A Turtle in a Kitchen

a déménagé

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Désolée pour le dérangement...

A Turtle in a Kitchen: août 2006

août 31, 2006

Gratin de cannelloni aux épinards, brousse, ricotta et sauce tomate parmesanée

Cet été, lorsque j'étais en Bretagne et que j'ouvrais un oeil le matin -le tout premier-, je tombais nez à nez avec la mer, de mon lit et sans même avoir besoin de relever la tête. Luxe ultime.
Mon père a pour cette raison poussé le vice ;-) jusqu'à refuser d'occulter cette vue hors du commun en munissant la grande fenêtre de rideaux, "inutile", a -til dit, sur le ton de l'homme qui pense "sacrilège". Cette riche idée a néanmoins pour conséquence de laisser entrer, outre la vue, le tout premier rayon du soleil et c'est ce coquin-là qui m'éveillait, jour après jour.
Honnêtement, j'ai adoré cela. Il faut dire que je suis devenue, avec le temps, une lève-tôt, après avoir longtemps été une adolescente-marmotte. J'aime avoir du temps, le matin... J'apprécie tout particulièrement l'impression de pouvoir en "voler " un peu. Pour cela, il suffit de se lever un peu plus tôt que ne l'exigent les nombreuses choses qui remplissent mes journées et avoir ainsi tout loisir de m'adonner à mon hobby préféré :observer la vie, avant d'y participer (je vous expliquerai, un jour ... ;-). Mais, je digresse et m'égare... Revenons-en à ces matins en Bretagne.
Réveillée par le premier rayon du soleil (à ceux et celles qui rient sous cape en se disant que je ne devais pas être réveillée bien souvent par le soleil, en Bretagne, je ne répondrai même pas! ;-), j'ouvrais un oeil et, dévorant la mer, je restais bien au chaud sous ma couette, laissant mon esprit vaquer à ses occupations, librement. Depuis quelques mois, quand je laisse cet esprit là en liberté, la bride lâchée, il saute, dans un premier temps, joyeux et fougeux, d'une pensée à l'autre, mais bien vite, il dérive inéluctablement et comme par magie au même point d'arrivée : la nourriture, la cuisine, et il imagine des recettes... C'est pourquoi, cet été, si vous aviez été une petite souris, vous auriez pu apercevoir une Turtle, camouflée sous sa grande couette jusqu'aux yeux, en train de rêver, dès les premières heures, le regard perdu dans la mer et l'esprit dans la cuisine, à des mousses de fruits, des rouleaux de printemps, des salades de crevettes et autres grillades de poisson..., autant de choses qui se transformaient bien vite dans la journée en réalisations concrètes (oui, oui, j'ai plein de jolies petites recettes d'été à vous livrer, c'est pour bientôt, et si ça vient un peu tard, elles vous serviront l'été prochain ;-)!).
Dimanche dernier, je me suis réveillée, mais en ouvrant les yeux, il n'y avait plus la mer... face à moi trônait, imperturbable, mon placard à vêtements... J'ai bien vite refermé les paupières pour tenter d'imaginer ma Bretagne, mais rien n'y a fait... Et pour preuve de mon échec à duper mon cher et retord cerveau, c'est un petit plat réconfortant qui a fait son trou dans mes pensées, ce matin là, venant se nicher, d'abord flou avant de devenir progressivement plus précis, au fur et à mesure que se dessinait le détail des ingrédients qui allaient le composer...
Car oui! Qu'on se le dise une fois pour toutes, il est des plats qui savent réconforter et réchauffer l'intérieur!! J'en connais beaucoup de ces plats-là, et je les fréquente allègrement, surtout les soirs d'automne ou d'hiver. Ce sont les tous premiers que j'ai réalisé, avant de me lancer dans des choses plus élaborées. Mieux qu'une thérapie de groupe ou qu'un bon vieux morceau de chocolat noir, mieux qu'un épisode de série américaine regardé, sous un plaid, en dévorant du pop corn... (parce que bien plus équilibré ;-D!)
(Vous avez vu? il est pas fashion mon gratin, il est dans un banal plat en pirex, mais qu'est ce qu'il aime ça!)
En général, ils se concoctent dans des grands plats rectangulaires, les plats à gratins, cuisent lentement au four, et peuvent même être réchauffés le lendemain s'il en reste, ils n'en sont que meilleurs. Ils sont bien connus des mamans de famille nombreuse, des grands-mères, car leur préparation allie simplicité, efficacité et saveur, qualités qui les rendent indispensables, à un moment ou l'autre.
Aujourd'hui, je vous présente donc une recette de cette nature, née un dimanche matin dans mon esprit de Turtle un peu déracinée, face à un grand placard de vêtements lui rappelant que les vacances sont bien finies. Mais je préfère vous prévenir, pas d'effets de manches dans cette recette là, c'est un plat tout simple du quotidien, un modeste, qui ne prétend pas briller, si ce n'est par la rapidité de son exécution, et son extrême onctuosité qui fait du bien à l'âme, les soirs où cette dernière a un rien besoin de réconfort.
Son nom? Le Gratin de Cannellonis aux Epinards, brousse et ricotta, sauce tomate parmesanée.
Ce gratin, Marion, je te le dédicace!


Ingrédients: Pour 6 à 8 personnes
    • 10 plaques de lasagnes fraîches
    • 2 grandes boîtes d'épinards en branches (soit 800 g) ou, mieux, (comme me l'ont fait remarqué Mercotte et Regardeuse, merci les filles de me rappeler à l'ordre de la qualité et du goût ;-)), frais, ou, autre choix ( intermédiaire) surgelés : en bref, gardez les boîtes en dernier recours, ce qui était mon cas, en l'occurence!
    • 400 g de brousse
    • 250 g de ricotta
    • 1/2 pot de crème fraîche épaisse à 15%MG
    • 2 boîtes de tomates en dés (soit environ 500g)
    • parmesan râpé
    • gruyère râpé
    • 1cc de sucre en poudre
    • 1 CS de vinaigre balsamique
    • huile d'olive
    • 1 grosse CS d'origan (ou autres herbes aromatiques: persil, thym, romarin,...)

