là, je ne peux pas, je suis forcée de ralentir, et j’aime cela…

Petit bilan personnel, ce que votre blog vous apporte ?

Ai-je réellement besoin de vous le dire ? Ce blog, c’est tout simplement un prolongement de ma passion, qui me permet un partage qui renforce et complète le plaisir que je vis dans ma cuisine En somme une immense joie, renouvelée et assez déconcertante! Je voulais, le jour de sa création, m'évader de la pluie, j'ai, en fait, ouvert une sacrée porte sur l’évasion ! Si j’avais su, à l’époque !! je ne présumais pas du tout quelle aventure ce serait, quelle découverte sur autant d’hommes et de femmes passionnants cela permettrait, au-delà des frontières, par delà les différences, à quel point une même passion pouvait générer d’affinités, abattre de barrières…C’est simple, c’est tellement fort et ça me plaît tellement que cela me pose un énorme problème : je dois me résonner en permanence pour ne pas poster quotidiennement un billet… Et dans le même temps, parfois, je m’en veux, je me dis que je ne donne pas assez par rapport à ce que les gens me donnent pas leurs passages, leurs commentaires laissés comme autant de petites pierres que je récolte avec toujours autant de plaisir… Mais de façon à continuer à partager avec vous ce qui correspond à ce que j'aime vraiment faire au travers de ce blog et qui semble vous plaire, et parce que j’ai par ailleurs des obligations, je suis contrainte de limiter mes billets… Mais sachez que si le nombre de billets devaient être proportionnel à ce que je ressens en lisant vos commentaires, je serais en permanence en train d’écrire !!
Allez, sur ces bonnes paroles, je vous laisse, sans oublier de vous dire à tous et à toutes qui me lisaient et passaient par ici, un grand, grand merci!

et comme c'est de tradition, je passe le relais (en espérant que vous n'y avez pas déjà répondu), à Isa des Gourmandises d’Isa, à Jean Pierre, de la Cuisine du jardin, à ce bon vieux Tit’, en souvenir du précédent questionnaire que j’ai eu l’honneur de lui envoyer et enfin à Véro de Cuisine métisse qui a débuté en même temps que moi !

Conté par Alhya at 9/18/2006 08:51:00 PM | 45 comments

septembre 03, 2006

Le gaspacho nouveau est arrivé: Gaspacho épicé Carotte-Potiron-feta et ses chips de Pancetta à la figue, amandes et noisettes grillées



Quand Miss Abradabra, alias Laurence, m'invite, au cours du mois d'août, à participer à un concours culinaire et ce, par un mail qui m'est directement adressé, nominativement, mon sang ne fait qu'un tour, d'excitation, avant d'aller se ruer dans mon cerveau. Avant même que ce dernier ait le temps de traiter l'information, j'ai déjà, du bout des doigts et plus vite que l'éclair ;-) répondu que je participe avec plaisir. Et aussi sec, je classe l'idée qu'il va falloir qu'un de ces quatre, je planche sur la question du gaspacho (car oui! c'est le thème du concours, regardez là, pour plus de détails), là haut, bien au chaud dans un p'tit coin de ma tête, parmi les milliers de choses à faire à la rentrée.

Bien sûr, le gaspacho, cette soupe froide à la tomate, je connais! En y réfléchissant un peu plus sérieusement, plus de nom que pour l'avoir réellement testé (j'entends en d'autres lieux qu'au détour d'apéro d'adolescents qui, séduits par l'idée d'accompagner les traditionnelles brochettes, chipolata et merguez du "BBQ-piscine annuel" de petits plats maison, se lancent à l'assaut de ce nouvel Everest, en préparant tant bien que mal, entre 4 fou rires et 3 verres de punch, -juste pour goûter -, un guacamole et un gaspacho à la tomate, à l'aide d'une brique de coulis , d'une tomate défraichie, d'un peu d'harissa et de deux trois trucs trainant dans la cuisine de maman).

En somme, on ne peut donc pas dire que je sois une habituée, encore moins une inconditionnelle de ce type de plats, d'autant plus que pour moi, la soupe, c'est chaud et c'est l'hiver (chacun ses a priori et on a les idées arrêtées qu'on peut, ai-je envie de dire ! ). Pourtant, je sais maintenant d'expérience qu'en cuisine au moins, il faut toujours laisser une place au doute, outr'ouvrir légèrement la porte, histoire de laisser entrer les bonnes surprises. Le défi lancé par Laurence a ainsi subrepticement franchi le pas de ma porte.