    Marche à suivre

    • Faire préchauffer le four, th 7
    • Essorer au maximum les épinards en boîte, ou s'ils sont frais, les faire tomber dans une poêle avec un peu de beurre, jusqu'à ce qu'ils aient rendu le maximum de leur eau
    • Mettre dans une grande poêle, légèrement recouverte d'huile d'olive, le contenu des deux boîtes de tomates en dés, saler et poivrer, ajouter le sucre en poudre et l'origan et faire revenir à feu moyen, en remuant de temps en temps
    • Dans un saladier mettre la brousse, la ricotta et les épinards et bien mélanger à la fourchette jusqu'à ce que les fromages frais se soient intimement mêlés aux épinards, saler et poivrer selon le goût
    • Mettre l'équivalent de deux grosses Cuillères à Soupe bombées du mélange Brousse, épinards, ricotta sur une feuille de lasagne fraîche et la rouler comme un cigare, afin d'obtenir la forme des cannelloni
    • Placer les cannelloni, serrés les uns contre les autres, dans un plat rectangulaire en pirex
    • Une fois que les tomates en dès ont totalement rendu leur eau, et qu'il reste un mélange épais de tomates, ajouter la Cuillère à soupe de vinaigre balsamique, et remuer quelques instants à feu vif, mettre l'équivalent de deux cuillères à soupe de parmesan râpé, bien mélanger et sortir immédiatement du feu
    • Verser le coulis de tomates sur les canellonni
    • Répartir la crème fraîche sur le dessus du coulis aux tomates
    • Ajouter éventuellement un filet de lait sur le gratin, pour éviter qu'il sèche ou un peu d'huile d'olive
    • Saupoudrer d'une généreuse poignée d'un mélange de parmesan râpé et de gruyère
    • Glisser au four 30 à 40 minutes, th 6, jusqu'à ce que le dessus soit bien gratiné et que la maison embaume

    si vous réchauffez ensuite ce plat, il suffit d'y ajouter un peu de lait, et de gruyère, avant de le réenfourner une quinzaine de minutes

    Bilan des courses:

    Cette recette permet de faire un plat équilibré, alliant les sucres lents, les légumes, les produits laitiers et il peut même perdre sa touche végétarienne, si on le souhaite, à condition d'ajouter à la farce quelques morceaux de poulet, de saumon ou de viande hachée.

    Ce gratin de cannellonis a fait fureur, servi à mes parents qui revenaient de vacances, avant le Nuage de Tiramisu aux biscuits roses de Reims, muscat de rivesaltes et Nectarines drômoise, il avait tout pour réconforter ces derniers après de longues heures passées en voiture. Mes frères et mes parents l'ont adoré, comme quoi, rien de tel qu'un petit plat simple et généreux pour nourrir ceux qu'on aime!

    J'y ai trouvé, pour ma part, toutes les saveurs dont j'avais rêvé le matin au réveil, la douceur de la ricotta et de la brousse, la petite note sucrée et typée de la sauce tomate à l'origan, vinaigre balsamique et parmesan, la note de verdure et de légèreté des épinards, l'onctuosité des pâtes...

    En bref, c'est un bouquet de saveurs, de réconfort, en un mot... le bonheur! ;-)

    Mes photos ne rendent pas très bien, mais au dessus, c'est un cannelloni, si si, je vous assure! ;-)

  • Conté par Alhya at 8/31/2006 03:14:00 PM | 57 comments

    août 28, 2006

    L'imagination culinaire au pouvoir France/Italie: Nuage de Tiramisu aux biscuits roses de Reims, nectarines drômoises et muscat de Rivesaltes




    Nous avions 13 à 18 ans, nous étions tous cousins et nous étions "les enfants du soleil"... C'était les grandes vacances, au mois de juillet, je rejoignais alors ma famille maternelle dans le sud de la France, au pied des Pyrénées, et les étés étaient magiques. Le soir, à la nuit tombée, dans le grenier où nous dormions, nous nous rhabillions sans un bruit, dès les derniers feux éteints, nous descendions doucement le grand escalier de la maison familiale, veillant à ne pas réveiller nos parents, oncles et tantes, certains d'entre nous passaient au sous-sol, prendre des bouteilles du muscat produit par les vignes familiales, les garçons se munissaient de leur guitares et nous filions à pas de loup dans le parc, lequel débouchait sur un champ de vignes, à perte de vue. Nous poursuivions notre route, toujours sans un bruit, jusqu'à être suffisamment loin de notre point de départ pour ne plus l'apercevoir, puis nous mettions en oeuvre toujours le même rituel: ramasser quelques vieux sarments traînant alentour, quelques pignes de pin, les amonceler consciencieusement, avant d'y glisser une allumette ... quand la flambée commençait à se faire belle, mes cousins, vrais demi-dieux à mes yeux d'adolescente d'à peine 13 ans , sortaient leurs guitares de leur étui et commençaient alors à jouer pendant que nous entonnions doucement les classiques des Rolling Stones, des Beatles... lorsqu'ils enchaînaient sur leurs propres compositions, nous devisions, là, perdus au milieu des vignes, faisant passer la bouteille de muscat, notre élixir à nous. Et moi, la plus jeune, je savourais, tous les sens en éveil, chaque instant, découvrant le goût si particulier de la liberté... Je me souviens encore de la vision réconfortante du feu, de l'odeur des pignes de pin qui brûlent lentement et de la chaleur du muscat s'écoulant doucement dans ma gorge, de la légère sensation d'ivresse qui s'emparait très vite de moi, après une gorgée ou deux... Le muscat restera toujours associé à ces moments vécus avec toute l'intensité des premières fois, des premiers instants où l'on sent confusément que l'on sort de la petite enfance...

    Laissez moi vous expliquer... Inspirée par la coupe du monde de foot, Leeloo proposait en juillet le thème France/Italie. Je m'empressais, enthousiaste, de lui dire que je participerai volontiers... La date limite était fixée au 1er septembre, date qui me paraissait très, très lointaine à cette époque... Puis vint l'heure tant attendue des vacances, le temps du "j'oublie tout" et en Bretagne, déconnectée de mon quotidien lyonnais par le soleil, la mer, les amis, je cuisinais , sans plus penser à ce fameux jeu. Et voilà qu'à mon retour je vois les participations de mes amies bloggueuses... et Oups! Je me rappelle alors tout à coup que je n'ai pas pensé une seule seconde à ce que j'allais bien pouvoir faire. Et là, le blocage! Plus aucune idée... la page blanche de la cuisinière s'empare de moi ! Je m'angoisse tout à coup : tic, tac, tic, tac, plus que quelques jours... je réfléchis mais rien ne me paraît digne d'être réalisé pour ce jeu... Je trépigne, je tente une fuite, me disant que je ne vais pas le faire... mais la culpabilité me ronge, Zut, Bon sang, Fichue Turtle, tu cuisines sans arrêt des plats aux consonances italiennes!! Oui mais voilà, l'Italie d'accord, mais la France? Qu'est ce qui est typiquement français? Bon, récapitulons posément... il y a bien les escargots et les grenouilles, mais ça, hors de question, infichue de cuisiner ces bêtes là, il y a la blanquette de veau, le boeuf bourguignon, la poule au pot, la rosette de Lyon, l'andouillette... ouais, on dirait que c'est pas gagné... Quant aux plats italiens, le risotto, les pâtes sous toutes leurs formes, les légumes tels que l'aubergine, la tomate, oui, oui, mais où ajouter la touche vraiment typiquement française? Je me dis que je vais faire des galettes bretonnes garnies d'une belle mozzarelle et d'aubergines marinées, pourquoi pas aussi des tomates confites... ouais ouais, mais ça ne m'emballe toujours pas... il n'y a pas le fameux déclic...
    Et puis, par une belle après midi, je rencontre cette chère Thalie, autour d'un marché fermier et lui confie l'objet de mes interrogations... Qui sait? peut être me soufflera-t-elle une brillante idée, et voilà qu'au moment où l'on se quitte, à contre coeur, après de longues heures à bavasser, devant sa voiture, l'idée surgit : elle me suggère un dessert... Le Tiramisu fait alors son entrée remarquée! Parfait! En plus, c'est un gâteau que je n'ai jamais fait. Premier pas vers la recette, reste à trouver la touche française, et là, mon cerveau s'emballe, de belles nectarines blanches de la Drôme, pour s'associer au mascarpone et, à la place de l'amaretto, le premier alcool qui me vient à l'esprit? Et bien oui, évidemment, ce fameux muscat, celui de mes 13 ans, le muscat familial : OUI! C'est cela, je commence à imaginer la recette, pocher les fruits dans un sirop, ajouter un peu de ricotta pour alléger un peu le tout, tremper les biscuits dans le muscat et là, Euréka! Je me souviens que je n'ai toujours pas utilisé les biscuits roses de Reims envoyés par Claire Emma au mois de juin, voilà qui finira à merveille cette belle recette, en donnant une dernière touche typiquement française au tout ! Guillerette et le coeur à nouveau léger, je quitte Thalie et dès mon retour chez moi, je consulte les différents blogs en quête de la recette... Il existe de très nombreuses versions du Tiramisu, certaines avec oeufs, d'autres avec de la crème fraîche seulement, ou encore avec les deux, certaines avec les jaunes seulement, d'autres avec les blancs battus en neige. N'ayant jamais réalisé aucune d'elles, je ne savais trop à quel saint me vouer. Et puis, finalement, j'ai opté pour une version avec oeufs, et des blancs battus pour plus de légèreté. Je vous livre ici ma version du Nuage de Tiramisu aux biscuits Roses de Reims, nectarines drômoises et muscat de Rivesaltes, largement inspirée de cette recette trouvée sur Marmiton
    Ingrédients: Pour 6 à 8 personnes
    • 4 belles nectarines blanches
    • 28 biscuits de Reims
    • 250 g de mascarpone
    • 250 g de ricotta
    • 120 g de sucre (moitié sucre glace, moitié sucre normal)
    • 15 cl de Muscat de Rivesaltes
    • 5 cl de sucre de canne
    • 5 à 10 cl d'eau
    • 6 oeufs bien frais et à température ambiante

    Marche à suivre:

    • Découper les nectarines en tranches, les peler
    • Mettre à chauffer du sucre de canne avec un peu d'eau afin de réaliser un sirop
    • Pocher les nectarines 5 minutes dans le sirop
    • Retirer les nectarines du sirop et les laisser égoutter, garder le sirop pour la suite
    • Séparer les blancs des jaunes et monter les blancs en neige très ferme
    • Battre les jaunes et le sucre jusqu'à ce qu'ils blanchissent
    • Ajouter au mélange jaunes/sucre la ricotta et le mascarpone
    • Bien mélanger jusqu'à obtention d'un mélange homogène
    • Incorporer délicatement à ce mélange les blancs, à la cuillère en bois, de façon à ne pas les casser, réserver
    • Mélanger dans un petit saladier le Muscat, le sirop de cuisson des nectarines et ajouter un peu d'eau
    • Plonger les biscuits de Reims dans le mélange au muscat et les laisser s'imbiber suffisamment, mais pas trop (c'est à dire qu'il faut les sortir avant qu'ils deviennent de la bouillie ;-))
    • Disposer une couche de biscuits de Reims au fond du moule (j'ai pris un plat en pirex rectangulaire), verser la moitié de la préparation au mascarpone et à la ricotta dessus, disposer les morceaux de nectarine qui doivent avoir refroidi (en réserver quelques uns pour le décor), puis à nouveau une couche de biscuits de Reims imbibés, et enfin, l'autre moitié de la préparation au mascarpone et à la ricotta
    • Pour le décor, broyer 4 biscuits de Reims (on les met dans une sac plastique, et on roule dessus avec un rouleau à pâtisserie)
    • Saupoudrer la poudre de biscuits sur le dessus, et ajouter les morceaux réservés des nectarines
    • Mettre au frigo au moins 8 heures, si possible toute une nuit

    Voici certaines étapes du montage en images :


    Bilan des courses:
    J'ai préparé ce Tiramisu samedi après midi, dans la perspective du retour de Bretagne de mes parents. J'ai pris un plat un peu petit, ce qui fait que j'ai pu aussi réaliser une jolie verrine, en plus du plat en pirex... C'est réellement très simple à réaliser, la seule chose étant de bien monter les blancs, mais avec un batteur électrique, c'est un jeu d'enfant!
    Ce Tiramisu est très frais, les nectarines pochées y sont pour beaucoup, mais également la structure très aérienne de la mousse au mascarpone et à la ricotta... Je ne sais pas si c'est dû au nombre d'oeufs ou si les tiramisu que j'avais goûté jusqu'ici étaient faits sans battre les blancs en neige, mais la crème est bien moins écoeurante que dans mon souvenir.
    C'est léger, assez alcoolisé, car j'ai mis pas mal de muscat dans ma version (on ne se refait pas ;-) ! L'association des saveurs de la nectarine et du muscat fonctionne très bien et le mélange des textures entre le moelleux des biscuits bien imbibés, le nuageux de la mousse et le léger croquant des fruits s'équilibre à merveille. En bref, c'est une réussite!
    Ma maman en a repris trois fois, mais selon ses propres mots "c'est trop dur de s'arrêter quand on y a goûté!"
    Alors, que dire de plus si ce n'est que je remercie Leeloo de m'avoir poussé par son jeu à tenter cette expérience Franco Italienne! Je retenterai volontiers avec d'autres fruits (pourquoi pas des framboises et de la crème de mûre pour imbiber les biscuits?)
    Je vous mets une petite vue en tranche, un peu sombre car il était déjà tard...
    Vous vous laisserez bien tenter, n'est-ce pas?

    Conté par Alhya at 8/28/2006 08:23:00 AM | 72 comments

    août 24, 2006

    La cuisine? Aussi une histoire d'odeurs... !