Mais voilà que s'amoncelle, au fur et à mesure des jours, prenant la place du dessus de la pile, tout un tas de petites broutilles, dont certaines un rien imprévues, voire franchement prioritaires, telles que le changement de mon chauffe-eau (ahhh! le bonheur de chercher un plombier un 15 août, prêt à vous changer l'engin avant la fin du mois de septembre et de passer une semaine à savourer des douches glacées, "très bon pour la santé", selon un avis semble-t-il unanimement partagé . Certes! bon pour la peau, la circulation, les cheveux même, mais très , très mauvais pour le coeur, je vous le dis!).

Le gaspacho n'en est pas pour autant oublié, il réapparaît même ponctuellement, tel un rescapé, au milieu de la tempête, tentant désespérément d'attirer mon attention.

Oui, mais, comme d'habitude, le temps manque... J'ai même peur un instant de ne pas en trouver un seul pour mettre en oeuvre au moins une tentative de gaspacho (jétais sceptique sur ma capacité à réussir ce challenge, le temps passant ;-). Finalement, ce n'est qu'hier, à 48heures de mon départ en Bretagne (et oui, les amis, je vous quitte à nouveau, rejoindre mon paradis une quinzaine de jours, cette fois pour y travailler ma thèse au calme, loin de l'animation et de l'effervescence de la rentrée, avant de devoir retrouver mes chers étudiants), que j'ai enfin trouvé une minute pour réaliser ma recette de gaspacho.

Je vous l'ai dit, je n'avais qu'une faible idée de ce que pouvait être un vrai gaspacho. Le but était, selon les règles de Laurence, d'adapter la recette avec d'autres légumes que la tomate. Heureusement pour moi, comme j'ai quasiment attendu la dernière minute avant de réaliser ma recette, j'ai vu fleurir de nombreux gaspacho ces derniers jours. Du coup, j'ai bien observé les ingrédients utilisés par chacun des participants, afin de déterminer ce qui finalement faisait l'essence, la substantifique moelle de cette recette. En d'autres termes, qu'est ce qui faisait que l'on savait en la voyant qu'il s'agissait bien toujours d'un gaspacho, même sans tomates? (Si ce ne sont pas de vraies questions existentielles, ça, franchement? )

Initialement, je pensais qu'il fallait qu'il y ait du bouillon de volaille ou de légumes (perspective qui ne m'emballait d'ailleurs qu'à moitié). Et puis, j'ai vu des recettes remplaçant le bouillon par de la crème ou du yaourt, et là, j'ai eu mon idée. S'il était possible de mettre de la crème ou du lait, on pouvait y mettre du fromage. Cette perspective me parlait d'avantage.

Mais voilà, en prévision de mon prochain départ, je m'appliquais, depuis une semaine, à vider consciencieusement le contenu de mon frigo et de mes placards. S'il y a une chose que je déteste et qui crée chez moi des réactions dignes d'une vraie mégère, c'est l'idée de jeter de la nourriture, et pourtant, je n'ai pas l'excuse d'avoir connu les périodes de restrictions... néanmoins, je ne peux m'y résoudre, c'est plus fort que moi. Une de mes missions sur terre : "cuisiner les produits avant qu'ils ne périment et ne risquent de filer dans la poubelle si on ne leur règle pas leur sort rapido " ;-) . Bien sûr, une telle règle impose certains sacrifices (je décide volontairement de ne pas vous narrer le résultat de certaines associations peu heureuses auxquelles cette règle m'a conduite....). Ainsi, Hors de question de racheter, juste avant de partir, des aliments qui allaient nécessairement se perdre!! (pour ma défense : est-ce de ma faute à moi, d'abord, si la grande majorité des choses que l'on achète, se vendent en grande quantité?)

Il fallait donc réaliser la recette avec les 3 ou 4 trucs qui trainaient encore dans mon frigo : un demi potiron, trois carottes, et 1/3 du paquet de feta... ;-) ! En somme, cette recette s'annonçait plus proche d'une soupe froide-vide frigo que d'un gaspacho de concours... ;-D

Bon, j'avoue que, malgré ma règle d'or de la vieille mégère, j'ai cédé à la tentation d'acheter un paquet de pancetta, parce que je la sentais trop bien, l'association pancetta gaspacho (et résultat? qui se retrouve avec 6 tranches de pancetta à s'enfiler d'ici 24 heures, qui, hein??). De fil en aiguille, en regardant mon pauvre frigo aux 3/4 vide, j'ai concocté ma recette. Au cours de sa réalisation, je vous avoue avoir eu la légère impression d'être légèrement sortie de la règle du jeu, à force de coudre cette recette sur la toile de mon esprit farfelu, de mes restes frigidériens et de mes goûts parfois un rien bizarres ;-) !