    Dans la blogosphère culinaire, de nombreux bloggeuses et bloggeurs s'adonnent ponctuellement à un petit plaisir simple, somme toute, répondre à des questionnaires permettant, au détour de quelques questions, de se confier sur leurs préférences et, par conséquent, à leurs lecteurs d'apprendre à mieux les connaître.
    Ayant reçu un certain nombre de propositions visant à ce que la Turtle se frotte à certains d'entre eux et afin de ne pas décevoir ces appels unanimes et enthousiastes ;-) visant à ce que la Turtle se raconte (on dirait qu'elle devient un rien mégalo la Turtle ;-)? Meuhh non!! elle plaisante et comptez sur moi pour la ramener sur terre si jamais elle dérape! ;-) ), ce soir, je prends mon courage à deux mains (pas si facile cet exercice, je vous assure!) et en prends un, qui n'est pas le premier reçu (pour laisser une dernière chance à Thalie -oui, oui, c'est bien de toi dont je parle, ne fais pas ton innocente ;-)!- de publier avant moi ses propres réponses au questionnaire sur la gourmandise auquel elle m'a gentiment conviée -après Eric, toutefois, ma chère amie!)-sans même avoir pris le temps d'y répondre, la coquine!!), mais celui auquel m'a invitée la très frappée et sympathique Melle Gudule Anne, relatif aux odeurs (je te reconnais bien là, miss Gudule ;-) !
    A titre liminaire, je tiens à préciser que j'ai a priori l'odorat fin ou sensible. Une qualité est-on tenté de dire? En réalité, un véritable supplice dans la grande majorité des cas! En effet, avoir un odorat fin est synonyme de "débusquage" de mauvaises odeurs à des kilomètres à la ronde!! Cette caractéristique, je l'ai reçue tout droit de ma très chère maman, véritable radar à mauvaises odeurs et Ayatollah de la propreté ! Ainsi, petits, gare à nous si nous avions le malheur de nous approcher d'elle en mâchant innocemment un malheureux malabar à la fraise!! Elle poussait alors un "ahh, mais tu sens la poubelle, va me jeter ça tout de suite!" auquel nul argument ne pouvait être opposé!! Dure, dure la vie près d'une maman à l'odorat si fin, on pouvait difficilement lui cacher quoi que ce soit, elle flairait tout!! ;-)
    Mais commençons sans plus tarder!
    Quel est votre parfum ou eau de toilette ?
    Actuellement, c'est Aqua Di Gio pour femme. Je précise "pour femme", car j'ai longtemps porté des parfums dans leur version masculine, tellement ma peau les sucre... Autant dire qu'il est absolument exclu pour moi de porter des parfums vanillés, capiteux ou très sucrés, ça tourne tout de suite et j'ai l'impression de garder l'odeur dans le nez toute la journée! L'enfer!!
    Je me souviens d'avoir plusieurs fois quitté des cours en Amphi lorsque j'étais derrière des filles qui portaient Trésor ou Jungle de Kenzo et qui s'étaient trop aspergées au réveil, contrainte de fuir, face à une migraine qui pointait lentement mais sûrement le bout de son nez !
    Je suis très fidèle aux parfums et j'associe les gens à leur parfum, c'est partie de leur personnalité. Adolescente et fleur bleue (un pléonasme non?), quand je quittais un amour d'été (une histoire sans lendemain, mais à laquelle on repense.. bon, j'arrête, pathétique! ;-D), je prenais soin de flairer avec soin son cou, avant de me ruer, à peine rentrée, dans une parfumerie en quête de la fameuse odeur, et aspergeais une languette du parfum de l'élu, languette que je sniffais avant de m'endormir en révant...
    Quelle odeur de cuisine préfériez-vous quand vous étiez enfant ?
    J'ai envie de dire l'odeur du "chocolat-pain-beurre"! Cette odeur, c'était celle des repas du dimanche soir, lorsqu'on rentrait tard à la maison, après une journée bien remplie et que, face à une grosse flemme ou à un frigo vide, mes parents nous autorisaient à prendre une sorte de petit déjeuner à la place du dîner, d'où le nom : chocolat pour chocolat chaud, pain et beurre, pour les tartines... C'était trop la fête pour nous!! Je ne sais pas si techniquement cela entre vraiment dans une odeur de cuisine, mais il faut dire que chez moi, la préparation des repas, c'était plus de la débrouille du quotidien, que de la grande cuisine et croyez moi, ça ne nous dérangeait pas du tout! on était archi fan du "saucisses purée et du poisson pané-riz"!! ;-)
    En y pensant bien, et pour être tout fait honnête, il y avait de temps à autre l'odeur de la quiche maison de maman ou celle d'un bon gâteau cuisant au four...
    Quelle odeur évoque pour vous l'été ? Et l'hiver ? Et l'automne ? Et le printemps ?
    Alors, comme pour beaucoup, l'été c'est pour moi l'odeur de la crème solaire, sur la plage, mais aussi l'odeur des pignes de pin chauffées au soleil quand je marchais petite, sur les chemins secs du sud de la France, chez ma grand mère maternelle, accompagnée du chant des criquets qui commençaient à se faire entendre en fin de journée. Y est également associée l'odeur du chlore dans la piscine, l'odeur un peu forte du melon, celle de l'herbe se gorgeant d'eau, arrosée par ma grand mère, attentive à l'appel assoiffé de ses plantes et fleurs adorées...
    L'hiver, c'est l'odeur de la neige, le matin à la montagne, si particulière, mais aussi l'odeur du pot au feu de mon père qui mijote lentement, l'odeur du sapin de Noël...
    L'automne, c'est l'odeur humide et végétale des sous bois où on allait se promener pour chercher des marrons dans la Drôme le dimanche, l'odeur des premiers feux de cheminée,(un rituel la première flambée chez nous), l'odeur de la pluie qui fait sa place après la chaleur de l'été
    Le printemps, c'est l'odeur du bonheur! quoi? le bonheur n'aurait pas d'odeur? Si si! je vous assure, respirez bien, vous comprendrez...!
    Votre blog favori : quel(le) est selon vous son goût et/ou son odeur ?
    Là, c'est dur car je n'ai pas un blog favori, tous m'apportent quelque chose de différent et je ne peux choisir.
    En revanche, parmi ceux qui, pour moi, ont le plus de goûts et d'odeurs, palpables au premier coup d'oeil (fortiche comme concept, quand on y réfléchit!!), il y a celui de Claire Emma, Sens du goût, celui des Bonheurs de Sophie, celui de Lilo, Cuisine Campagne, ou encore celui de Véro Cuisine métisse où tous les parfums du monde se mêlent. Mais il y en a tellement d'autres... Disons que ceux là sont ceux qui renvoient le plus à l'idée que je me fais d'une maison où ça fleure bon la cuisine du partage et l'accueil chaleureux...
    Quelle est votre épice parfumée favorite ?
    c'est très dur... Chacune a son rôle et beaucoup trouvent place dans ma cuisine, suivant l'humeur du moment... Depuis peu je redécouvre la muscade par exemple, avant j'ai eu une période très curry...
    Quelle est votre aromate parfumée favorite ?
    Peut être celles du sud, le romarin, le thym et la lavande, mais j'ai aussi découvert il y a peu la coriandre.
    Bientôt plus de pétrole pour nos voitures ... rouler au colza et sentir la frite ? Vous, vous préféreriez rouler à quel carburant et laisser quelles effluves parfumées ?
    Disons que même si je l'apprécie, toute odeur utilisée en grande quantité m'écoeure, alors j'aurai tendance à dire, pas d'odeur pour le carburant, et évidemment, un carburant qui ne pollue pas... après, je laisse le champ libre aux scientifiques! ;-)
    Quelle est pour vous l'odeur de rêve d'une maison ?
    Comme Melle Gudule Anne, d'abord le linge propre, quand on ouvre la porte principale, mais surtout quand on entre dans les chambres où les lits sont couverts d'un gros édredon en plumes... En s'approchant de la cuisine, l'odeur de l'huile d'olive, des épices ou aromates qui chauffent, saupoudrés sur des petites rates qui cuisent lentement au four, dans l'attente du dîner. Enfin, en allant s'asseoir dans le salon, celle de la cire passée sur les meubles en bois et des livres un peu poussiéreux, vieux d'avoir été trop souvent consultés et manipulés, de la grande bibliothèque... magique!
    Quelle odeur de bois aimez-vous ?
    J'aime tous les bois, le pin, peut être davantage que les autres, il me rappelle le sud... J'aime son odeur de résine forte qui saute au nez quand on s'approche de lui, un peu recourbés, en quête des pignes de pin remplies de pignons, à l'automne
    Que ne pouvez-vous pas sentir ?
    L'odeur de la saleté chez les gens! D'ailleurs je souffre particulièrement l'été car c'est le moment où les odeurs me sautent littéralement à la gorge, m'assaillant dans le bus bondé, au détour d'un étal de supermarché, ou pire, au cinéma quand, installée, je réalise que ma voisine ou mon voisin de gauche n'est pas muni de l'option "lavage quotidien". Je ne parle pas ici, vous l'aurez compris, d'une simple odeur de transpiration, je vise ceux et celles qui omettent de se laver régulièrement, le pire étant alors s'ils se sont consciencieusement aspergés d'une eau de toilette par dessus... beuuurk.. rien que d'y penser... Tiennent le haut du panier également les odeurs de poisson, et pire encore, car très tenace et fréquente, l'odeur de friture... autant d'odeurs qui me font fuir!!!
    Et bien voilou! Merci encore, Sacrée Melle Gudule Anne, de m'avoir envoyé ce bon vieux questionnaire qui m'a permis de faire un détour olfactif intéressant ;-) !
    Bon, comme je ne sais plus qui a déjà répondu ou non à ce questionnaire, je tente de donner la main à Eric (je promets, je vais bientôt publier celui sur la gourmandise que tu m'a transmis), à Claire-Emma (je ne crois pas que tu y aies déjà répondu, alors si ça t'amuse), à Stéphanyy (pour compléter celui que tu m'as envoyé ;-)) et à la Be Good (qui doit être approximativement rentrée de ses vacances bretonnes!), ainsi qu'à tous ceux qui souhaitent répondre!!
    Votre Turtle, bien Olfactivement !!

    Conté par Alhya at 8/24/2006 08:00:00 AM | 30 comments

    août 20, 2006

    Apprentissage de la pêche à la crevette rose de Bretagne et Cuisson après pêche nocturne


    J'ai douze ans. Je suis seule, au milieu d'une mare d'eau, entourée de rochers couverts de goémons verts et noirs, immergée jusqu'aux genoux, mais le haut de ma combinaison de plongée est encore humide d'avoir malencontreusement rencontré l'eau suite à un passage délicat sur un goémon glissant. Il est deux ou trois heures du matin, ma lampe frontale a rendu l'âme, je ne suis éclairée que par la faible lueur de la lune, et j'écoute, inquiète, le clapotis de l'eau qui, progressivement regagne le terrain qu'elle a momentanément cédé à la terre, le cri soudain d'une mouette me faisant sursauter de temps à autre. Mon bras droit me fait mal d'avoir porté un haveneau qui me semble faire deux mètres et j'essaie de maintenir vaillamment hors de l'eau un panier vert dans lequel se battent en duel trois ou quatre pauvres crevettes que j'ai tant bien que mal réussi à prendre dans les mailles de mes filets, puis à sortir de là pour les mettre dans ce panier aux proportions telles qu'elles rendent ma pêche franchement ridicule. Je grelotte à présent, mi-terrifiée, mi-gelée, et j'espère, ô oui, combien j'espère bien vite apercevoir la lueur d'une autre lampe torche qui signifiera la fin de ma solitude face à cette mer immense...
    Ceci n'est pas le récit de mon dernier cauchemar, mais les impressions que m'ont laissées ma toute première pêche à la crevette. Pas brillant, serez-vous tentés de me dire, et vous auriez raison. Pourtant, voici une tradition familiale (pas franchement permise, même si elle n'est pas non plus totalement illégale) auquel je ne déroge plus depuis ce tout premier baptême du feu. Pour mieux comprendre pourquoi la pêche de nuit sera toujours un passage obligé d'un séjour breton digne de ce nom, laissez moi vous en dire plus.