En fin de compte et sauf si (ce que j'espère) le gaspacho n'est une façon élégante de dire "soupe froide" (ce dont je doute, malgré tout...), je crois que j'ai tout fait , sauf un gaspacho!! ;-).

Mais, l'important est de participer, et mieux encore, de s'amuser , n'est-ce pas ?

Et bien, je me suis drôlement amusée! Vous m'auriez vu, courant à droite à gauche en quête d'un robot mixeur qui fonctionne, puis en train de faire éclabousser ma purée de carotte/potiron partout sur les murs (définitivement, je ne maîtrise pas le mixeur à tête plongeuse, je préfère les robots où l'on verse la préparation avant de refermer un capuchon et où tout se passe sans vous ;-), avant de mettre mes verres au frais en priant pour que le rayon de soleil qui éclaire deux heures par jour mon séjour soit encore là au moment de prendre les photos, et d'hurler en constatant que pendant ce temps, mes pancettas étaient en train de griller lamentablement dans le four ! Une fois tout ceci accompli, j'ai été prise d'un rapide fou-rire en regardant le champ de bataille laissé dans ma kitchenette de 3 mètres carrés (en temps normal, je me débrouille pour réaliser ce genre d'exploits ailleurs que dans mon appart où je n'ai pas un plan de travail, pas de matériel, bref où je tambouille plus que je ne cuisine ;-), les cheveux en bataille, la jupe constellée de petits points oranges très tendance, et une bonne odeur de pancetta grillée sur les vêtements! En plus, je ne donnais pas cher du goût de ces petites choses....

Mais, le plus surprenant, dans toute cette aventure culinaire, c'est que cette soupe froide potiron/carotte/feta est non seulement une vraie découverte, mais encore et contre toute attente, une réussite! Ultra douce, tout en étant parfumée et épicée, généreuse et onctueuse tout en étant légère.

Alors un grand merci à Laurence : sans toi, jamais je n'aurais osé l'aventure gaspacho (et oui! avec moi, la cuisine, c'est toujours un peu une aventure ! ;-) et j'aurais définitivement loupé quelque chose !!

Maintenant, pour ceux qui, comme la turtle, aiment les plats oranges, les saveurs et l'originalité, à vos tablettes, en route pour la recette du Gaspacho épicé Carotte-Potiron-feta et ses chips de pancetta à la figue, amandes et noisettes grillées !

Ingrédients: pour deux ou trois verrines

  • 275 g de potiron coupé en cubes
  • 150 g de carottes, épluchées et râpées
  • 150 g de faisselle (la mienne était à 0%mg)
  • 65 g de feta
  • Quelques tiges de ciboulette fraîche
  • 1/2 cube de bouillon aux épices
  • 1 verre de lait (ou plus, si l'on veut un gaspacho plus liquide)
  • 1,5 verre d'eau
  • quatre tranches de pancetta
  • 2 figues séchées
  • huile de noix
  • un soupçon de jus de citron
  • quelques amandes et noisettes grossièrement concassées
  • poivre noir fraichement concassé
  • muscade (facultatif)

Marche à suivre : à préparer deux heures au moins avant le repas ou, mieux, la veille pour le lendemain