    Dans ma famille, nous pêchons la crevette. Jusque là, rien de bien surprenant. Ce qui l'ai plus, c'est la manière dont nous pêchons...
    Habituellement, les gens se munissent d'haveneaux, puis partent, à marée basse, en quête de la petite bête, laquelle est toute translucide (voir ici) non cuite, et tout particulièrement difficile à débusquer de plein jour. C'est pourquoi nous avons bien vite appris à pallier cet inconvénient majeur. En effet, lorsque l'on pêche de nuit, à l'aide d'une lampe électrique, les yeux de la crevette deviennent rouges. Ainsi, les soirs de pleine lune, quand la mer est basse, en secret, nous nous harnachons de nos combinaisons, de pulls bien chauds, de K-ways, de lampes frontales, de chaussures en plastique allant dans l'eau (que nous appelons d'ailleurs les pêches à la crevette) et montons dans le bateau familial qui nous conduit sur une île située à une trentaine de minutes de la côte. Là, nous descendons au milieu des goémons, sous l'oeil circonspect des mouettes qui nous accueillent, rieuses, de leurs petits cris, allumons la lampe frontale, et commençons à observer les algues, pataugeant dans les mares d'eau, au milieu des rochers, guettant, très vite gelés, les fameux yeux rouges. Plus les yeux sont écartés, plus c'est de bonne augure, c'est que l'on se retrouve nez à nez avec un grand père comme les appelle mon père, les seuls que nous pêchons. Il s'agit alors de faire preuve de délicatesse, de précision, pour arriver à passer l'haveneau sous la crevette sans qu'elle s'enfuit, car la crevette est vive et au moindre mouvement suspect de l'eau, elle se réfugie sous la roche, en un lieu sûr où elle ne peut plus être délogée. Une fois la bête prise, l'histoire n'est pas encore jouée. Il faut alors être capable de s'en emparer afin de la mettre dans le panier, étape on ne peut plus délicate car la crevette est capable de contorsion et se débrouille généralement pour planter son rostre dans la peau des doigts, lesquels un peu gourds d'être ainsi maltraités, à 3 heures du matin, exposés au vent, à une eau à 15 degrés, sont peu enclins à agir promptement et agilement. Au moment précis où la crevette vous blesse, si vous avez le malheur d'ouvrir la main, vous pouvez lui dire adieu, car elle saura instinctivement exploiter ce laps de temps pour replonger dans la mer et mettre ainsi un terme à sa capture...
    En fait, tout ce que je vous livre ici, ce ne sont que Mes impressions d'une pêche à la crevette. Car il faut bien dire que pour mon Breton de Père, rien de tel ne se produit.
    Pour lui, pêcher c'est manifestement aussi simple et évident que, pour moi, me balader dans une bibliothèque.
    Lui, il a probablement été crevette dans une autre vie, car s'il les pêche ainsi, c'est avant tout parce qu'il les connaît, les respecte, il fait partie de leur monde autant qu'elles font partie de son enfance. A peine débarqué, il entre en communion avec son île, dont il connaît les moindres recoins, tous les rochers, les passes, obstacles et surtout les "fameux coins". C'est à peine s'il ne flaire pas l'air pour sentir où se cachent les malheureuses. Car il est de l'évolution de la localisation des crevettes sur l'île où nous pêchons comme de beaucoup de choses dans la vie, c'est chose fluctuante et mystérieuse.
    Vous pensez vous souvenir que l'année dernière, voire la nuit dernière (si vous êtes parmi ces braves pêcheurs qui enchaînent plusieurs nuits de pêche), vous avez croisé dans telle mare une véritable colonie, une maison de retraite pour bouquets de crevettes et tentez en conséquence de repêcher au même endroit? Erreur d'amateur vous répondra mon père: deux chances sur trois pour que ce soit la mare opposée qui soit leur lieu de pèlerinage ce soir! Aucune règle en somme, si ce n'est celle qui consiste à savoir s'adapter et vite. Car il ne faut pas rigoler, nous n'avons que peu de temps : débarqués une heure avant les basses eaux, nous devrons reprendre la mer une heure, à une heure et demi grand maximum après le début de la remontée. Se met alors en place un jeu de piste : déceler l'humeur du jour des crevettes... Pour cela, quelques éléments invariables sont à prendre en compte tel que le vent, ennemi juré du pêcheur qui, en plus d'exciter davantage la crevette, ce qui la rend plus dure à attraper, accroît également la difficulté de leur repérage : le dessus de l'eau s'irisant, il devient très délicat de fixer son fond et d'y déceler les fameux yeux rouges. Ensuite, en fonction de ces données, il faut souvent crapahuter de rochers en rochers, lesquels sont couverts de goémons glissants, pour accéder à un coin plus prolifique... Imaginez ce qu'implique le fait d'escalader des rochers, la nuit, à la lueur d'une lampe frontale, harnaché d'une combinaison, de deux pulls, d'un K-Way, d'un panier et d'un haveneau on ne peut plus encombrant : tout simplement de l'agilité! Et cette dernière n'a pas daigné passer des gênes de mon père aux miens, allez savoir pourquoi. Lui, bondit d'un rocher à l'autre, le pied sûr quel que soit le contexte. Moi, je m'escrime à trouver tant bien que mal l'équilibre, pas après pas, en assurant consciencieusement chaque avancée!
    Mais qu'importe! Car avec les années j'apprécie de plus en plus ces moments magiques d'excitation où l'on aperçoit enfin le fameux rouge des yeux "crevétiens", que l'on prend alors le temps de respirer l'air iodé avant de délicatement passer l'haveneau sous l'élue et que, ô surprise, parfois, on découvre non pas une, mais trois, voire quatre crevettes frétillantes dans les mailles! Il arrive aussi que des poissons s'ingénuent à entrer dans la prise, ou encore des crabes et autres araignées de mer qui viennent confortablement s'installer dans les mailles de l'haveneau : là, j'ai beau faire, je ne peux étouffer un petit cri d'effroi et un léger frisson parcourt généralement mon échine : Pas très crâne la Turtle, à trois heures du mat, face à plus petite bête qu'elle!
    Et puis, bien vite, arrive l'heure du départ: on monte, littéralement frigorifié, dans le Canot, on se réconforte de quelques carambars au goût d'eau salée, tirés de la poche d'un imperméable qui a, en général, rencontré l'élément aqueux au cours de la pêche, et pendant que papa vise la côte d'un oeil sûr, s'allumant une cigarette bien méritée, tout en tenant la barre, nous comparons nos pêches respectives, claquant des dents mais si fiers de nous et gargarisés par l'impression d'avoir affronté les éléments de la nature, nous, les enfants du marin.
    Voici pour le contexte, passons maintenant à la méthode de cuisson des crevettes roses.
    Il faut préciser que la saveur des Crevettes roses est fonction de leur cuisson, laquelle suppose deux éléments primordiaux : avoir pensé à récolter, avant de partir, un broc d'eau salé, direct puisée dans la mer et procéder à la cuisson des crevettes, à peine rentré de la pêche.
    Ingrédients:
    • Quatre kilos de crevettes roses péchées avec amour
    • des grains entiers de poivre noir
    • de l'eau salée directement puisée dans la mer
    • un peu de gros sel de Guérande

    Marche à suivre:

    • Faire bouillir l'eau salée (pendant ce temps, prendre une douche bouillante bien méritée)
    • Une fois l'eau bouillante, y jeter les crevettes vivantes (décidément, le breton est sans coeur) avec une bonne poignée de sel de Guérande et un bonne poignée de poivre noir en grains
    • Laisser cuire jusqu'à la reprise de l'ébullition
    • Egoutter aussitôt les crevettes dans une passoire et les répartir sur un plateau, pour qu'elles refroidissent lentement pendant la nuit

    Bilan des courses:

    Un des moments que je préfère arrive à cet instant là : après une douche brûlante (sensation encore accentuée par le contraste entre l'eau chaude et l'eau à 15 degrés dans laquelle nos jambes et parfois plus, ont séjourné plusieurs heures durant), nous prenons une sorte de petit déjeuner à 4 ou 5 heures du matin: chocolat chaud, pour les uns, thé pour les autres, accompagné de grosses tartines de beurre (salé, évidemment), de crêpes, de croissants et pains au chocolat quand on a pu taper au carreau du boulanger, pour lui acheter à l'aube ses viennoiseries à peine sorties du four.... Ensuite, nous plongeons avec délectation sous les couvertures, vidés, mais sereins, pour prendre un repos mérité.

    Le lendemain, nous dégustons notre pêche, quasiment nature, avec du pain, du beurre et parfois un bon verre de vin blanc. Les crevettes ont un goût incomparable et le soupçon de poivre noir révèle tout leur arôme. On échaffaude alors des montagnes de carapaces dans nos assiettes, tout en racontant à maman les péripéties de la veille : qui est tombé à l'eau, qui a escaladé tel rocher dangereux, et, cette année, comment nous sommes tombés nez à nez avec une loutre. On se vante, on commente le poids de sa pêche.

    Cette année, j'ai pêché 450 grammes, bien loin du kilo que pêchent en moyenne mes frères ou des trois kilos qu'a parfois réussi à réunir en une nuit mon coquin de père. Mais encore une fois, qu'importe, car l'essentiel n'est pas là : le goût d'une crevette cuite à l'eau de mer quelques minutes à peine après avoir été pêchée est unique et le reste n'est que détails...

    Voici une photo des deux plateaux de crevettes que nous avons pêché à cinq, cette année, par une nuit de grand vent : il y en avait malgré tout plus de 4 kilos, de quoi réaliser quelques repas de qualité et même une salade de riz aux crevettes dont la simplicité n'a d'égal que le goût:

    Les proportions sont fort aléatoires, car faites au feeling: décortiquer de belles crevettes roses, jusqu'à en avoir marre ;-), ajouter 400 g de riz cuit et refroidi, recouvrir d'une sauce composée de 100 g de ricotta, de jus de citron, de force aneth, de baies roses concassées, et d'un peu de sel de Guérande, mêler le tout, laisser reposer au frigo jusqu'à l'heure du repas et déguster!

    ps: à l'attention de Tit': pour moi cette recette entre parfaitement dans les recettes magiques, qu'en penses-tu?

    Voici le fabuleux texte qu'à inspiré ce billet au très connu (si, si, sur la blogosphère culinaire culinaire, c'est une star!), très sympathique et talentueux Dorian, qu'il a eu la douce attention de m'envoyer l'autre matin, et qui m'a tant plu que je trouvais fort dommage de ne pas le partager avec vous. Ayant obtenu son accord, je vous le livre:

    Le chasseur de crevettes...

    "Qu'est-ce que je fous là… et tout ça parce que je sais qu'elle pêche la crevette
    la nuit à la lumière d'une frontale… je vais me noyer pour ça…
    Je suis un lézard et comme tout ces animaux j'ai un bar ou je prends toujours le
    soleil, des heures, de longues heures et ils sont arrivés dans mon dos et moi
    sans autre chose à faire que les écouter… Au détour d'une conversation c'est
    arrivée comme ça, c'est lui qui en a parlé le premier, lui c'est sans doute le
    père, il a parlé de crevettes et elle sans doute la fille s'est recroquevillée
    comme pour ne pas entendre ce qui allait inévitablement arriver. Et c'est
    arrivé, il a annoncé que c'était une de ces marées basses favorables à la pêche
    des crevettes… rien de plus. Et pourquoi je n'ai plus pensé qu'à une chose la
    retrouver lors de cet improbable bain de minuit… je ne sais pas. La discussion,
    elle, s'est poursuivie, revenant sur d'autres pêches, sur le plaisir des uns et
    le froid des autres, ceux qui ont connu le froid ne riaient pas de la même
    manière…
    J'ai joué à l'attrapeur en écoutant, je dessinais des lignes tortueuses sur un
    carnet et les mots à retenir sur ces lignes… en suivant les lignes j'avais de
    quoi les retrouver, j'espérais… un lieu, des heures, pas de certitudes, mais ça
    devait suffire… Et pourquoi faire tout ça ? parce que j'étais de dos et que je
    n'ai fait qu'entendre la voix sans rien en voir… et si je la croise dans l'eau
    jusqu'à la ceinture je vais lui dire quoi, c'était moi le dos du café, le dos
    écoutant et dessinant vous n'avez pu que me remarquer… je verrais…
    A peine sont-ils partis, je n'ai pas voulu me retourner, je suis parti en
    courant voir Gilbert, en courant je me suis étouffé et en arrivant je n'ai pu
    articuler que… aide Gilbert, aide…
    Reprise de souffle, j'explique. Gilbert est d'ici il connaît tout, il doit
    pouvoir m'aider… Faut voir qu'il dit, je connais les coins mais eux ?
    J'explique que je me fous des crevettes que je veux juste la retrouver, mais il
    s'obstine, j'accepte de lier ma recherche à celle des bons coins.
    Rendez-vous la nuit, il aura de quoi m'équiper, prend du chaud a-t-il juste dit…
    Quand je retrouve Gilbert il me dit mais tu crois que tu vas où ! et me jette de
    quoi habiller six personnes, j'enfile tout. Je ressemble maintenant à un
    croisement de dresseur pour chien et de phare avec ma lumière sur le front, en
    plus il dit qu'elle fonctionne mal et comme si elle avait entendu elle se met à
    clignoter… elle ne va jamais reconnaître mon dos…
    Le bateau tangue, Gilbert me parle de choses étranges de descendre dans l'eau,
    je ne vois pas d'eau, il n'y a qu'un gigantesque néant devant nous… puis il
    parle encore d'yeux rouges, de bons coins et encore d'yeux rouges… j'acquiesce
    à tout, nous ne suivons pas les mêmes yeux…
    C'est là… là il n'y a rien que le froid, premier contact, c'est froid, c'est
    tranchant ça glisse en direction des pointes prêtes à me déchirer… Gilbert
    parle, parle et marche en avançant, je le suis en tentant de reprendre sans
    cesse un souffle que je n'ai plus, Gilbert parle et avance et me dit là, là
    quoi? Tu te mets là et tu bouges pas… et tu prends ça, il me tend une chose
    déjà mouillée dans laquelle je m'emmêle, qu'est-ce que tu veux que je fasse de
    ça ?… pêcher qu'il dit, il n'a pas renoncé… il avance sans moi. Bouger alors
    que rien n'existe, je n'y pense même pas… d'autres lumières plus loin, la
    mienne, les voyant, décide qu'il est temps de s'éteindre définitivement.
    Je n'arrive pas à déterminer la distance… Gilbert… j'avance… non je glisse sur
    place, je sens mes mains se déchirer légèrement, rien… encore un pas, l'eau,
    froide, glaciale, froide et glaciale… tant pis j'avance, Gilbert semble si
    près… si seulement ce foutu connard arrêtait de s'intéresser à ces foutues
    crevettes peut-être aurait-il le temps de se rendre compte que mes jambes sont
    en train de s'arracher de moi tellement elles sont gelées ! Je n'ai plus qu'une
    envie l'attraper et le noyer… mon pied cherche devant mais ça s'enfonce,
    derrière ça s'enfonce, sur les côtés… mais comment je suis arrivé là ! J'essaye
    quand même juste un pas… dans l'eau, la chute, juste aux épaules… je me fige
    dans le froid si je bouge et… je ne bougerais plus, plus jamais jusqu'à
    Gilbert, je ne sais même plus crier… c'est froid la mer, je sens que je
    pourrais me noyer…
    et puis un bruit tranchant sur l'eau…
    Je ne sais même pas à quoi ressemble la main qui m'empoigne, je sais seulement
    qu'elle va m'empêcher de m'endormir là dans le froid et de glisser… l'odeur du
    bois du bateau, une caisse que je bascule et une voix qui me dit faites gaffe
    c'est la pêche d'une nuit et puis faut pas avancer comme ça dans l'eau, c'est
    des coups à prendre la mort… pas remis je le reconnais quand même, le père… qui
    me dit heureusement ce soir ma fille se sentait mal… une place pour vous
    ramener… une crevette crue sous ma main, je porte à ma bouche, la mâche, elle a
    un goût amer mais elle au moins je l'ai eue…"


    Dorian, merci encore....