  • Dans une cocotte en fonte (ou, à défaut, une poêle antiadhésive de type sauteuse), faire fondre un peu de beurre ou verser un filet d'huile de noix, sur feu moyen
  • Quand la cocotte est chaude, y verser les cubes de potiron , les faire revenir en remuant régulièrement, pour que les légumes colorent, de 5 à 7 minutes
  • Ajouter les carottes râpées, mouiller d'un verre à un verre et demi d'eau et émietter le demi cube de bouillon aux épices, remuer
  • Laisser cuire à feu doux à moyen, en remuant de temps en temps
  • Pendant ce temps, préparer les chips de pancetta. Pour cela, mettre quatre tranches de pancetta sur la grille du four, sur un papier cuisson (aluminium ou sulfurisé), découper les figues séchées en fines lamelles et mettre quelques tranches de figues sur chaque morceau de pancetta, ajouter quelques morceaux de noisettes concassées, puis, à l'aide d'un pinceau, un soupçon d'huile de noix, enfin, quelques grains de poivre noir concassés. Passer au four, Th 6, pour que la pancetta grille (l'opération dure 5 minutes environ, une fois votre four chaud. Ne pas oublier de surveiller, car cela a tendance à vite brunir! J'ai pour ma part, laissé une minute de trop au four ;-))
  • Vérifier la cuisson du mélange carottes/potiron, le potiron doit être suffisamment cuit, c'est à dire s'écraser aisément à l'aide d'une fourchette (en tout, je crois l'avoir laissé cuire une bonne vingtaine de minutes)
  • Ajouter alors 50 g de feta émiettée dans le mélange carotte/potiron, et écraser bien le tout de façon à avoir une purée épaisse (le reste de la feta servira pour le décor)
  • Ajouter éventuellement à ce stade un filet de jus de citron (facultatif, mais cela ajoute à mon sens une note de fraîcheur)
  • Hors du feu, ajouter la faisselle, la muscade si vous le souhaitez, bien mélanger. A l'aide d'un mixeur, mixer le mélange en ajoutant du lait, jusqu'à obtenir la consistance souhaitée (pour ma part, j'aime les soupes assez épaisses, et je n'ai mis que 3/4 d'un verre de lait, n'hésitez pas à en ajouter)
  • A ce stade, rectifier l'assaisonnement : j'ai mis un soupçon de sel aux épices (une merveille !), mais attention à ne pas trop saler car la feta est déjà très salée et la pancetta aussi!
  • Mettre l'équivalent d'une cuillère à café d'huile de noix pour le goût
  • Verser le mélange dans les verres, couper de la ciboulette fraîche au dessus de chacun des verres, et les mettre au frais
  • Au moment de servir, ajouter quelques amandes et noisettes grossièrement concassées et grillées à sec dans une poêle, des petits dés de feta et de figue grillée quelques instants à la poêle, donner un coup de moulin à poivre, et disposer une des chips de pancetta sur le verre, une autre à côté de la verrine.

Bilan des courses:

J'ai servi et dégusté ce gaspacho après qu'il ait patienté quelques heures dans le frigo, toute une nuit, pour être exacte.

La ciboulette avait eu le temps de développer ses arômes, tout comme l'huile de noix, le potiron, la muscade et les autres épices du bouillon.

Lorsqu'on goûte ce gaspacho, après avoir lentement plongé sa cuillère dedans, on est d'abord frappé par le croquant des noisettes et amandes, le goût typé et un rien salé des morceaux de feta. Puis, vient la note verdoyante de la ciboulette, laquelle s'allie à merveille avec la douceur légèrement sucrée et la fraicheur du potiron et de la carotte. Enfin, la note plus suave de la figue relève le tout, guidant inexorablement la cuillère vers le verre, et du verre, tout droit vers la bouche ;-).

Cette version était assez épaisse, comme je vous l'ai expliqué, j'aime les soupes denses. Néanmoins, ne comportant pas de crème, mais uniquement de la faisselle (qui plus est, à 0% de mg) et du lait écrémé, le tout était léger et se laissait déguster sans que l'on s'en aperçoive, vraiment.

Les chips de pancetta à la figue et noisettes sont -en toute modestie- délicieuses!! Typiquement le genre de gourmandises sucrées/salées que j'adore : croustillantes, riches sans être écoeurantes, elles balancent parfaitement la fraîcheur du gaspacho.

Le tout constitue une entrée tout à fait adaptée à un déjeuner du dimanche, partagé avec une bonne amie passée par là et suffisamment proche pour que j'accepte de lui faire goûter une de mes tentatives culinaires ;-)!

Je sais que certains sont définitivement hermétiques au sucré/salé. Alors si tel est le cas, rien ne vous empêche d'ôter les figues, ou de les remplacer par quelque chose de moins typé. Moi, après avoir passé la journée de samedi à lire de magnifiques recettes utilisant ces dernières fraîches, je n'ai pu résister à la tentation d'en ajouter quelques unes à mon gaspacho. Malheureusement, elles n'étaient pas fraîches car je n'en ai pas trouvé ce jour-là, mais ce n'est que partie remise. Pour ceux qui sont fan de chèvre, ou à l'inverse, de fromages moins forts, on peut parfaitement remplacer la feta par du fromage frais de type billy ou par de la ricotta, en mettant alors un peu moins de lait.

Voilà, c'est sur cette recette toute fraîche que je vous abandonne à nouveau quinze jours, bien à contre coeur. Je ne serai pas là pour les votes, ni pour les résultats de ce concours, ni ceux de l'imagination culinaire au pouvoir, mais j'espère que certaines de mes copines bloggeuses sauront me faire parvenir les résultats! et je vous promets que dès que je suis de retour, j'irai reluquer les merveilles que vous aurez concocté, ça oui! Bon vent les amis, et n'oubliez pas, l'aventure du Gaspacho vous tend les bras !

Conté par Alhya at 9/03/2006 05:00:00 PM | 47 comments