    Conté par Alhya at 8/20/2006 11:28:00 AM | 50 comments

    août 17, 2006

    Retour d'un paradis breton et Homards à la Dom


    Il était une fois un homme et une femme tombés en amour avec un petit village des Côtes d'Armor, découvert au détour d'un long périple auquel les avait conduit la quête d'un endroit apte à accueillir leur nombreuse progéniture... Ils y trouvèrent une maison qu'ils appelèrent du doux nom d'Amzer Zo (On a le temps, en breton). Là, leur sept enfants passèrent de nombreuses vacances, avant de trouver chacun chaussure à leur pied et d'à leur tour, généreusement, partager leur amour sur autant de têtes blondes ou brunes, naissant de ces alliances... Toutes ces familles se retrouvèrent, au gré des vacances, dans la maison familiale qui, comme dans une fameuse histoire de Barbapapa dont ma petite nièce raffole, commençait à devenir légèrement étroite pour autant d'habitants. Pourtant, malgré l'affaissement progressif de la vieille bâtisse, les uns et les autres continuaient, non plus à s'y réunir tous ensemble mais à s'y succéder, attirés qu'ils étaient par la beauté du lieu et tant de souvenirs vécus là. Les années passant et, avec elles, arrivant la disparition de ce couple fondateur, se fut l'heure du dilemme : qui allait hériter de ce lieu certes magique, mais néanmoins très endommagé par l'humidité, les années et le faible entretien, dangereusement dévoré par le Mérule... Après de nombreux débats mon Père et l'un de ses frères décidèrent de partager ce lieu, ayant en projet d'en faire une maison vivable à deux familles... Au terme de nombreuses tentatives architecturales plus folles les unes que les autres, visant à exploiter la maison familiale, il fallut, pour les deux frères, se résoudre à l'évidence, la seule option consistait à la raser et à reconstruire, plus grand, tant qu'à faire, afin d'y accueillir leurs cinq enfants respectifs. Le projet mûrit, fut retardé, avant, cette année, de voir le jour. Et mon Pôpa, le rêveur, celui qui en apparence était le moins "bâtisseur" de sa famille, ayant passé le plus clair de son enfance, assis sur un rocher à observer des heures durant l'évolution des vagues, plutôt qu'à construire comme ses frères, qui une chaise, qui une périssoire, réussit l'incroyable, finir les travaux à temps pour nous permettre d'être tous réunis cette année, ses cinq enfants, sa femme, son gendre et sa petite fille. Tous ensemble réunis pour la première fois depuis 10 ans, dans ce nouveau lieu si plein de promesses et si longtemps rêvé....
    Ce ne fût pas sans un certain nombre de nuits blanches, de réveils à l'aube afin d'inspecter des semaines durant le chantier, de coups de fils désespérés, tout à coup terrifié qu'il était à l'idée de devoir nous loger tous à l'hôtel lorsque trois jours à peine avant notre arrivée aucun meuble n'était encore dans les lieux. Mais la preuve qu'un rêve conduit l'Homme à accomplir les prouesses les plus inattendues, il remua ciel et terre et parvint à tenir des délais auxquels lui seul croyait encore début juillet.
    Et dans ce lieu magique mon Pôpa a créé la cuisine la plus parfaite pour sa turtle de fille. Complètement équipée, un four à chaleur tournante de haute qualité, deux immenses frigos, de multiples plans de travail, des placards pleins de tous les ustensiles indispensables et de denrées, et surtout, surtout, avec vue sur la mer, où qu'elle regarde. Comment, dans de telles conditions, résister à la tentation des fourneaux? Je ne pus et tout au long des (trop courts) jours passés là-bas, j'ai concocté, matin et soir, pour mes proches, un maximum de petits plats, tous imprégnés par le rien de magie, dont, je l'espère, vous apercevrez au détour de ces quelques photos, un rayon. Voici, juste à droite, la vue de la fenêtre de la cuisine. Avouez que dans de telles conditions, on ne peut que cuisiner de merveilleux plats!
    Aujourd'hui, à peine rentrée de ce lieu magique, je me bornerai à vous présenter non pas une de mes recettes mais celle de mon Pôpa, celle des grands jours...
    La présentation de cette recette c'est pour moi l'occasion de lui dire combien je suis fière de ce père qui, contre vents et marées, malgré les tempêtes et les doutes, a persisté dans son projet pour nous permettre à nous, ses enfants, de partager, pour de nombreuses années encore, tant de traditions familiales, de ressentir, autour de plaisirs toujours renouvelés et réinventés, une bonne dose de bonheur, tous réunis dans un lieu qui restera à jamais la maison de Doumé (surnom que lui a donné ma petite nièce). Ce lieu, mon Pôpa, c'est le plus beau cadeau que tu pouvais nous offrir et les mots n'ont que peu de poids pour retranscrire l'immense émotion que j'ai ressentie en franchissant le pas de porte de cette maison dont je peux dire, enfin, qu'elle est la notre!
    Et parce que cette recette c'est toi, et le reflet de ta générosité sans bornes, voici Les homards made in Dom.
    Ingrédients:
    • Des petits homards bretons, si on est un généreux comme mon Pôpa, on en choisit un par personne (ils faisaient 500 g à 600 g)
    • Du beurre salé en quantité (fonction du nombre de homards, mais je soupçonne Pôpa d'en avoir utilisé une plaquette de 500 grammes... ;-)
    • De l'estragon
    • De l'Armagnac vieilli

    Marche à suivre:

    Tout d'abord, la découpe des fameux homards:

    Attention: Ames sensibles, s'abstenir, ça va être sanglant ;-)

    • Prendre une bonne planche en bois et un couteau digne de ce nom (pour info, ma planche en bois n'y a pas survécu, rapport aux coups de marteaux qu'elle reçut par la suite)
    • Découper les homards vivants en commençant par la tête de façon à abréger ses souffrances (le breton n'est pas sans coeur, même si les apparences jouent contre lui, de prime abord!)
    • Ensuite, retourner la bête et entailler jusqu'à la queue

    comme ceci :


    • Enlever les parties vertes (après un long coup de fil avec Pôpa, je n'ai guère obtenu plus de précisions, il semblerait que cela soit les intestins de la bête, je laisse donc les précisions aux spécialistes de la question)
    • Sur la planche en bois (préférez une planche auquel vous n'êtes pas attachés, ou choisissez une pierre suffisamment large pour servir d'assise, à l'extérieur), casser au marteau les pinces (Pôpa les dissocie du corps pour cette opération), afin de faciliter leur cuisson et leur dégustation (cette action a été fatale à ma planche qui s'est tout bonnement cassée en deux par le centre... Etre une planche comporte certains dangers, manifestement)
    • Pendant ce temps, mettre le four en chauffe, th 8
    • Dans une casserole au bain marie, faire fondre 300 g environ de beurre demi sel, avec deux bonnes cuillères à soupe d'estragon ciselé frais ou séché
    • Installer les moitiés de homards, chair face au ciel, sur une plaque du four que l'on a préalablement recouverte de papier aluminium
    • Installer les pinces sur le lèche frite
    • Arroser les moitiés de homards et les pinces de bonnes cuillérées à soupe de beurre à l'estragon
    • Mettre au four d'abord les pinces pour 4 à 5 minutes
    • Ensuite ajouter les moitiés de homards pour 10 à 12 minutes
    • Remettre du beurre à l'estragon, sur les homards au cours de la cuisson, pour qu'ils ne dessèchent pas
    • Faire chauffer dans une louche posée sur le feu, l'armagnac, jusqu'à ce qu'il s'enflamme et en recouvrir généreusement les moitiés de homard
    • Servir immédiatement et déguster, si possible les yeux perdus dans la mer

    Bilan des courses:

    Est-il nécessaire de dire à quel point des petits homards bretons ainsi préparés sont sans commune comparaison avec ceux que l'on peut obtenir à prix d'or à Lyon? Nous avons dégusté ces derniers pour fêter les 30 ans de mon Grand Yo, servis avec du riz et du beurre à l'estragon que l'on ajoute toujours sur la table (au cas où certains seraient en manque de matières grasses ;-)

    Le goût de l'armagnac flambé donne une touche très subtile au tout et s'harmonise à merveille avec le goût si fin du homard... à tester, définitivement!

    Conté par Alhya at 8/17/2006 01:16:00 AM | 62 comments